Le gouvernement Attal prépare une réduction des droits à l’assurance chômage

Après que Macron ait imposé sans vote aucun une réforme des retraites impopulaire en 2023 en augmentant de deux ans l’âge de départ à la retraite qui passe à 64 ans, le gouvernement Attal prépare des attaques féroces contre la classe ouvrière. Il s’appuie à présent sur les bureaucraties syndicales, qui ont étouffé la mobilisation contre la réforme des retraites malgré la volonté des travailleurs de bloquer l’économie.

Il prend prétexte du déficit budgétaire 2023 qui s’élève à 5,5 pour cent, après 4,8 pour cent en 2022 et 6,6 pour cent en 2021 pendant le Covid, pour lancer une nouvelle cure d’austérité.

Selon La Tribune, il faudra faire jusqu'à 80 milliards d’euros d'économies pour atteindre 3 pour cent de déficit en 2027 avec la faible croissance actuelle. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a maintenu l'objectif de ramener le déficit en dessous du seuil de 3 pour cent d'ici à 2027.

Le gouvernement a décidé de faire des coupes budgétaires dans tous les domaines sans toucher aux impôts des plus fortunés et des entreprises, en attaquant les droits sociaux des travailleurs.

Macron qui intensifie la guerre, a annoncé des projets téméraires d’intervention française en Ukraine et envoie des soldats en Estonie et en Roumanie. Il augmente le budget militaire et veut réorganiser l’économie pour préparer une «économie de guerre». Le soutien sans faille de l’ensemble des pays de l’OTAN aux crimes contre l’humanité commis par Israël contre les Palestiniens à Gaza annoncent le niveau de barbarie qu’atteindrait la IIIe Guerre mondiale que prépare activement l’OTAN, notamment contre la Russie et la Chine.

Ce tournant belliciste suppose des attaques dévastatrices contre la classe ouvrière. La guerre contre les travailleurs et les attaques contre les droits démocratiques va de pair avec la guerre impérialiste.

L’austérité est à l’ordre du jour dans le domaine de la santé, avec une poursuite de la destruction de la médecine de ville et de la médecine hospitalière. Une crise du logement sans précédent depuis la IIe guerre mondiale a démarré en 2023 avec un effondrement des chantiers de construction et des ventes de logement. Il va devenir de plus en plus difficile et couteux de se loger.

Le gouvernement prépare une nouvelle réforme de l’assurance chômage. Les gouvernements précédents sous Macron avaient déjà durci les conditions d’indemnisation par les réformes de 2019 et 2022. Lors de la dernière réforme, Macron avait invoqué la baisse du chômage pour justifier la baisse de l’indemnisation.

Mais avec la très faible croissance économique en Europe et dans le monde, on s’attend à ce que le chômage augmente de pratiquement 1 point à 8 pour cent dans l’année à venir, et que 500.000 personnes perdent leur travail et aient recours au chômage.

L’entrée des jeunes sur le marché du travail sera également plus difficile. Le gouvernement vient d’annoncer la fin du contrat de professionnalisation, à partir du 1er mai, qui prévoyait une aide à l’embauche de 6.000 euros versée aux entreprises recrutant des jeunes à travers ce dispositif, alors que Macron s’était engagé à le maintenir jusqu’en 2027.

Répudiant les promesses bidon de ses prédécesseurs, selon lesquelles on ne durcirait pas l’indemnisation si le chômage augmentait, Attal veut maintenant faire des coupes drastiques malgré l’énorme augmentation annoncée du chômage.

Attal a annoncé le 27 mars sur TF1, «je ne pense pas que nous irons en dessous de 12 mois», au lieu des 18 mois actuels, donnant le ton de sa réforme. Il a ensuite indiqué sur BFM-TV le 18 avril, pour ses 100 jours à Matignon, qu’il voulait aussi durcir la condition d'affiliation, soit le temps qu’il faut avoir travaillé pour toucher l'assurance chômage, actuellement six mois dans les 24 derniers mois.

