La frappe israélienne contre l'Iran étend la guerre au Moyen-Orient

Vendredi matin, Israël a mené une frappe aérienne sur une base militaire dans le centre de l'Iran, près de l'une de ses installations nucléaires, élargissant encore la guerre au Moyen-Orient déclenchée par les puissances impérialistes.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, au centre, avec des commandants et des soldats dans le nord de la bande de Gaza, le 25 décembre 2023. Netanyahou a déclaré qu'Israël poursuivrait son offensive jusqu'à ce qu'il atteigne tous ses objectifs dans une « victoire finale ». [AP Photo/Avi Ohayon/GPO]

Après des décennies de conflits par procuration à travers le Moyen-Orient, Israël et l'Iran ont maintenant échangé des tirs l'un contre l'autre depuis leur propre territoire, créant un précédent pour une nouvelle escalade.

Ni les responsables iraniens ni israéliens n'ont admis que des frappes avaient eu lieu. Celles-ci ont été annoncées jeudi à la presse américaine par des sources de la Maison-Blanche sous couvert d'anonymat.

Commentant l'importance de l'attaque de jeudi soir, le Wall Street Journal, agressivement pro-guerre, a écrit : « La frappe est un message à l'Iran qu'Israël a la capacité militaire de frapper profondément sur son territoire, et pas seulement ses forces par procuration au Liban, en Syrie et en Irak. Israël a également montré qu'il pouvait frapper une cible près d'une installation nucléaire malgré la présence du système de défense antimissile russe S-300. »

Le New York Times, pour sa part, a écrit : « Le tabou contre les frappes directes sur le territoire de l'autre était maintenant disparu. S'il y a un autre round – un conflit sur les avancées nucléaires de l'Iran, ou une autre frappe d'Israël contre des officiers militaires iraniens – les deux parties pourraient se sentir plus libres de déclencher un conflit direct. »

L'article concluait : « Le signal envoyé par la décision de frapper une cible militaire conventionnelle à Ispahan était clair : Israël a démontré qu'il pouvait percer les couches de défenses aériennes d'Ispahan, dont beaucoup sont disposées autour de sites clés comme l'installation de transformation d'uranium d'Ispahan. »

La frappe de vendredi était la dernière mesure d'une vague d'escalade après l'attaque israélienne du 1er avril contre un consulat iranien en Syrie qui a tué sept hauts responsables militaires iraniens.

Les responsables américains ont effectivement approuvé la frappe israélienne du 1er avril, l'ambassadeur adjoint des États-Unis à l'ONU, Robert Wood, déclarant que le consulat était en fait une base terroriste.

Après que l'Iran a riposté à la frappe contre son consulat par une attaque contre une base militaire israélienne, les États-Unis et leurs alliés impérialistes ont condamné l'Iran, lui ont imposé des sanctions et ont promis un soutien illimité à Israël.

La semaine suivante, les responsables américains ont clairement indiqué à plusieurs reprises qu'une éventuelle frappe israélienne contre l'Iran était « une décision qui relève d’Israël », accordant effectivement à Israël un chèque en blanc pour attaquer l'Iran.

Notamment, la frappe a eu lieu quelques heures seulement après la conclusion d'une discussion de haut niveau entre les États-Unis et Israël portant à la fois sur la frappe prévue par Israël contre l'Iran et sur ses plans d'assaut de Rafah, où plus d'un million de Palestiniens sont réfugiés.

Dans son compte-rendu de la réunion, la Maison-Blanche a déclaré : « Les deux parties se sont mises d'accord sur l'objectif commun de voir le Hamas vaincu à Rafah. Les participants américains ont exprimé leurs préoccupations concernant les différentes mesures prises à Rafah, et les participants israéliens ont accepté de tenir compte de ces préoccupations. »

Dans les coulisses, cependant, il y a des indications que la frappe israélienne « limitée » contre l'Iran est en fait le prélude à un assaut à grande échelle sur Rafah.

Le Times of Israël et Haaretz, citant The New Arab, ont rapporté que les États-Unis ont autorisé Israël à attaquer Rafah dans le cadre d'un accord sur la frappe d'Israël contre l'Iran.

L'article paru dans The New Arab affirme qu'Israël prévoit de « diviser Rafah en quatre zones, qui seront conquises l’une après l’autre ».

Une telle invasion aurait des conséquences désastreuses. Dans un communiqué publié jeudi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré : « À Gaza, six mois et demi d’opérations militaires israéliennes ont créé un paysage humanitaire infernal. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées. Deux millions de Palestiniens endurent la mort, la destruction et le refus d’une aide humanitaire vitale ; ils risquent désormais de mourir de faim. Une opération israélienne à Rafah aggraverait cette catastrophe humanitaire. »

Haaretz, citant le journal arabe Rai Alyoum, a affirmé « cette semaine, l'Égypte a déployé des forces le long du côté égyptien de la route de Philadelphi et a défini une “zone neutre” où les Gazaouis déplacés peuvent se rendre. Selon le reportage, la zone est en cours de préparation pour accueillir 200.000 personnes et disposera de services, de cliniques et de points de distribution de nourriture ».

Si ces reportages sont effectivement exacts, les États-Unis ont non seulement donné à Israël l'autorisation privée de mener une frappe contre l'Iran, ce qui aurait considérablement intensifié la guerre dans toute la région, mais l'ont également autorisé à mener un assaut sur Rafah qui déplacerait des centaines de milliers de personnes, potentiellement même sur le territoire de l'Égypte.

Quoi qu’ils aient dit en privé, les États-Unis ont dit essentiellement la même chose en public, déclarant que la décision de frapper l'Iran relevait entièrement d'Israël et déclarant publiquement que la défaite militaire du Hamas à Rafah était un objectif des États-Unis.

Cette réalité met en évidence le lien étroit entre le génocide à Gaza et l’intensification de la campagne militaire américaine contre l'Iran.

Comme l'a écrit le World Socialist Web Site le 16 octobre, moins de 10 jours après l'attaque du 7 octobre qui a servi de prétexte au génocide à Gaza, « Les États-Unis utilisent la crise actuelle pour mettre en œuvre des plans de longue date pour une guerre avec l’Iran, en tant que front moyen-oriental de la guerre des États-Unis avec la Russie et des plans de guerre contre la Chine. »

Le WSWS a poursuivi : « La carte blanche donnée à Israël pour commettre des massacres contre la population de Gaza et l’intensification des plans de guerre américains contre l’Iran doivent être considérées dans le contexte de l’éruption de ce qui est, en fait, les étapes initiales d’une troisième guerre mondiale. »

Avec la frappe d’Israël sur le territoire iranien et son génocide qui a déjà tué 40.000 personnes à Gaza, ces avertissements sont rapidement confirmés.

(Article paru en anglais le 20 avril 2024)

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