Israël se prépare à étendre sa guerre depuis Gaza et la Cisjordanie jusqu’au sud du Liban, avec le plein soutien de l’administration Biden.
S'adressant aux réservistes israéliens à la frontière avec Gaza la semaine dernière, le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré que les troupes israéliennes « entreront très bientôt en action » à la frontière nord du pays avec le Liban. Les forces proches de vous, a-t-il dit, « quittent le terrain et se dirigent vers le nord, se préparant pour la suite ». Des dizaines de milliers de soldats réguliers et quelque 60.000 réservistes sont déjà déployés dans le nord d’Israël.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a averti à la fin de l'année dernière qu' Israël « transformerait à lui seul Beyrouth et le Sud-Liban, non loin d'ici, en Gaza et Khan Younis [la deuxième plus grande ville de Gaza] » si le Hezbollah, le groupe religieux bourgeois, allié d’Iran, qui bénéficie d'un soutien substantiel au Liban, lançait une guerre totale contre Israël. Il a insisté sur le fait pour dire que le Hezbollah doit retirer ses forces au nord du fleuve Litani. Si les efforts diplomatiques menés par les États-Unis n’y parvenaient pas avant la fin janvier, Israël commencerait à étendre ses attaques contre le Hezbollah.
Sarit Zehavi, fondateur et président du Centre de recherche et d'éducation Alma qui couvre les menaces à la sécurité dans le nord d'Israël, a déclaré au journal Breaking Defense que les dirigeants israéliens avaient intensifié la quantité et la « qualité » des frappes dans le but de marquer un succès militaire et endommager les capacités du Hezbollah avant que toutes négociations diplomatiques n'aboutissent à un cessez-le-feu.
Le Hezbollah a joué un rôle clé, aux côtés de l’Iran et de la Russie, en aidant le président syrien Bachar al-Assad à vaincre les forces islamistes soutenues par la CIA, les États du Golfe, la Turquie et Israël qui tentaient de renverser son régime. Faisant partie de « l'Axe de la Résistance » iranien qui comprend le Hamas, les milices chiites en Irak et les Houthis au Yémen, il soutient diverses factions palestiniennes dans le sud du Liban ainsi qu'un bureau du Hamas à Dahiyeh dans la banlieue sud de Beyrouth, un bastion de ce dernier.
Les raids aériens israéliens et les barrages d'artillerie au Liban, qui ont notamment utilisé du phosphore blanc dans des zones civiles en violation du droit humanitaire international, et les attaques du Hezbollah contre les forces israéliennes dans le nord d'Israël ont lieu presque quotidiennement. Mais jusqu’à présent, le Hezbollah a calibré ses actions pour empêcher une guerre à grande échelle avec Israël, son chef Hassan Nasrallah s’efforçant dans ses déclarations publiques d’éviter une escalade du conflit. Ceci malgré les frappes ciblées d'Israël le mois dernier qui ont tué Saleh al-Arouri, un haut responsable du bureau politique du Hamas à Beyrouth et un commandant de sa branche militaire, et Wissam Tawil, une figure éminente du Hezbollah et membre de sa force d'élite Radwan.
Les bombardements ont contraint environ 76.000 Libanais vivant près de la frontière à fuir leurs foyers. Le sud du Liban abrite une population chiite pauvre et un bastion du Hezbollah. Selon l’ONU, les frappes aériennes israéliennes ont endommagé au moins 426 sites ruraux, brûlant de vastes étendues de terres agricoles et empêchant les agriculteurs de faire leurs récoltes. Plus de 170 combattants du Hezbollah et au moins 25 civils ont été tués depuis le 8 octobre. On estime que 80.000 Israéliens ont évacué les villes du nord d'Israël, tandis que neuf soldats et six civils ont été tués.
L’objectif de Netanyahou et Gallant est d’éliminer le Hezbollah en tant que force militaire et politique au Liban, dans le cadre de ses préparatifs plus larges de guerre contre l’Iran. Le Hezbollah, avec 30.000 à 50.000 combattants et un arsenal de drones d’attaque, d’armes légères, d’artillerie, de chars et de missiles à guidage de précision, est un adversaire militaire bien plus important que le Hamas.
