Après l’hommage national organisé dans les établissements scolaires au professeur Samuel Paty, décapité par un islamiste tchétchène à Conflans-Sainte-Honorine pour avoir montré des caricatures obscènes de Mahomet, écoliers et collégiens sont mis en examen pour apologie du terrorisme.
La presse a rapporté à Strasbourg et dans la région marseillaise des incidents après la minute de silence observée dans les classes au professeur Samuel Paty entraînant la mise en examen d’enfants de 8 à 12 ans. Ces interpellations faisaient suite à des échanges entourant la minute de silence en hommage.
Le parquet de Strasbourg a signalé que l’enquête, confiée à la direction interrégionale de la police judiciaire de Strasbourg et la direction départementale de la sécurité du Bas-Rhin, vise deux enfants de 12 ans. Pour les enfants de 8 et 9 ans de l’agglomération de Strasbourg, une «évaluation sociale par les services du département» du Bas-Rhin a été ordonnée, a précisé le parquet de Strasbourg.
Dans le quatrième arrondissement de Marseille, un élève de 14 ans a été interpellé à son domicile et placé en garde à vue ainsi deux élèves de 16 ans d’un lycée professionnel de la région marseillaise pour avoir dénoncé les caricatures de Mahomet. Selon BFM-TV, les deux adolescents du lycée professionnel aurait déclaré «que Samuel Paty "l'avait bien cherché". Et le deuxième a assuré "qu'il y en avait marre de bafouer l'islam" et que "ce qu'il se passe avec les caricatures de Charlie Hebdo, c'est bien cherché".»
Depuis l’assassinat de Paty, la plateforme Pharos chargée de détecter les contenus en lignes jugés illicites a entraîné l’ouverture de 66 enquêtes pour apologie de terrorisme, principalement des mineurs comme l’a indiqué Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur: «Les interpellations que nous faisons sont souvent le fait de jeunes personnes, qui ont entre 12 et 16 ans, qui utilisent des mots extrêmement crus, avec une habitude face à l’hyperviolence, notamment inspirée par l’État islamique, extrêmement préoccupante.»
Comme l’a écrit le WSWS après la cérémonie de Macron en hommage à Samuel Paty, «Toute opposition musulmane à Macron, même une opposition pacifique à des interdictions réactionnaires visant le foulard islamique, est traitée d’‘islam radical’ et de signe d’intentions violentes. Après le meurtre de Paty, Macron a déclaré l’islamisme une ‘idéologie de destruction de la République’.»
Comme l’a été obligé de reconnaître le procureur du tribunal de Saverne contacté par le quotidien L’Alsace, les collégiens «n’avaient pas tenu de propos répréhensibles». Dans le cadre de discussions sur les droits démocratiques, des enfants et adolescents sont mis en examen et, contrairement à ce qu’affirme le ministre Gérald Darmanin, sur rien.
La mise en examen d’enfants et d’adolescents dans le cadre d’échanges entre les professeurs et leurs élèves en classe sans précédent vise à créer une atmosphère de terreur contre les élèves des quartiers populaires. Ces mises en examens de mineurs font parties d’une campagne fascisante menée par le gouvernement Macron visant la minorité musulmanes de France, qui compte environ 10 pour cent de la population et consiste surtout de couches opprimées de travailleurs, dans le cadre du projet de loi contre le séparatisme.
A cela il faut ajouter que l’État ne mène pas une lutte contre le terrorisme. Les groupes terroristes sous la surveillance des services de renseignement servent plutôt à sa politique étrangère. Ils sont mobilisés dans le cadre d’une politique d’intervention militaire au Moyen Orient et en Afrique, comme ce fut le cas en Libye et en Syrie où les puissances de l’Otan s’appuyaient sur les forces islamistes dont l’État Islamique contre les régimes de Kadhafi et d’Assad. Quand ils mènent des attentats en Europe, l’État s’en sert pour renforcer la répression et réduire les droits démocratiques.
Cette politique d’extrême droite menée par Macron qui reprend le programme du Rassemblement National de Marine Le Pen, constitue une attaque plus large contre la classe ouvrière qu’il cherche à diviser sur des bases religieuses. Après plus d’une décennie d’austérité, de destruction des droits démocratiques et de guerre, auquel faut ajouter la pandémie mondiale, les classes dirigeantes mènent une politique fascisante craignant une mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière.
En France, cette colère sociale a pris la forme du mouvement des «gilets jaunes» et de grèves face auxquels Macron s’est tourné vers une politique fascisante. En 2018, il a même salué le dictateur collaborationniste Philippe Pétain en tant que «grand soldat» avant de lancer les forces de l’ordre contre les «gilets jaunes» pour mener des arrestations et une répression sanglante.
Comme l’avait fait remarqué Le Monde Diplomatique dans un article sur la panique des classes dirigeantes face aux «gilets jaunes», l’aristocratie financière abandonne de plus en plus les traditions démocratiques face à la montée de la colère sociale des masses ouvrières:
«Ce genre de décomposition de la classe possédante est rare, mais il a pour corollaire une leçon qui a traversé l’histoire: ceux qui ont eu peur ne pardonnent ni à ceux qui leur ont fait peur ni à ceux qui ont été témoins de leur peur. Dans les instants de cristallisation sociale, de lutte de classes sans fard, chacun doit choisir son camp. Le centre disparaît, le marais s’assèche. Et alors, même les plus libéraux, les plus cultivés, les plus distingués oublient les simagrées du vivre-ensemble.»
L’effondrement des normes et des droits démocratiques sous Macron trouve à présent une forme particulièrement choquante et déplorable avec les gardes à vue et la mise en examens de petits enfants sur des motifs que l’État lui-même reconnaît être douteux.
Face à la politique fascisante du gouvernement Macron contre les travailleurs et leurs enfants, les travailleurs doivent s’unir politiquement avec les travailleurs à l’internationale dans une lutte pour le socialisme. Le fondement de cette lutte est l’opposition au nationalisme, que la bourgeoisie utilise pour diviser les travailleurs et les subordonner aux régimes autoritaires, et la mobilisation politique des travailleurs de toutes les origines, y compris musulmanes, contre l’État policier autoritaire.