Des millions de personnes manifestent contre le changement climatique, le capitalisme et la guerre

Quatre millions de personnes ont participé à la grève mondiale contre le changement climatique sur tous les continents vendredi, dont un grand nombre d’élèves qui ne sont pas allés à l’école. Des manifestations dans plus de 5.800 endroits dans 161 pays ont commencé en Australie et dans le Pacifique, puis en Asie, en Antarctique, en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord et du Sud. Il s’agit de la troisième grève du climat de ce type cette année, après les manifestations mondiales de masse similaires de mars et mai derniers, et la plus importante à ce jour.

Les protestations portaient sur l’inaction et l’incapacité des gouvernements du monde à prendre des mesures significatives pour résoudre la crise. Ceci, malgré les avertissements de plus en plus terribles des Nations Unies et d’autres agences. Ces estimations prédisent que si les émissions de gaz à effet de serre continuent, au moins la moitié de la population mondiale sera confrontée à une ou plusieurs catastrophes liées au climat dans la prochaine décennie. Les sommets internationaux sur le climat, tels que l’Accord de Paris de 2015, qui se sont révélés sans valeur face à la crise, ont suscité une indignation similaire.

D’importantes manifestations ont également eu lieu dans tout le Pacifique Sud, notamment aux Îles Salomon et à Fidji. Les pays de la région sont parmi les plus durement touchés par l’aggravation de la crise climatique due à l’élévation rapide du niveau de la mer.

Les opinions politiques des participants étaient très variées. Le capitalisme, cependant, était un terme péjoratif pour l’écrasante majorité des manifestants. Beaucoup ont exprimé leur indignation devant le refus des gouvernements de prendre des mesures. Cela fait des années qu’ils évitent de s’attaquer à ce problème. Les manifestants ont parlé de la subordination de la vie aux intérêts des riches sous le capitalisme.

La manifestation à Sydney

«Le problème, c’est que les grandes entreprises n’ont pas de comptes à rendre», explique Ondina, une travailleuse salvadorienne en informatique qui vit à Stuttgart, en Allemagne. «Ils ne devraient pas avoir le droit d’être si puissants. Ils veulent tirer le meilleur parti de tout, des marchés, de leurs travailleurs et de l’environnement. Tous ceux qui sont conscients de cette exploitation devraient commencer à agir. Les gouvernements ne changeront rien à cela, c’est pourquoi nous devons faire quelque chose.»

De nombreux manifestants ont fait le lien entre les inégalités environnementales et les inégalités sociales et le danger de guerre. Beaucoup sont nés après 2001 et ont vécu toute leur vie dans des guerres perpétuelles menées par les États-Unis. Sarah, une étudiante canadienne à Paris, a noté qu’«il y a tant de causes aujourd’hui, tant de choses pour lesquelles on peut se battre… Je suis aussi préoccupée par la guerre. C’est parce qu’ils dépensent tant d’argent dans l’armée et qu’ils ont ces armes et ces chars et qu’ils veulent une excuse pour les utiliser.»

Des membres du Parti de l’égalité socialiste (PES) et des Étudiants et jeunes internationalistes pour l’égalité sociale (IYSSE) et d’autres partisans du World Socialist Web Site ont participé à des manifestations dans plusieurs pays. Ils ont distribué des exemplaires de la déclaration du WSWS «La seule solution au changement climatique est le socialisme mondial», qui explique la lutte du PES contre le capitalisme pour mobiliser la classe ouvrière.

Kourosh, étudiant en droit à San Diego, a reconnu que le capitalisme est la source de la crise climatique. «Toute discussion sur le changement climatique doit inclure le socialisme et le système économique. De plus, l’armée est un grand pollueur dont on ne parle pas dans les cercles libéraux. Je suis définitivement pour le socialisme». Kourosh a mentionné également qu’il étudie le droit pour défendre les droits démocratiques. Cela comprend, a-t-il ajouté, la protection des lanceurs d’alerte comme Julian Assange et Chelsea Manning.

Dans la ville régionale ouvrière de Newcastle, en Australie, Daniel et Haily sont venus apporter leur soutien aux étudiants. «Le système n’est pas conçu pour l’esprit humain,» dit Daniel. «Nous devons comprendre que nous ne sommes pas dans un système conçu pour aller de l’avant. Actuellement, ce qui est promu, c’est l’avidité et la gourmandise. Il n’est pas conçu pour “Monsieur Tout-le-Monde” (comme vous et moi), mais pour le 1 pour cent, les propriétaires de Johnson & Johnson et autres. C’est dégoûtant! Nous avons besoin d’une société qui donne aux gens les moyens de poursuivre des objectifs sociaux. Une fois que les gens auront le pouvoir, il n’y a pas de limite à ce que nous pourrons faire!»

