Les travailleurs de la santé néerlandais ont tenu leur toute première grève nationale le 20 novembre, après l’impasse d'interminables «négociations» menées par les syndicats et de nombreuses grèves régionales – 25 cette année seulement – concernant leurs revendications pressantes sur l'amélioration des conditions de travail et des salaires.
Dans tout le pays, on estime à 150.000 le nombre de travailleurs dans 119 établissements de santé qui travaillaient «le dimanche», lorsque seules les urgences sont traitées, et qui ont organisé des actions publiques.
Les journalistes du WSWS ont assisté au rassemblement national organisé sur la place Jaarbeurs à Utrecht, la quatrième plus grande ville des Pays-Bas, par la Fédération des syndicats néerlandais (FNV), avec la Fédération des syndicats chrétiens (CNV) et la Nouvelle Union'91 (NU'91). Des exemplaires d'une déclaration du WSWS sur la grève et la voie à suivre pour les travailleurs de la santé ont été distribués aux quelque 2000 travailleurs des Pays-Bas qui ont participé au rassemblement.
Anniek a décrit ses conditions de travail en disant: «Elles sont mauvaises: beaucoup de travail pour peu d'argent.»
La situation est bien plus précaire pour ses collègues, les stagiaires «co-assistants», qui sont amenés à travailler gratuitement pour se faire promettre une formation et une sécurité d'emploi future. «L'une de nos demandes est qu'ils soient payés eux aussi», dit-elle.
Anniek a ajouté que ces stagiaires, qui ont peu de temps libre en dehors de ce travail non rémunéré qui demande beaucoup de temps et d'énergie, sont obligés de contracter des dettes privées pour joindre les deux bouts, espérant avoir un emploi rémunéré un jour dans l'avenir. Anniek a dit qu'elle était très fâchée que ces contrats soient gardés secrets ou à peine mentionnés par les médias ou les représentants de l'État.
«Nous le faisons tous ensemble, le personnel de nettoyage, la restauration, les unités médicales, etc. Chacun à sa manière, nous prenons soin du patient et nous avons besoin de conditions de travail convenables pour tout le monde», dit-elle.
Anja s'est jointe au rassemblement avec ses collègues de deux installations à La Haye, la capitale politique néerlandaise et siège de la Cour pénale internationale. Elle travaille aux soins de maternité.
Elle a expliqué que sur les 14 salles de maternité de son établissement, quatre sont fermées en permanence en raison d'un manque chronique de personnel. En conséquence, les 10 autres chambres sont occupées en permanence, et le travail avec les mères et les nouveau-nés doit être précipité: «Hier, un collègue a appelé pour dire qu'il était malade, alors nous avons dû faire plus de travail avec moins de personnel disponible. On ne pouvait pas fermer une chambre. La charge de travail a transformé l'installation en chaîne de production.»
Anja a également insisté sur la nécessité d'une augmentation de salaire suffisante pour le personnel de santé, car les prix continuent à augmenter pour les produits de première nécessité. Elle a dit: «L'épicerie coûte plus cher, le prix des maisons est à la hausse. Beaucoup de gens n'ont pas les moyens de se payer une maison à La Haye et vivent de plus en plus loin de leur lieu de travail.»
Jaqueline, qui travaille dans un laboratoire d'endoscopie, a expliqué: «Nous travaillons sous haute pression. Pas de pause café, pause déjeuner si vous avez de la chance, à peine le temps d'aller aux toilettes. De plus, les taux de congés de maladie sont élevés, ce qui représente une charge supplémentaire pour le personnel permanent. Cela devient un cercle vicieux. Lorsque vous êtes en congé et qu'on vous appelle pour vous demander si vous pouvez remplacer un collègue malade, que pouvez-vous faire? Alors, c'est reparti!»
Elle a ajouté que les heures de travail sont se prolongent indéfiniment, bien que par exemple les appels d'urgence ne soient pas payés, mais compensés par des congés. Une augmentation de salaire est absolument nécessaire, a-t-elle également affirmé, «Mais pas seulement pour nous, mais aussi pour l'avenir. Parce que quand j'aurai 80 ans, j'espère avoir de bons soins de santé.»
Jaqueline a conclu qu'elle n'avait pas beaucoup confiance dans les efforts des syndicats, ajoutant: «Je continue d'espérer, mais je dois le voir avant d'y croire».
Lorsque les journalistes du WSWS ont parlé aux grévistes de la recrudescence mondiale des luttes de la classe ouvrière, dont la grève nationale néerlandaise des soins de santé fait partie, ils ont été d'un enthousiasme retentissant, envoyant leurs salutations à leurs frères et sœurs de classe du monde entier. Aucune autre tendance politique n'est intervenue ouvertement dans la manifestation, et les grévistes ont lu avec intérêt l'appel du WSWS à construire des comités de grève ouvriers indépendants et à s’orienter vers la lutte révolutionnaire internationale de la classe ouvrière.
(Article paru en anglais le 23 novembre 2019)