Perspectives

Les gouvernements affichent leur indifférence face à l’emballement du réchauffement climatique lors du sommet sur le climat COP28

Le président de la COP28, le sultan al-Jaber, sur le site du sommet de l’ONU sur le climat COP28, le mercredi 29 novembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis [AP Photo]

La 28e conférence des Nations unies sur le changement climatique s’ouvrait jeudi sur fond de montée en flèche des températures mondiales et de multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont contribué à des centaines de milliers de décès évitables et au déplacement de millions de personnes.

Au début du mois, le Copernicus Climate Service a indiqué que le 17 novembre a été la journée la plus chaude jamais enregistrée, dépassant de 2,07 Celsius la moyenne mondiale des années 1850-1900.

Au rythme actuel, 2023 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée, et 2024 devrait être encore plus chaude. Environ, un tiers des jours de 2023 ont dépassé d’au moins 1,5 degré Celsius la moyenne préindustrielle – considérée comme l’une des limites critiques pour le climat de la Terre –, soit le plus grand nombre jamais enregistré en une seule année.

Le rapport des Nations unies sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions prévient: «Même dans le scénario le plus optimiste envisagé dans ce rapport, les chances de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius ne sont que de 14 pour cent, et les différents scénarios laissent planer une grande possibilité que le réchauffement de la planète dépasse 2 degrés Celsius, voire 3 degrés Celsius».

Tout dans le sommet COP28 de cette année exprime l’indifférence totale des gouvernements capitalistes devant l’accélération de la catastrophe climatique. La conférence est organisée par les Émirats arabes unis, un pays qui tire un tiers de son produit intérieur brut des ventes de combustibles fossiles. Ce pays a nommé en tant que président du sommet le sultan al-Jaber, PDG de la compagnie pétrolière nationale d’Abou Dhabi (ADNOC). Dans ces conditions, le sommet a été décrit comme une «foire commerciale» pour l’industrie des combustibles fossiles.

Lors de l’élection présidentielle de 2020, le président américain Joe Biden avait tenté de séduire les électeurs, et en particulier les jeunes, en affirmant prendre le changement climatique au sérieux, et avait fait grand cas de sa participation aux sommets sur le climat de 2021 et 2022, contrairement à son prédécesseur Donald Trump. Mais la Maison-Blanche a annoncé que Biden ne participerait pas au sommet de cette année et qu’elle enverrait à la place la vice-présidente Kamala Harris, dont la seule caractéristique propre est qu’elle parvient à maintenir une cote de popularité inférieure à celle du président.

Depuis l’émergence du capitalisme, l’énergie est principalement produite en brûlant du charbon, du pétrole et du gaz naturel, ce qui libère du dioxyde de carbone, un gaz a effet de serre, dans l’atmosphère. En conséquence, la température moyenne de la planète a augmenté de 1,2 degré Celsius en moins de 200 ans. La série de records météorologiques extrêmes battus en 2023 illustre les dangers de la crise. Le mois de juillet dernier a été le plus chaud jamais enregistré et s’est accompagné d’une vague de chaleur qui a fait des milliers de victimes en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. En septembre, des inondations soudaines ont fait plus de 4.000 morts en Libye, et entre 10.000 et 100.000 disparus. Un affluent du fleuve Amazone a atteint son niveau le plus bas depuis 1902, menaçant la vie et les moyens de subsistance de 481.000 personnes à Manaus, au Brésil, et provoquant notamment des diarrhées, des vomissements et des infections chez les enfants de la ville.

Ces événements ne sont qu’un petit échantillon des nombreux cas de sécheresses prolongées, d’inondations torrentielles, de vagues de chaleur torride et d’ouragans catastrophiques qui ont fait partie intégrante de la vie au cours des 15 dernières années. Les phénomènes météorologiques extrêmes qui, selon les prévisions, devaient se produire tous les 100, 200 ou même 500 ans, se produisent désormais tous les dix ans et sont en passe de devenir des catastrophes annuelles.

Plus la Terre se réchauffe, plus les conséquences à long terme seront désastreuses. La catastrophe écologique en cours a été qualifiée de «sixième extinction» de la Terre: plus d’un tiers de toutes les espèces animales et végétales, soit environ 3 millions de types différents de flore et de faune, devraient disparaître d’ici 2050. Plus de 70 pour cent d’entre elles disparaîtront d’ici 2100 si les émissions actuelles de gaz à effet de serre ne sont pas immédiatement et radicalement réduites. L’acidification croissante des océans menace le phytoplancton de la planète. Dans le scénario le plus extrême, où le phytoplancton disparaîtrait complètement, la base de la chaîne alimentaire mondiale serait coupée et la production d’oxygène de la Terre serait réduite de moitié.

