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Le Maroc revendique Ceuta et MelillaPar Peter Norden Le premier ministre marocain Abderraman Youssoufi a remis en question le statut des deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla qu'il revendique pour le Maroc. Il avait posé sa revendication suite aux élections régionales du 19 juin et qui avaient été marquées par de violents débats politiques. Le 13 août, Youssoufi, s'exprimant sur les ondes de la radio espagnole Cadena SER, expliquait qu'il effectuerait des négociations bilatérales dans une ambiance détendue et amicale dans le but de déterminer un statut plus flexible pour les deux villes. Il cita en exemple la &laqno; décolonisation » de Hongkong et de Macao. Parallèlement il précisa que la situation actuelle ne pouvait plus durer. Le premier ministre espagnol José Maria Aznar, arrivant à Rabat le 16 août pour une visite officielle, rétorqua que Ceuta et Melilla n'étaient pas des colonies, que présentement ces villes se portaient bien et que cet état se poursuivrait à l'avenir. Il précisa que les deux villes ne feraient nullement l'objet d'une discussion. La position d'Aznar, le dirigeant du Parti Populaire conservateur (PP) est soutenue par son adversaire Joaquin Almunia du Parti socialiste (PSOE). J. Almunia avait supporté la visite d'Aznar au Maroc et avait loué sa &laqno; sagacité politique ». En déclarant que la visite devait conduire à une amélioration de la coopération économique, il fit entendre que la décision du Maroc de restreindre les droits de pêche espagnols dans les eaux territoriales du Maroc devrait être revue. Il ajouta que les efforts du premier ministre social-démocrate marocain, tout comme ceux du chef d'Etat nouvellement couronné, Mohammed VI, en vue de démocratiser l'Afrique du nord devraient également être supportés. Quant au statut de Ceuta et de Melilla, Almunia fit savoir qu'il n'était pas négociable et que des débats à ce sujet devraient avoir lieu dans un esprit de dialogue et non de confrontation. Alors que des représentants du PP et du PSOE se livrent à des exercices de sémantique politique dans le but de défendre les intérêts espagnols en Afrique du nord, l'alliance de gauche Izquerda Unida (IU) s'était mélée au débat à grand renfort de patriotisme. Elle a déclaré qu'Aznar aurait dû annuler sa visite à Rabat pour cause &laqno; d'interférence massive » de la part de Youssoufi. Le porte-parole de cette coalition au sein du parlement, Felipe Alcaraz, qualifie la politique d'Aznar d'irréelle en ajoutant que &laqno; Les relations avec le Maroc doivent être clarifiées et le voyage a lieu à un moment tout à fait inopportun ». Alors que du côté espagnol les avis convergent à savoir que Ceuta et Melilla ne sont pas négociables, le sujet domine par contre la presse marocaine. Un article à la Une du Matin, proche du gouvernement, fait ressortir que le début d'un nouveau stade dans les relations bilatérales entre les deux pays se trouve au centre de cette affaire. L'article qualifie le statut des deux villes d'anachronisme colonial tout en précisant que l'on devrait s'attendre à ce que l'Espagne reconnaisse que les villes occupées de Ceuta et de Melilla, ainsi que les îles marocaines en Méditerranée, sont des colonies qui devraient être décolonisées. Tôt ou tard, poursuit l'article, elles devraient réintégrer la métropole marocaine. Le journal L'Opinion, proche du parti de Youssoufi, attire l'attention sur une question parlementaire devant être abordée lors de la législature espagnole par les Iniciativa per Catalunya-Els Verds (IC) (les Verts catalans) en septembre et qui serait en faveur d'un transfert de tous les droits sur Ceuta et Melilla au Maroc. Sur ce point les Verts catalans sont d'accord avec Jordi Pujol, le dirigeant du parti nationaliste catalan Convergencia i Unio (CIU) et qui soutient le gouvernement Aznar. Le CIU préconise un débat sur le statut des deux villes marocaines et Pujol lui-même a lancé un appel en faveur d'une &laqno; révision fondamentale » de la question. Le parti régional catalan Esquerra Republicana (Républicain de gauche) déclare que l'Etat espagnol doit démarrer le processus de décolonisation de Ceuta et de Melilla, afin de leur permettre, après une période de souveraineté mutuelle hispano-marocaine, de réintégrer l'Etat marocain.
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