En 2023, les températures moyennes à la surface de la planète ont augmenté de plus de 1,5 degrés Celsius par rapport au niveau préindustriel.

Une déclaration du Service Copernicus concernant le changement climatique (C3S) a confirmé la semaine dernière que la température à la surface de la Terre, en moyenne sur l'ensemble de l'année 2023, était de 1,56 degrés Celsius plus haute que la moyenne préindustrielle. Les données confirment que 2023 est l’année la plus chaude de l’histoire humaine et annoncent un bilan encore plus lourd en termes de dégâts causés et de vies perdues alors que le réchauffement climatique se poursuit sans relâche.

Les températures élevées se sont poursuivies en janvier et février de cette année. Janvier était 1,52 degrés Celsius au-dessus du niveau préindustriel et février 1,77 degrés Celsius au-dessus du niveau préindustriel.

Les données Copernicus ont également révélé l’étendue de la perte de glace de mer dans l’Arctique et l’Antarctique, qui constituent toutes deux des indications à long terme de l’état du réchauffement climatique. Par rapport à la période de référence 1981-2010, la quantité de glace de mer dans l’Arctique était en février inférieure de 0,7 million de kilomètres carrés à la moyenne, soit une réduction de plus de 4 pour cent par rapport aux décennies précédentes. La perte en Antarctique a été bien plus drastique; l’étendue de la glace de mer de l’Antarctique est tombée à 0,9 million de kilomètres carrés en dessous de la moyenne, soit une perte de 28 pour cent par rapport à 1981-2010.

Anomalies mensuelles de température globale, par rapport à 1850-1900. [Photo: ERA5, C3S/ECMWF]

Si ces deux cas ne constituent pas des records (les records actuels de perte de glace de mer en février ont été établis en 2017 pour l’Arctique et en 2023 pour l’Antarctique), ils poursuivent la forte tendance descendante pour la perte de glace de mer dans les deux régions.

Commentant les records de températures, Carlo Buontempo, directeur de Copernicus, a déclaré: «Février rejoint la longue série de records des derniers mois. Aussi remarquable que cela puisse paraître, cela n’est pas vraiment surprenant dans la mesure où le réchauffement continu du système climatique entraîne inévitablement de nouveaux extrêmes de température. Le climat réagit aux concentrations réelles de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et, à moins que nous ne parvenions à les stabiliser, nous serons inévitablement confrontés à de nouveaux records mondiaux de température et à leurs conséquences. »

Les commentaires de Buontempo font référence à deux faits concernant le changement climatique. Premièrement, on sait depuis plus d’un siècle que le dioxyde de carbone, la vapeur d’eau et d’autres gaz présents dans l’atmosphère retiennent la chaleur du Soleil et que même de légers changements dans la composition de l’atmosphère peuvent considérablement modifier la quantité de chaleur piégée.

Deuxièmement, des études minutieuses menées ces dernières décennies ont prouvé que la libération de dioxyde de carbone, de méthane et d'autres gaz à effet de serre dus à la nature anarchique de la production capitaliste a directement contribué à la fois au piégeage de cette chaleur supplémentaire, ce que l'on appelle le réchauffement climatique, et à des conséquences écologiques de plus en plus catastrophiques.

Les plus dramatiques de ces conséquences sont collectives, connues sous le nom de « conditions météorologiques extrêmes»: des vagues de chaleur plus chaudes et plus longues, des ouragans plus puissants, des sécheresses plus longues, des inondations plus dévastatrices et davantage d’hectares brûlés par les incendies de forêt. Chaque année, des millions de personnes sont déplacées temporairement ou définitivement et des dizaines de milliers meurent dans de telles «catastrophes naturelles» ; rien de tout cela n’a jamais été sérieusement pris en compte par les gouvernements capitalistes.

Il convient également de souligner que le changement climatique se produit sur de longues périodes. Après la signature des Accords de Paris en 2015, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a été chargé de rédiger un rapport sur la manière dont le réchauffement climatique pourrait être limité à 1,5 degré Celsius d'ici la fin du siècle afin de limiter les pires effets du réchauffement climatique.

Ce Rapport spécial a été publié en 2018 et a montré que même avec les réductions les plus drastiques des émissions de dioxyde de carbone et d'autres gaz à effet de serre, le réchauffement climatique dépasserait 1,5 degré Celsius entre 2030 et 2050, culminerait probablement à 1,75 degré Celsius et pourrait ne pas revenir en dessous du chiffre de 1,5 degrés Celsius avant le siècle prochain.

En d’autres termes, même dans le scénario irréaliste où les émissions de CO₂ atteindraient zéro en 2040, un réchauffement d’au moins 1,5 degré Celsius resterait « inévitable ». Et dans l'intervalle, les émissions n'ont pas diminué mais ont continué à augmenter, ce qui a conduit à un monde dans lequel un réchauffement de plus de 1,5 degré Celsius a été atteint non pas en 2030, mais en 2023.

Le Rapport spécial du GIEC peut également être utilisé pour comprendre comment l’effet retardé des émissions passées est à l’origine de la crise actuelle. Les gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère terrestre aujourd'hui entraînent un réchauffement environ deux décennies plus tard. À l’inverse, le réchauffement actuel est dû aux émissions d’il y a environ vingt ans. Et pour éviter, par exemple, les phénomènes météorologiques extrêmes apparus au cours des 10 à 15 dernières années, il aurait fallu réduire les émissions de gaz à effet de serre il y a 30 ou 40 ans.

Les gouvernements et les trusts du monde entier étaient bien conscients de ces problèmes, au moins dès les années 1980. En 1982, un document interne a circulé au sein de la haute direction d'Exxon (aujourd'hui ExxonMobil) intitulé «Effet de serre du CO₂». Ce document prend note des «calculs récemment réalisés à Exxon» pour montrer que la quantité croissante de dioxyde de carbone émis dans l’atmosphère entraînerait des changements croissants de température sur Terre, estimant avec assez de précision une augmentation des températures moyennes mondiales d’environ 1,0 degré Celsius dès 2020.

Le même document mettait également en garde contre «certains événements potentiellement catastrophiques devant être pris en compte», comme la fonte des glaces terrestres de l’Antarctique, et «pouvant provoquer une hausse du niveau de la mer de l’ordre de 5 mètres». Le rapport de poursuivre: «Une telle augmentation provoquerait des inondations sur une grande partie de la côte Est des États-Unis, dont l’État de Floride et Washington DC.»

Les avertissements issus des propres recherches internes d'Exxon ont été conservés au sein de l'entreprise, tandis que les avertissements des climatologues indépendants n'ont jamais été pris en compte. La volonté du capitalisme américain et mondial de se battre pour les marchés a au contraire entraîné une nouvelle expansion de l’utilisation des combustibles fossiles. Ce n’est qu’au cours des dix dernières années que des efforts, même symboliques, ont été déployés pour développer sérieusement des sources d’énergie d’alternative comme l’énergie solaire, éolienne, marémotrice, géothermique, pour n’en nommer que quelques-unes.

L’accélération du changement climatique au cours des quatre dernières décennies est un autre exemple de la criminalité d’un système social contrôlé par le profit privé. À l’instar du génocide de Gaza, de l’actuelle pandémie de coronavirus et de la montée des inégalités sociales, le changement climatique constitue une menace existentielle pour la civilisation humaine. Cette menace ne peut être résolue que par une économie mondiale scientifiquement réorganisée sur une base internationaliste et socialiste, tant pour répondre aux dangers immédiats et futurs du changement climatique que pour freiner, à terme, les dommages causés au climat terrestre par le capitalisme.

(Article paru en anglais le 12 mars 2024)

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