Charlotte Church, auteure-compositrice-interprète galloise, reçoit des menaces de mort pour avoir défendu les Palestiniens de Gaza

Dimanche dernier, la chanteuse galloise Charlotte Church a publié sur son site web une déclaration révélant qu’elle et sa famille avaient reçu des menaces de mort de la part de sionistes et d’éléments de l’extrême droite en raison de sa participation à des manifestations de défense du peuple palestinien.

Charlotte Church a connu brièvement un vif succès en musique classique lorsqu’elle était enfant, son premier album s’étant vendu à des millions d’exemplaires dans le monde entier alors qu’elle n’avait que 11 ans. Elle s’est ensuite tournée vers la musique pop, ainsi que vers une carrière d’actrice.

Charlotte Church a été attaquée spécifiquement pour avoir participé à un événement intitulé «Sing For Palestine» le 25 février, une collecte de fonds organisée dans une salle des fêtes de Caerphilly, dans le sud-est du Pays de Galles, au cours de laquelle la phrase «De la rivière à la mer» a été scandée en relation avec la libération de la Palestine.

Photo de Charlotte Church sur son site internet

L’événement avait pour but de collecter des fonds pour le Gaza Ambulance Appeal. Charlotte Church a décrit en ces termes la raison de sa participation à la collecte de fonds, qui comprenait des chants interprétés dans la tradition de la musique chorale galloise: «Notre soutien à la Palestine est plus important que jamais, chacun d’entre nous doit élever la voix contre la tyrannie de l’occupation, du nettoyage ethnique et du génocide.»

Church n’a pas donné de détails sur les menaces, mais elle a indiqué que la police s’était rendue à son domicile pour assurer la sécurité de sa famille.

Cela fait suite à un harcèlement soutenu sur les médias sociaux, y compris, comme a noté Church sur son fil Twitter/X, des messages qui disaient «souvent des choses violentes, misogynes et racistes» et «avaient des phrases telles que “les Blancs ne seront pas remplacés” sur leurs profils, et des images d’aigles de fer comme bannières». Il s’agit de slogans et d’emblèmes fascistes.

Dans la déclaration qu’elle a faite sur son site web, Church a rejeté toute la responsabilité sur les hommes politiques et sur la frénésie des médias de droite qui l’ont traitée d’antisémite à la suite de l’événement survenu au Pays de Galles et de sa participation ultérieure à une manifestation contre le génocide à Londres, le 9 mars.

Ma sécurité et celle de ma famille ont été menacées par des personnes assez effrayantes, enhardies par la rhétorique de politiciens de premier plan, ainsi que par la couverture irresponsable et lâche des médias libéraux traditionnels, y compris BBC News.

Dans sa déclaration publiée sur le web, elle détaille certains titres incendiaires et les mensonges véhiculés par les médias britanniques. «J'ai chanté une chanson de protestation dans le Bedwas Workmen's Hall, et pourtant on a l'impression que j’ai commis un crime de haine». Elle a relevé, par exemple, un article de la BBC daté du 3 mars, dont le titre commence par «On en perd la nuance» (Nuance is being lost): «Charlotte Church a chanté le slogan propalestinien controversé “De la rivière à la mer” lors d’un concert. (Elle a nié être antisémite.)»

Elle a ajouté: «Aucun autre contexte n’a été donné – ni le fait qu’il s’agissait d’un événement caritatif, visant spécifiquement à collecter des fonds pour une ambulance à Gaza, ni même le fait qu’il s’agissait d’un événement de solidarité avec la Palestine, appelant à un cessez-le-feu. Ni qu’il s’agissait d’une chorale interconfessionnelle et intergénérationnelle chantant des hymnes de liberté du monde entier. Un “journalisme” incroyablement irresponsable.»

Church a ajouté:

À l’heure où les normes démocratiques de la Chambre des communes sont bousculées prétendument par crainte pour la sécurité des députés, je dois demander à la BBC et au Guardian, entre autres: qu’en est-il de ma sécurité?

On m’a traité de beaucoup de choses au cours de ma vie, mais ce n’est que cette semaine que j’ai reçu autant de haine imaginative et violente. [...] Et la BBC continue de publier des articles, avec un langage extrêmement incendiaire qui ne représente pas fidèlement la réalité de la situation. Je suis presque sûre qu’elle a enfreint ses propres lignes directrices en matière d’“exactitude et d’impartialité”.

Elle a confronté Nick Robinson de la BBC, présentateur de l’émission «Today» sur Radio 4 et ancien rédacteur politique de BBC News, qui a demandé à l’homme politique fasciste, Nigel Farage, de participer à son émission: «Pensez-vous que Charlotte Church devrait être arrêtée ?»

La chanteuse a répondu: «Es-tu sérieux? Quand on pense que cela a non seulement été diffusé sur plusieurs plateformes de la BBC dans le cadre d’une interview préenregistrée, mais aussi que quelqu’un a pris la décision éditoriale de prendre spécifiquement ce clip et de le lancer dans le maelström des médias sociaux pour promouvoir l’émission, à un moment où le débat est si fébrile [...] en quoi cela contribue-t-il à la cohésion sociale, sans parler de ma sécurité?!»

Church a défendu son utilisation de la phrase «De la rivière à la mer» comme un slogan démocratique qui n’a rien à voir avec l’antisémitisme.

Néanmoins, le gouvernement conservateur britannique a remanié sa définition de l’extrémisme – promue à la fois par les conservateurs et les travaillistes – afin de rendre criminelle la phrase, et peut-être les actions de Church qui l’a chantée publiquement. Comme l’a récemment noté le World Socialist Web Site, la définition «est la criminalisation de l’opinion et de la pensée, plutôt que des actions entreprises». Les œuvres d’art, y compris les spectacles musicaux, pourraient tout à fait entrer dans la nouvelle définition du gouvernement.

Le gouvernement réactionnaire de Sunak, avec le soutien du Parti travailliste, fait tout ce qui est en son pouvoir pour réprimer le mouvement de masse contre le génocide israélien, alors qu'il se prépare, avec le reste de l'OTAN, à la guerre contre la Russie.

(Article paru en anglais le 16 mars 2024)

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