Affichant son mépris pour les travailleurs pauvres ou précaires, il a déclaré: «Il y a un système qui s'est organisé pour des multiplications de petits contrats, des contrats courts, entre lesquels on bénéficie du chômage. 'Je travaille quelques mois, je touche le chômage quelques mois, je retravaille quelques mois, je touche le chômage'». Il a aussi rappelé qu’une baisse du montant de l’indemnité de chômage pourrait faire baisser les dépenses.

Normalement des discussions sont prévues entre les partenaires sociaux qui gèrent l’Unedic, qui gère l'assurance chômage en France, pour trouver un accord sur le suivi et l’indemnisation des chômeurs, sans le gouvernement. Mais depuis une loi de 2018, sous Macron, la gouvernance de l’assurance chômage a été revue. Le gouvernement peut à présent contraindre l’objectif des discussions par un document de cadrage, imposant aux partenaires sociaux des critères d’équilibre budgétaire. En cas d’absence d’accord, depuis 2019, le gouvernement peut imposer une réforme par décret.

Le gouvernement et le patronat veulent aussi augmenter l’emploi des séniors par des mesures comme la baisse des salaires et la précarisation des contrats de travail.

Le chômage des séniors est très important en France, plus qu’ailleurs en Europe: souvent les séniors ne sont tout simplement plus en activité ni en recherche d’emploi, surtout après 55 ans. Le report de deux ans de l’âge minimum de départ à la retraite dans un contexte de hausse du chômage devrait encore dégrader la situation. Les retraites seront réduites, notamment avec l’arrivée à la retraite de salariés de plus en plus nombreux à avoir connu de longues périodes d’inactivité.

Le gouvernement veut aussi supprimer des mesures protectrices pour les séniors, qui bénéficient d’une durée d’indemnisation plus longue que les autres salariés. Bruno Le Maire a affirmé, fin 2023, qu’il fallait aligner les règles des plus de 55 ans sur celles des autres chômeurs avec un maximum de 18 mois d’indemnisation, voire moins si la durée d’indemnisation est raccourcie. Finalement les négociations sur les séniors se sont achevées par un échec le 10 avril.

Une convention Unedic transposant l’impact de la réforme des retraites sur l’assurance-chômage, reculant de deux ans toutes les mesures dont bénéficient les séniors en fin de carrière, a été adoptée mi-novembre 2023 et devait fixer l’indemnisation de tous les chômeurs de 2024 à 2027. Toutefois, l’application de cette convention avait été conditionnée au succès des négociations sur l’emploi des séniors. Dans l’attente de la fin des négociations, le gouvernement avait pris un décret prolongeant la convention précédente jusqu’au 30 juin 2024.

D’un point de vue strictement juridique, l’accord sur l’indemnisation 2024 – 2027 n’est plus applicable suite à l’échec des négociations séniors. Attal veut en profiter pour durcir les conditions d’indemnisation sans même repasser par une phase de négociation entre les partenaires sociaux.

Le ministère du Travail prévoit, et après une courte phase de concertation qui sera de pure forme, de mettre en œuvre de nouvelles règles d'indemnisation dès le 1er juillet 2024.

La réforme de l’assurance chômage s’annonce comme une régression sans précédent pour les travailleurs. L’accord de 2023 passé sous le gouvernement Borne est jeté à la poubelle pour pouvoir couper sauvagement dans l’indemnisation du chômage, alors qu’augmentent les licenciements.

Comme le PES l’expliquait dans Quelle voie suivre pour lutter contre le gouvernement Macron-Attal?, «Les travailleurs ne font pas face à des luttes syndicales qui peuvent être menées dans un cadre national, mais à une lutte politique internationale contre la plongée du capitalisme dans la guerre et la réaction fascisante. La question décisive est la construction d'une direction révolutionnaire internationale luttant contre le capitalisme, pour amener la classe ouvrière au pouvoir et construire le socialisme.»

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