Les manifestations anti-génocide s’étendent aux campus à travers le monde malgré la répression policière

Face aux attaques violentes et aux arrestations perpétrées par les brutes de la police, et au flot de mensonges des politiciens, des milliers d'étudiants, d'enseignants et leurs sympathisants continuent à protester contre le génocide à Gaza et à construire des campements sur leur campus aux États-Unis et en Europe.

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Les tentatives des politiciens capitalistes, des journalistes des médias bourgeois et même du PDG de l'Anti-Defamation League, Jonathan Greenblatt, de dépeindre les campements comme des cellules «antisémites» ou «terroristes» embryonnaires ont échoué. Des étudiants de toutes confessions, y compris de nombreux étudiants juifs et athées, ont pris part aux manifestations qui appellent leurs universités à se désinvestir des entreprises qui participent au génocide.

Suite à la création du «Gaza Solidarity Encampment» le 17 avril à l'Université Columbia à New York, plus de 40 autres campements pro-palestiniens ont vu le jour aux États-Unis. Des campements de solidarité ont également été créés en Italie, en France et en Allemagne.

Parallèlement aux campements, les manifestations mondiales contre le génocide à Gaza se sont poursuivies sur tous les grands continents. À Sanaa, au Yémen, plus d'un million de personnes se sont rassemblées vendredi, comme elles le font depuis plus de six mois, pour protester contre la campagne génocidaire soutenue par les États-Unis à Gaza.

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La campagne militaire menée par les Forces de défense israéliennes (FDI) contre la population civile de l'étroite enclave – avec l'utilisation de bombes et d'avions de combat fournis par les États-Unis – a officiellement tué plus de 34.000 Palestiniens, ce qui est sans aucun doute largement sous-estimé, et en a blessé plus de 80.000 autres. Plus d'un million de personnes ont été déplacées au cours des six derniers mois et la plupart des maisons, des écoles et des hôpitaux ont été endommagés ou détruits.

Alimentées par l'indignation suscitée par le soutien militaire indéfectible des États-Unis et de l'Europe au massacre, illustré par l'adoption bipartisane la plus récente d'un supplément de 95 milliards de dollars pour la guerre, les manifestations se sont poursuivies dans le monde entier. Malgré le caractère pacifique de ces manifestations, la police les réprime violemment, arrêtant des centaines d'étudiants et de professeurs pour s'opposer à la complicité de leurs universités et de leurs gouvernements dans le génocide.

Vendredi, à Berlin, devant le Reichstag (siège du parlement fédéral), la police allemande a étouffé, frappé et arrêté des manifestants anti-guerre non violents. Joe Kishore, candidat du Parti de l'égalité socialiste à la présidence des États-Unis, a dénoncé l'attaque, écrivant sur Twitter/X que «L'impérialisme allemand renoue avec ses traditions nazies.»

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Aux États-Unis, des arrestations massives ont eu lieu jeudi à l'université Ohio State, à Columbus (Ohio) et à l'université de l'Indiana, à Bloomington (Indiana). Avant les arrestations, les étudiants ont photographié et filmé des tireurs d'élite armés de la police sur les toits des bâtiments du campus, avec leurs armes braquées sur les étudiants.

Photos et images vidéo montrant des tireurs d'élite sur les toits des universités de l'Ohio (à gauche) et de l'Indiana (à droite), à Columbus (Ohio) et Bloomington (Indiana), le 25 avril 2024.

À l’université Ohio State, une quarantaine de personnes, dont certains professeurs, ont été arrêtées depuis mardi. Selon les informations locales, 36 personnes, dont 16 étudiants, ont été arrêtées jeudi soir à la suite d'un déchaînement de la police sur le site du campement. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de policiers en tenue anti-émeute et armés de matraques qui agressent les étudiants parce qu'ils se trouvent sur l'herbe.

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Saphia Abdelsalam, étudiante à Ohio State, a déclaré à NBC4 que la manifestation était pacifique lorsque la police a commencé à arrêter les étudiants. «Nous voulions simplement être pacifiques et défendre notre position, mais la police a fait en sorte que la manifestation ne soit pas pacifique. Ils ont commencé à attaquer et à arrêter», a-t-elle déclaré.

Au moins 33 étudiants ont été arrêtés lors d'un rassemblement organisé jeudi sur le terrain Dunn Meadow de l'université de l'Indiana à Bloomington. Les étudiants ont été arrêtés pour avoir enfreint une politique de l'université mise en place par un comité «ad hoc» le 24 avril, la veille du début de la manifestation, qui interdisait les «structures temporaires» sur le campus.