Avec ses alliés chiites et palestiniens, le Hezbollah constitue le plus grand bloc du système politique confessionnel et fragmenté du Liban, ralliant le soutien des masses pauvres et ruinées par le pillage des richesses du pays par la poignée de milliardaires qui dirigent le pays depuis la fin de la guerre civile en 1990, notamment Riad Salameh, qui dirigea pendant trois décennies la banque centrale du Liban et est recherché par plusieurs pays européens pour détournement de centaines de millions de dollars et blanchiment d'argent. La livre libanaise a perdu plus de 98 pour cent de sa valeur depuis 2019, son cours sur le marché noir atteignant jusqu'à 140.000 pour un dollar américain à la mi-mars, entraînant l'inflation des prix alimentaires la plus élevée au monde. Entre février 2022 et 2023, le Liban a connu une augmentation des prix de 261 pour cent, après des années d’inflation à trois chiffres.
Éradiquer le Hezbollah signifie éliminer toute opposition de masse à Israël et à la domination américaine sur ce petit État, taillé dans la Grande Syrie par la France après la défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale et qui abrite six millions d’habitants. Il s'agit du premier pas de l'administration Biden, avec Israël comme son pantin, de son offensive plus large visant à chasser l'Iran, ses milices alliées et la Russie de la Syrie avant de lancer une guerre à grande échelle contre Téhéran, élément essentiel de sa lutte existentielle avec la Russie et la Chine.
Les puissances impérialistes, en proie à d’énormes contradictions sociales internes, tentent également de canaliser ces tensions internes vers un ennemi extérieur. Ces guerres sont utilisées pour lancer des attaques continues contre les droits démocratiques et interdire l’opposition politique interne.
Les États-Unis ont mené des pourparlers, aux côtés de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, du Qatar et de la France, avec certaines factions et forces armées fascistes chrétiennes et sunnites au Liban dans le but de renforcer leur position contre le Hezbollah soutenu par l’Iran, qui participe également au gouvernement. Leurs objectifs sont de renforcer le soutien à Israël, de forcer le Hezbollah à accepter le choix d'un président libanais acceptable pour les participants et de retirer les forces du Hezbollah du sud du Liban.
Le pays est sans président depuis que Michel Aoun a quitté ses fonctions à la fin de son mandat en octobre 2022. Cela a paralysé le gouvernement intérimaire du Liban dirigé par l'homme le plus riche du pays, Najib Mikati, qui n'a pas réussi à rassembler un gouvernement après les élections de mai 2022. Il n’a aucun pouvoir pour adopter une loi, ni même un budget quand bien même le pays n’a pas honoré ses emprunts internationaux, et encore moins accepté les « réformes économiques » exigées par le Fonds monétaire international et les banques internationales en échange d’une restructuration de ses dettes.
L'envoyé américain Amos Hochstein, qui est né en Israël et a servi dans les Forces de défense israéliennes (FDI) en tant que membre d'équipage de char, devrait retourner à Beyrouth dans le but de forcer le Hezbollah à retirer ses combattants à 30 km au nord de la frontière avec Israël de l'autre côté du fleuve Litani. Cependant, le Liban a exigé en échange qu’Israël se retire des terres libanaises occupées – il y a 13 zones contestées le long de la frontière entre Israël, le Liban et la Syrie – et qu’il mette fin à ses violations de la souveraineté libanaise.
La guerre d'Israël contre le Liban vise à accélérer la restructuration politique du pays, à supprimer les sentiments pro-palestiniens et anti-israéliens des travailleurs et des paysans libanais, dont plus de 80 pour cent vivent dans la pauvreté, et à renforcer le pouvoir des forces pro-américaines de droite telles que la Phalange chrétienne et les Forces libanaises et les partis sunnites au sein de l’Alliance du 14 mars anti-syrienne et pro-saoudienne.
Avec l’arrivée au pouvoir de l’aile militariste la plus à droite des factions sionistes lors des élections de novembre 2022, Israël a rejeté tous les efforts de solutions politiques, préférant la force militaire pour atteindre ses objectifs de longue date, à savoir étendre les territoires sous son contrôle et éradiquer tous les obstacles sur son chemin. Cela concorde avec les préparatifs de l’administration Biden en vue d’une future intervention militaire contre l’Iran.