Avant le sommet sur le climat de cette année, plus de 200 revues spécialisées dans le domaine de la santé ont adressé un appel aux Nations unies pour les avertir que «cette crise environnementale globale est désormais si grave qu’elle constitue une urgence sanitaire mondiale». Ils ont déclaré que «le changement climatique est sur le point de dépasser la déforestation et d’autres changements d’utilisation des terres en tant que principal facteur de perte de la nature». Ils poursuivent: «Les changements dans l’utilisation des sols ont forcé des dizaines de milliers d’espèces à entrer en contact plus étroit, augmentant l’échange d’agents pathogènes et l’émergence de nouvelles maladies et pandémies».

D’autres menaces existentielles se multiplient. Le niveau des mers a déjà augmenté de plus de 25 centimètres au cours du siècle dernier, provoquant des ondes de tempête plus meurtrières. La fonte des glaciers menace de multiplier cette hausse du niveau des mers par cinq, voire dix, d’ici la fin du siècle. Plus de 821 millions d’êtres humains sont confrontés à la faim ou à la famine, car les terres dont ils dépendent pour se nourrir ne peuvent plus être cultivées. Au moins 3,2 milliards de personnes vivent dans des zones qui deviendront inhabitables à la suite d’inondations, d’incendies de forêt ou d’ouragans au cours des prochaines décennies.

Ces dangers ne sont pas nouveaux. La science qui sous-tend l’interaction entre les gaz à effet de serre et le climat de la Terre est connue depuis plus d’un siècle, et les impacts spécifiques sur les modèles météorologiques, l’agriculture et la biodiversité sont connus depuis des décennies. Les scientifiques ont publié des rapports, organisé des conférences, témoigné lors d’auditions au Congrès et tiré toutes les sonnettes d’alarme possibles pour exhorter les gouvernements à agir.

Ce qui est devenu évident, cependant, c’est que les gouvernements capitalistes ne se soucient tout simplement pas du fait que des millions, voire des milliards, de personnes pourraient mourir à cause de leurs actions. Les puissances impérialistes, en particulier les États-Unis, se concentrent sur la guerre. En Ukraine, les États-Unis et l’OTAN fournissent des centaines de milliards de dollars au régime fasciste de Zelensky et à ses alliés néonazis pour faire la guerre afin de déstabiliser et de provoquer un changement de régime en Russie. À Gaza, Biden soutient et finance explicitement le génocide israélien en cours de la population gazaouie, qui a fait 20.000 morts à ce jour et tente de chasser les 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza dans le désert du Sinaï. Ce n’est pas l’environnement, mais le sang et le pétrole qui sont à l’ordre du jour pour le capitalisme.

Le fait que tout appel aux pouvoirs en place pour lutter contre le changement climatique tombera dans l’oreille d’un sourd a été mis en évidence par les récentes attaques contre l’activiste climatique suédoise Greta Thunberg après qu’elle ait condamné le génocide à Gaza. Thunberg, qui avait été saluée par les médias américains comme la personnalité de l’année selon le magazine Time et l’une des 100 femmes les plus puissantes selon Forbes, est maintenant calomniée comme «partisane du terrorisme».

Tout comme les gouvernements ont exigé que la population mondiale «s’accommode» de l’infection de masse perpétuelle, de la débilitation et de la mort causées par le COVID-19, ils exigent aujourd’hui que la population accepte simplement une catastrophe climatologique évitable.

La véritable solution au changement climatique réside dans une vaste transformation de la vie sociale et économique à l’échelle mondiale. La production d’énergie, la logistique et l’agriculture doivent être entièrement réorganisées pour passer aux énergies renouvelables et éliminer les gaz à effet de serre de l’atmosphère. Cela nécessite un effort international pour construire de nouvelles infrastructures et explorer de nouvelles technologies. Les banques et les sociétés doivent être expropriées, leurs vastes richesses accumulées doivent être utilisées pour financer cet effort, plutôt que de gaspiller des milliers de milliards dans des guerres génocidaires et l’enrichissement de Wall Street et des royaumes pétroliers.

De telles nécessités font immédiatement de la résolution du changement climatique une question de classe. Ce n’est pas «l’humanité» qui a causé le changement climatique, mais un ordre socio-économique précis: le capitalisme. La tâche politique de renversement du capitalisme par la classe ouvrière n’en est que plus urgente. Le même système qui produit les guerres, les pandémies et les inégalités sociales verra aussi la planète mise à feu et à sang pour le profit. La seule solution est une lutte révolutionnaire de la classe ouvrière pour le socialisme.

(Article paru en anglais le 30 novembre 2023)

Loading