Révoltés par l'arrestation de leurs étudiants, des dizaines d'enseignants de l'IU ont rejoint les étudiants lors d'une manifestation vendredi à Dunn Meadow.

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Les arrestations massives et les actions violentes menées par la police sur tous les campus américains ne sont pas le fait de quelques services de police qui agissent seuls. La police, par le biais d'ordres transmis aux centres de coordination du ministère de la Sécurité intérieure, applique les directives du président Joe Biden.

Le 21 avril, dans une déclaration de la Maison-Blanche, Biden a répété le mensonge selon lequel un «antisémitisme flagrant» se manifestait sur les «campus» et que son administration allait «mettre en œuvre de manière agressive la toute première stratégie nationale de lutte contre l'antisémitisme, en mettant toute la force du gouvernement fédéral» au service de cet effort.

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Le lendemain, Joe Biden a répété le «gros mensonge» en déclarant qu'il condamnait les «manifestations antisémites» sur les campus et que «j'ai mis en place un programme pour y faire face».

Les résultats de ce programme de censure soutenu par l'État sont visibles sur différents campus. Vendredi, la police a arrêté des étudiants du campement de l'université de l'Illinois à Urbana-Champaign. La police a également arrêté des étudiants du campus Auraria à Denver, dans le Colorado, qui étaient simplement assis sur le sol à côté de leurs tentes.

Selon CBS Colorado, les manifestants ont été menottés et conduits dans un bus portant la mention «Denver Sheriff». En plus de la police, CBS a indiqué qu'il «semblait y avoir des membres de la Garde nationale du Colorado» parmi «les forces de l'ordre présentes sur le campus».

À l'université Wayne State de Detroit, la police a été observée en train d'agresser des étudiants qui exigeaient que le conseil des gouverneurs se désengage d'Israël.

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En plus de la répression étatique, l'administration Biden a envoyé ses principaux collaborateurs de campagne dans les campements au cours des 48 dernières heures pour tenter de neutraliser et d'étouffer politiquement les manifestations.

Vendredi, des membres des Socialistes démocrates d'Amérique (DSA) et les représentants de New York Alexandria Ocasio-Cortez et Jamaal Bowman se sont tous deux rendus à l'université Columbia pour rencontrer les organisateurs. Leur apparition au campement a suscité des reproches de la part de milliers d'utilisateurs des médias sociaux.

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Jeudi, le représentant du Texas Greg Casar, un autre membre des DSA, s'est rendu à l'Université du Texas à Austin pour déclarer docilement son soutien à un «cessez-le-feu». Le jour même où Casar était à Austin, USA Today a publié une interview de lui dans laquelle il saluait Biden comme «le président le plus favorable aux travailleurs de toute ma vie».

Mercredi, 57 étudiants ont été arrêtés à Austin pour «intrusion». Un journaliste de NPR basé au Texas a confirmé auprès d'un porte-parole de l'université que même si les charges retenues contre les étudiants ont été abandonnées le lendemain, les étudiants ne seront toujours pas autorisés à retourner sur le campus au moins jusqu'à la fin du semestre. On ne sait pas encore si les étudiants seront autorisés à passer leurs examens finaux ou à assister à la remise des diplômes.

La répression des sympathisants pro-palestiniens sur le campus du Texas continue de s'intensifier. Vendredi, la section d'Austin du Comité de solidarité avec la Palestine a confirmé que l'université avait suspendu le club du campus. Dans une déclaration, le PSC-ATX a écrit : «La suspension par l'UT du Comité de solidarité avec la Palestine est une attaque contre la liberté d'expression visant à détourner l'attention de la campagne génocidaire [d'Israël] contre le peuple palestinien et à la rendre possible !»

Dans une déclaration postée à Austin jeudi, Jerry White, candidat du Parti de l’égalité socialiste à la vice-présidence des États-Unis, a dénoncé les attaques contre les étudiants, affirmant qu'il ne s'agit pas seulement d'une attaque contre le droit de ces étudiants à manifester, mais aussi d'une attaque contre les droits de la classe ouvrière.

«Ce sont les travailleurs dont les fils et les filles meurent dans ces guerres, que ce soit au Moyen-Orient ou dans les nouvelles guerres menées contre la Russie en Ukraine et contre la Chine», a déclaré White, ajoutant que «les travailleurs n'ont aucun intérêt dans ces guerres et qu'ils ont tout intérêt à s’y opposer».

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(Article paru en anglais le 27 avril 2024)

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