Interventions américaines et israéliennes au Liban
Israël cherche depuis longtemps à transformer le Liban en un quasi protectorat, avec David Ben Gourion, le premier Premier ministre israélien, désireux de soutenir la création d'un État chrétien au Liban. L’alignement de longue date des partis maronites de droite sur les sionistes était tel qu’ils n’ont envoyé que brièvement une force symbolique lors de la guerre israélo-arabe de 1948 pour soutenir les Palestiniens.
Après la guerre israélo-arabe de 1967, à laquelle le Liban n'a pas pris part, et l'arrivée de Yasser Arafat et de son mouvement Fatah à la tête de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), l'OLP a commencé à mener des raids depuis le Liban vers Israël et a pris le contrôle des camps des réfugiés palestiniens du pays. Israël a riposté par des raids contre des villages libanais pour inciter le peuple libanais à s'opposer à l'OLP. Cette situation s'est intensifiée après que l'OLP, qui avait été chassée de Jordanie avec l'aide d'Israël en 1970, a déplacé sa base au Liban.
Hormis son engagement dans la lutte armée en quête d’une nation démocratique et laïque, l’OLP n’a formulé aucun programme politique ou social pour les travailleurs et les paysans palestiniens et libanais et a recherché le soutien non pas de la classe ouvrière internationale mais des régimes arabes bourgeois qui avaient trahi à plusieurs reprises les Palestiniens. Même si l’OLP était un mouvement véritablement populaire et contenait dans ses rangs diverses tendances sociales, son programme bourgeois n’a jamais pu surmonter l’impasse politique dans laquelle les masses palestiniennes avaient été entraînées par la perfidie des régimes arabes dont elle dépendait.
Profitant de l’opportunité créée par l’accord de paix de 1978 entre Israël et l’Égypte – le pays arabe le plus important – Israël a entrepris de créer un nouvel ordre au Moyen-Orient en envahissant le Liban. Son objectif était la destruction de la direction de l'OLP et l'intégration économique permanente des territoires occupés en Israël, tout en détruisant la puissance syrienne dans la région et en établissant un gouvernement chrétien de droite au Liban.
En mars 1978, pendant la guerre civile libanaise, Israël a envoyé des forces militaires de l’autre côté de la frontière, justifiant ses actions comme une réponse aux activités terroristes de l’OLP. Bien que contraint par la pression internationale de se retirer après que ses opérations militaires aient fait plus de 2000 morts libanais, Israël a maintenu le contrôle d'une bande de 20 km au nord de la frontière en parrainant une milice de droite, surnommée l'Armée du Sud-Liban, force par procuration sous la direction du major Saad Haddad.
Quatre ans plus tard, en 1982, le Premier ministre israélien Menachem Begin et son ministre de la Défense, Ariel Sharon, lancèrent un plan plus ambitieux visant à prendre le contrôle politique de tout le Liban et à expulser l’OLP du pays. Une fois de plus, un prétexte a été trouvé lorsqu’un ambassadeur israélien a été blessé à Londres par un assassin palestinien en juin 1982. Bien que les experts du renseignement aient reconnu que l’OLP n’avait rien à voir avec cet incident, le gouvernement Begin a envahi le Liban. Dans une opération intitulée «Paix pour la Galilée », les troupes israéliennes se lancèrent au nord en direction de la périphérie de Beyrouth, qui fut soumise à des bombardements prolongés. La guerre a forcé l'expulsion de l'OLP du Liban et a conduit au massacre, sanctionné par Israël, de 3500 réfugiés palestiniens dans le camp de réfugiés de Sabra et Shatilla en 1982 par des miliciens fascistes libanais.
Les États-Unis se sont impliqués dans l’assujettissement du Liban lorsque l’administration Reagan eut stationné des Marines à Beyrouth. La participation américaine aux attaques contre les quartiers les plus pauvres de Beyrouth (qui ont été bombardés par des navires de guerre américains) a créé une profonde hostilité, conduisant à l'attentat suicide de 1983 contre l'ambassade américaine à Beyrouth, qui a tué 63 personnes, dont 52 Libanais et employés de l'ambassade. Un mois plus tard, deux camions piégés ont frappé des marines américains, tuant 307 personnes. Peu de temps après, l’administration Reagan décida de sauver les meubles et de se retirer du Liban.