Martin à Miami a noté la nature politiquement amorphe des slogans officiels: «C’est la première manifestation à laquelle je participe, et je ne sais pas si je le referai. Ce n’est pas vraiment politique, ils n’ont pas de perspective. Beaucoup de gens ne savent pas vraiment pourquoi ils sont là. Alexandria Ocasio-Cortez s’intéresse à cette question pour son propre intérêt politique, mais elle ne peut et ne veut rien faire pour changer cela.»

Ocasio-Cortez a récemment voté pour la proposition de 738 milliards de dollars de dépenses militaires du président américain, Donald Trump. Elle est l’une des auteurs du «Green New Deal», qui se base sur la fiction que tout peut être fait pour arrêter le changement climatique dans le cadre du Parti démocrate, le nationalisme et le système capitaliste.

L’opposition à la politique de l’establishment s’est aussi vivement exprimée à Manchester. Andy Burnham, le maire, qui appartient à l’aile droite blairiste du Parti travailliste, a profité de la manifestation de 2.000 personnes pour se montrer en public. Cela s’est retourné contre lui, puisque des jeunes l’ont dénoncé, y compris un jeune manifestant de dix ans qui l’a dénoncé, non seulement pour son inaction sur les changements climatiques, mais aussi pour son bilan dans la mise en œuvre des politiques de droite en tant que maire.

Ynez à Los Angeles a parlé contre ceux qui préconisent des solutions pour le réchauffement de la planète par le biais de «régime alimentaire» ou de «style de vie». «Certaines personnes vous feront croire que le changement climatique est la responsabilité de chacun et se concentreront sur quelque chose comme utiliser uniquement des bouteilles d’eau réutilisables, mais ce n’est qu’un changement minime. Nous devons faire des changements systémiques pour arrêter les horribles choses qu’on fait à la Terre.»

D’autres questions politiques ont été soulevées, notamment le soutien généralisé à la grève nationale en cours des travailleurs de l’automobile américains contre General Motors. Il y avait aussi un sentiment général contre les médias de l’establishment et les partis dits «de gauche» dans chaque pays, en dépit du soutien qu’ils ont donné en apparence.

L’afflux massif de ressources nécessaires pour stopper et inverser le changement climatique nécessite une réorganisation de la vie économique, sociale et politique à l’échelle internationale. La production d’énergie doit être coordonnée à l’échelle mondiale afin de passer à des formes renouvelables, ce qui exige les recherches scientifiques les plus sérieuses sur les nouvelles techniques et idées. Cependant, un tel changement fondamental entre en conflit direct avec le système de l’État-nation et la volonté des entreprises de réaliser des profits privés.

Certains secteurs des grandes entreprises, comme les entreprises de combustibles fossiles, s’opposent ouvertement à toute concession au mouvement croissant de lutte contre le changement climatique. Mais les capitalistes de tous les pays, y compris les 3.024 entreprises qui, d’une manière ou d’une autre, sanctionnent le cycle actuel de grèves climatiques, sont également opposés à toute action sérieuse. Ils espèrent qu’en apposant une étiquette «verte», ils pourront neutraliser les protestations et détourner des millions de travailleurs et de jeunes d’une lutte contre le système de profit.

Il ne s’agit pas de faire appel aux pouvoirs en place, mais de s’opposer directement à la domination de la société par une poignée de milliardaires et au système social qu’ils dirigent. En même temps, comme le démontre objectivement le caractère mondial des manifestations, les étudiants doivent s’orienter vers la force sociale révolutionnaire et internationale décisive: la classe ouvrière.

Un siècle de développement capitaliste non planifié et de plus en plus irrationnel a provoqué une crise écologique mondiale. Mais les progrès scientifiques et technologiques réalisés au cours du siècle dernier permettent de faire face à cette crise d’une manière rationnelle et socialement bénéfique. Cependant, pour libérer les ressources nécessaires à la lutte contre le changement climatique – et contre la guerre, la pauvreté et l’inégalité – il faut une réorganisation socialiste complète de la vie économique. L’économie doit être placée sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière, la seule force sociale capable d’établir une société fondée sur les besoins humains, y compris un environnement mondial sain.

(Article paru en anglais le 21 septembre 2019)

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