Alors que Macron a annoncé vendredi avoir répondu aux attentes des « gilets jaunes » et les a appelés à voter aux élections européennes, les « gilets jaunes » sont descendus dans toute la France pour un 27e samedi de manifestation. Le ministère de l’Intérieur annonce 15.500 manifestants, contre 41.000 selon le « nombre jaune ».
Des manifestations se sont tenues à Toulouse, Bordeaux, Lyon, Marseille ou encore Amiens. Sur Nancy et Reims se tenaient des évènements « nationaux » appelant « une marée jaune pour le droit de manifester ». Sur la façade de la Métropole du Grand Nancy, les manifestants ont accroché un gilet jaune et décroché le drapeau de l’Union Européenne. Sur Reims des affrontements ont eu lieu avec les CRS.
A Paris, la préfecture annonce 1.600 « gilets jaunes ». Un événement lancé sur Facebook les appelait à « regagner le droit de manifester sur les Champs Elysées », malgré l’interdiction de toute manifestation dans ce secteur. Quelques centaines d’entre eux se sont retrouvés au pied de la tour Total, dans le quartier de la Défense, pour protester « contre la hausse des prix et taxes des carburants ». Ils se sont retrouvés entourés d’un cordon de CRS et encadrés par des cars de gendarmes mobiles. Le cortège s’est dirigé vers le Sacré-Cœur dans le calme.
Le WSWS, qui a pu s’entretenir avec des « gilets jaunes » a trouvé que ces derniers sont déterminés à lutter contre son gouvernement et le danger posé par les menaces de guerre contre l’Iran et l’emprisonnement du fondateur de Wikileaks, Julian Assange
Les reporters du WSWS ont rencontré Julien travaillant dans un centre d’appel venu manifester contre les mesures économiques du gouvernement Macron: « Le gouvernement défend les intérêts des multinationales. Les inégalités sont de plus en plus criantes. Il y a beaucoup de milliardaires et de millionnaires dans ce pays et de l’autre beaucoup de travailleurs pauvres et de clochards sur Paris. Les salaires sont trop bas, le SMIC à 1100 euros ce n’est pas assez pour vivre ».
Romain a dit être aussi vouloir « défendre nos droits démocratiques. Les médias et le pouvoir politique sont contre les ‘gilets jaunes’, on voit comment ils ont instrumentalisé l’histoire de l’hôpital. Ils ont prétendu que les gilets jaunes attaquaient l’hôpital, mais c’est faux. »
Il a ajouté: « Les médias de toute façon ce sont des médias bourgeois, il faut reprendre le terme exact, ils défendent la vision du monde et les intérêts de la bourgeoisie. Julian Assange est un vrai journaliste parce qu'en France ce que l'on voit, c'est qu'il y a des propagandistes. Il y a des gens qui ont leur carte de presse mais en fait ils sont là pour défendre le gouvernement et le patronat. Assange est un vrai journaliste. Il dévoile des choses. C'est pour ça qu'il est en danger. »
Interrogé sur la nécessité d’unir les travailleurs contre les inégalités sociales, la menace de guerre et la défense d’Assange, Romain a dit: « Moi je suis internationaliste, évidemment il faut être dans une perspective mondiale puisque le capitalisme est mondial et donc les luttes doivent être aussi mondiales c'est évident. Donc effectivement nous on se bat je me bats en France parce que je suis dans ce pays. Mais évidemment je suis solidaire du combat de Julian Assange et du combat des autres luttes dans le monde. On voit que les peuples sont menacés dans le monde entier on voit le Venezuela les ingérences qui sont faites l'Iran aussi. Dès que les pays libres veulent être indépendants on voit qu'ils auront des attaques économiques ou militaires ou médiatiques contre ces peuples. »
Le WSWS a ensuite discuté avec un « gilet jaune » voulant rester anonyme, venu « résister à l'absence de solutions apportées par ce gouvernement. Il faut faire une remise à plat beaucoup plus large. C'est la deuxième fois qu'on vient ici et ça se passe pacifiquement. On revendique et on espère que ça ramènera de plus en plus de monde. Quand vous voyez la semaine dernière les manifestations, il y a des convergences, les ‘gilets jaunes’, les urgences, l’école et dans les campagnes sur les augmentations du prix de l’essence. »
Questionné sur un bilan des six mois de mobilisation, le gilet jaune affirme que « contrairement à ce que disent les médias, tout ne va pas bien. Il y a beaucoup de mécontentement mais les médias essaient de les bâillonner. »
Interrogé sur l’emprisonnement d’Assange, ce gilet jaune répond: « C’est la même histoire. On le bâillonne par des moyens juridiques détournés, l'histoire du viol etc. On se rend compte qu'à l'échelle internationale, on n'a pas vraiment une démocratie. Les journalistes qui font leur travail ne doivent pas être mis en prison, comme on fait avec Assange. »
Soulignant le danger de guerre, le gilet jaune affirme: « Pour résoudre les problèmes à l’étranger, il faut résoudre les problèmes en France, car nous sommes responsables des problèmes en Afrique que nous avons colonisée. On a vu avec les ventes d’armes pour l’Arabie Saoudite qui devait servir au Yémen, vous voyez nous sommes impliqués dans ces guerres. Nous devons changer le système. »
Enfin le WSWS a fait la connaissance de Vincent, professeur des écoles présent sur Paris pour manifester contre les inégalités: « Cela fait six mois qu’on veut changer la République qui enrichissent les multinationales contrairement aux travailleurs et qui augmentent la dette de l’État. »
Sur la réforme de l’éducation nationale, Vincent explique: « Les écoles ont besoin d'argent. Puisque l'État enlève une partie des dotations aux municipalités, les écoles doivent gérer. Les locaux tombent en ruine. Dans ma classe j'avais des fils d'eau, il y a des morceaux de plafond qui sont tombés. On manque de professeurs en général, il n'y a ni les locaux bi le nombre de fonctionnaires de maîtresses et de maîtres d'école pour gérer les classes. »
Sur la suite à donner au mouvement des gilets jaunes, Vincent explique qu’il « faut essayer de convaincre le plus de personnes possible à être un peu plus virulent. C'est sûr que faire des petites marches dans Paris et rentrer chez soi le samedi soir, ça ne marche pas. Ça fait six mois que ça ne marche pas. Donc faire des actions plus fortes ou ce genre de choses. »
Interrogé sur Assange, Vincent a fait part de son soutien au fondateur de Wikileaks: « C’était quelqu'un qu'il ne fallait pas mettre en prison et il fallait le faire venir en France pour qu'il soit protégé. C'est sûr que l'extrader en Angleterre c'était le meilleur moyen pour qu'il aille en prison et qui croupissent jusqu'à la fin de ses jours. Ça c'est sûr. L'Etat français aurait dû dire non on n'accepte pas qu'il soit extradé. »
Sur les menaces de guerre entre les Etats-Unis et l’Iran, Vincent dit: « Il va sûrement y avoir une guerre à un moment ou un autre. La France doit tout faire pour l'empêcher, comme on avait fait pour la guerre en Irak même si ça n'avait pas fonctionné. Une guerre ça entretient le capitalisme, et ça fait toujours venir des sociétés étrangères qui vont pouvoir piller le pays au bout d'un moment. Donc oui il faut tout faire contre. »