La montée du Hezbollah en tant que force politique et militaire
Le régime israélien cherchait à maintenir son contrôle sur une partie importante du sud du Liban. C’est de la résistance populaire à l’occupation que le Hezbollah a émergé en tant que force militaire et politique. La guérilla menée par le Hezbollah a finalement contraint Israël à retirer ses forces en 2000, même si les attaques transfrontalières se sont poursuivies.
Pour l’élite dirigeante israélienne, le Hezbollah et le Liban sont une affaire inachevée. Le Hezbollah, le « Parti de Dieu », a été créé dans les années 1980 en tant que « Résistance islamique » dédiée à la lutte armée contre Israël, au milieu de l'occupation du Liban par Israël pendant la guerre civile de 1975 à 1990, qui a servi de guerre par procuration pour les puissances régionales concurrentes, la France, Israël et les États-Unis. Il a été soutenu par la Syrie et le régime des mollahs iraniens arrivé au pouvoir après la révolution iranienne de 1979 qui renversa la dictature détestée de Shah Reza Pahlevi, soutenue par les États-Unis. Au Liban, il a obtenu son soutien des masses chiites, historiquement l’une des communautés les plus pauvres et les plus négligées et discriminées par les factions dominantes chrétiennes, sunnites et druzes.
Hezbollah appela à l’expulsion du Liban des intérêts américains, français et alliés et à la limitation du pouvoir de leurs vassaux – certains partis chrétiens – et organisa une campagne de guérilla contre les États-Unis et Israël. Grâce au financement de groupes d’affaires libanais et de personnalités bourgeoises, de la diaspora libanaise et de fonds provenant d’Iran et de Syrie, il a également fourni des services sociaux vitaux aux chiites, qui n’avaient pas accès aux mêmes installations et infrastructures sociales que les autres groupes religieux. Il a accompagné ces mesures de la promotion du corporatisme et du paternalisme comme contrepoids à la lutte des classes.
Cette idéologie réactionnaire, combinant l’obscurantisme religieux et la lutte armée, n’offre aucune issue aux masses libanaises. Le Hezbollah n’a pu prendre de l’importance que grâce à l’échec du nationalisme bourgeois arabe laïque et à l’étouffement par le stalinisme et ses ramifications idéologiques d’une alternative politique véritablement socialiste pour la classe ouvrière.
L'influence du Hezbollah grandit, en particulier après que les accords de Taif aient mis fin à la guerre civile au Liban en 1990, sous la tutelle de la Syrie. C’est pour éradiquer la domination syrienne sur le Liban que les États-Unis ont organisé la Révolution du Cèdre en 2005, en s’appuyant sur les forces chrétiennes maronites et d’autres partis libanais alignés sur Washington, l’Arabie Saoudite et la France.
L’administration Bush a utilisé l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005, qu’elle accusait d’avoir été orchestré par la Syrie, pour organiser le retrait des troupes syriennes qui occupaient le pays depuis 1976 et former un gouvernement pro-américain. Elle désigna le Hezbollah comme organisation terroriste, longtemps après que le groupe eut cessé ses enlèvements et assassinats de citoyens américains après le retrait américain du Liban en 1984. La force des contre-manifestations du Hezbollah était telle que le nouveau gouvernement fut obligé d'inclure le Hezbollah ou ses candidats au sein de son cabinet, une situation qui perdure jusqu'à ce jour.
Israël déclara la guerre au Liban en juillet 2006 pour tenter de renverser les résultats limités de la Révolution du Cèdre. Malgré deux années de préparatifs et l'utilisation massive de la puissance de feu qui a détruit une grande partie de l'infrastructure civile du Liban et tué 1200 Libanais contre seulement 160 Israéliens, Israël ne fut pas en mesure d'atteindre ses objectifs déclarés, à savoir libérer deux soldats capturés et empêcher le Hezbollah de tirer des roquettes sur Israël, sans parler de ses véritables objectifs : l’élimination du Hezbollah en tant que force combattante et politique au Liban, l’assujettissement du Liban en vassal des États-Unis et d’Israël, et à la fin, un changement de régime en Syrie et en Iran.
Le Hezbollah a réussi à mobiliser un large soutien à la guerre parmi les couches les plus opprimées de la population libanaise, empêchant ainsi l’armée israélienne d’avancer ou d’arrêter les bombardements de représailles contre les villes du nord d’Israël. Après un mois de guerre, Israël et l’administration Bush ont été contraints d’accepter un cessez-le-feu soutenu par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a été largement considéré comme une débâcle pour Israël.
Plans de guerre américains dans la région
Les menaces d'Israël contre le Liban surviennent alors que les États-Unis et le Royaume-Uni ont dirigé plus de 100 attaques contre la Force Quds du Corps des Gardiens de la révolution islamique iranienne et de milices soutenues par l'Iran en Irak, en Syrie et au Yémen depuis le 2 février.
Les États-Unis ont ciblé des sites d’opérations et de renseignement, de roquettes, de missiles, et des installations de stockage de drones et des « installations de logistique et de chaîne d’approvisionnement en munitions » du CGRI et des milices soutenues par l’Iran.
Ces attaques font suite à la précédente série d'attaques menées par les États-Unis et le Royaume-Uni contre le Yémen, le pays le plus pauvre du monde arabe qui a été soumis à une guerre dévastatrice menée par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, aidés et encouragés par Washington et Londres, visant à réimposer au pays le protégé de Riyad après qu'il ait été évincé par les Houthis en 2014. En décembre, l'administration Biden a annoncé le début de l'opération Prosperity Guardian, une opération navale dans la mer Rouge et le golfe d'Aden ciblant les Houthis au Yémen. Elle a envoyé une armada de près de 20 navires de guerre au Moyen-Orient, dirigée par deux groupements tactiques de porte-avions.
Il s’agit d’une guerre de facto contre l’Iran visant à éliminer les alliés militaires de l’Iran dans tout le Moyen-Orient, à l’encercler et à provoquer des représailles contre les forces américaines qui peuvent être utilisées pour justifier une guerre à grande échelle contre Téhéran.
En septembre dernier, le département d'État américain a détourné 85 millions de dollars d'aide pour l’Égypte, dont 55 millions destinés à Taïwan et 30 millions de dollars aux forces armées libanaises, affirmant qu'il était « essentiel » de soutenir les forces armées libanaises qui « ont assumé des responsabilités au-delà de leurs attributions normales en raison des défis posés par la sécurité découlant des crises croissantes auxquelles le pays est confronté ». L'armée américaine participe déjà à la reconstruction de la base navale libanaise endommagée lors de l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020.
Pour que quiconque ne doute pas des intentions de Washington, il est instructif de noter que Washington est en train de construire la deuxième plus grande ambassade américaine dans le petit Liban.
Situé à environ 13 kilomètres du centre-ville de Beyrouth et occupant un site de 17,4 hectares, le nouveau complexe, d’un coût annoncé de 1,2 milliard de dollars, ressemble à une ville, avec un aéroport, des lieux de divertissement, des bâtiments consulaires et des unités résidentielles. Son objectif déclaré de contrer « l'Axe de la Résistance », comme la « Guerre mondiale contre le terrorisme », est un euphémisme pour désigner les plans des États-Unis de contrôler la région.
La guerre est désormais l’instrument privilégié de la politique étrangère américaine pour établir sa suprématie au Moyen-Orient. Les peuples du Moyen-Orient, y compris les travailleurs israéliens, en paieront le prix sanglant. Combattre cette menace signifie tirer des leçons fondamentales de l’échec de toutes les formes de nationalisme et de la division de la région en États-nations rivaux pour mettre fin à la domination impérialiste et sortir la classe ouvrière et les masses opprimées de la pauvreté. Cela nécessite l'unification de la classe ouvrière au-delà des divisions nationales, ethniques et religieuses, en forgeant une alliance avec les travailleurs des centres impérialistes basée sur la théorie de Trotsky de la révolution permanente, dans une lutte pour des États socialistes unis au Moyen-Orient. Un tel mouvement chasserait les puissances impérialistes prédatrices et mettrait les fabuleuses ressources de la région au service des ouvriers et des paysans pauvres. C’est la perspective avancée uniquement par le Comité international de la Quatrième Internationale.
(Article paru en anglais le 4 février 2024)