Le père d'Assange dit aux manifestants que le gouvernement australien doit obtenir la libération de son fils

Vendredi dernier, John Shipton, le père de Julian Assange, Oscar Grenfell, candidat à l’élection du Parti socialiste pour l’égalité, l’avocat Greg Barns et d’autres intervenants ont pris la parole devant les manifestants à Sydney. Shipton a insisté pour que le gouvernement australien obtienne immédiatement la libération de l’éditeur, journaliste et citoyen australien de WikiLeaks.

La manifestation de Sydney a eu lieu devant l’ambassade des États-Unis à Martin Place, puis devant le bâtiment voisin du ministère des affaires étrangères et du commerce. La manifestation a eu lieu deux jours après qu’un tribunal britannique a condamné Assange à 50 semaines de prison pour de fausses accusations qu’il a violé les conditions de sa libération sous caution.

Organisée par la Support Assange and WikiLeaks Coalition, cette manifestation était l’une des nombreuses manifestations organisées dans le monde entier pour défendre l’Assange lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

John Shipton, le père biologique d’Assange, a déclaré aux manifestants que l’Équateur avait «vendu» son fils en échange d’un prêt de plusieurs milliards de dollars du Fonds monétaire international. On persécutait Julian, disait-il, pour avoir révélé le «grand récit de chaque crime odieux» commis par les États-Unis et d’autres pays.

«La conséquence de la révélation de ces crimes par WikiLeaks: la destruction de l’Irak, la destruction de l’Afghanistan, la destruction de la Syrie, la destruction de la Libye, des millions de morts, c’est qu’ils veulent leur revanche vindicative», a dit Shipton.

Le père d’Assange a qualifié l’emprisonnement de son fils d’«un scandale» et a appelé le gouvernement à intervenir et à obtenir sa libération. «Australie, nous [devons] travailler ensemble pour ramener Julian à sa famille, à ses enfants et pour donner au gouvernement australien le courage d’arrêter d’y participer en ne faisant rien.»

Oscar Grenfell, candidat aux élections fédérales du Parti de l’égalité socialiste à Parramatta, a déclaré que la défense d’Assange était une question politique décisive pour la classe ouvrière.

Ce qui se prépare, disait-il, «c’est une opération de déportation extrajudiciaire, avec une feuille de vigne pseudo-judiciaire qui créera un précédent pour l’abolition de la liberté de la presse. Le but est d’envoyer un message clair à la classe ouvrière: si vous lancez des actions sociales et politiques qui mettent en cause le pouvoir en place, vous ferez face à la répression de l’État.»

Grenfell a déclaré que c’est la complicité des gouvernements australiens successifs qui a rendu possible ces attaques antidémocratiques. «En commençant par le gouvernement travailliste soutenu par les Verts de Julia Gillard, chaque gouvernement australien a participé à la vendetta menée par les États-Unis contre Assange. Ils ont refusé de défendre un journaliste persécuté et un citoyen australien.»

«Il ne s’agit pas que des grands partis. Aucun des autres partis n’a fait de la défense de Julian une question centrale dans cette élection. Par leur soutien actif aux attaques contre lui, ou leur complicité silencieuse, les partis parlementaires signalent qu’ils sont des organisations pro-impérialistes, engagées dans les guerres américaines et dans la répression de ceux qui les dénoncent. Les médias australiens ont également joué un rôle honteux.»

Grenfell a déclaré que c’était nécessaire de mobiliser la classe ouvrière internationale qui entrait maintenant dans des luttes sociales et politiques majeures contre l’austérité, la guerre et l’autoritarisme.

«Des millions de travailleurs et de jeunes considèrent Assange comme un héros, à juste titre», a ajouté Grenfell. «C’est notre tâche de forger ces sentiments en un mouvement politique de masse. Ce mouvement obligera le gouvernement australien à utiliser toute ses capacités juridiques et ses pouvoirs diplomatiques pour assurer le retour d’Assange en Australie. Lui donnant une garantie contre son extradition vers les États-Unis.»

Mary Kostakidis, ancienne présentatrice de nouvelles télévisées et journaliste du Special Broadcasting Service (SBS), a déclaré au rassemblement que la société avait une grande dette envers des gens comme Assange, Chelsea Manning et d’autres qui sont «prêts à risquer leur liberté et leur vie pour que des informations importantes soient rendues publiques».

Kostakidis a noté l’escalade des attaques du gouvernement contre la liberté de la presse, les journalistes et les dénonciateurs, et a félicité Assange pour avoir créé WikiLeaks. «La technologie numérique a démocratisé la circulation de l’information», a-t-elle dit. Ce faisant, elle a miné la capacité des «gardiens traditionnels de l’information de décider ce qui est approprié et acceptable pour que le public puisse voir et entendre.»

La bataille d’aujourd’hui, poursuit-elle, «c’est pour assurer le droit à l’information du grand public dans un environnement de communication du XXIe siècle. Les gouvernements envoient le message que si vous publiez nos secrets, nous vous enfermerons à vie. Si vous essayez de protéger vos sources, nous allons vous poursuivre.»

Kostakidis a appelé d'autres journalistes à défendre Assange: «À mes collègues des médias grand public: Ne vous laissez pas distraire par des questions insignifiantes comme celle de la personnalité perçue. Tout cela pour détourner l'attention des questions de la plus haute importance qui sont en jeu ici...»

«Si les actes répréhensibles restent cachés à perpétuité, cela affaiblit la presse et sa capacité à demander des comptes aux puissants. Cela sabote notre démocratie.»

Lissa Johnson, une psychologue clinicienne de Sydney, a beaucoup écrit pour la défense d’Assange. Elle a déclaré au rassemblement que la profession de psychologue doit à Assange «une énorme dette de gratitude» pour la publication par WikiLeaks des Fichiers de Guantanamo en 2011.

Ces informations, qui étaient auparavant secrètes, ont révélé la collaboration des membres de l’Association américaine de psychologie avec les tortures infligées par l’armée américaine à des prisonniers dans la prison notoire et sur les sites secrets de la CIA à travers le monde.

Johnson a dénoncé les médias de grand public pour ses attaques contre Assange et pour «la banalisation et l’aseptisation des atrocités» et la «guerre psychologique contre Julian Assange, avec des calomnies sans fondement et vicieuses.»

Elle a fait référence à la menace du directeur de la CIA, Mike Pompeo, en 2017 de «faire tomber» WikiLeaks et de poursuivre avec «une grande vigueur» d’autres «petites plateformes médiatiques». Johnson a dit que cela s’inscrivait dans le cadre de la guerre de Washington contre tous les reportages authentiques et la liberté d’expression.

Parmi les autres personnes qui ont pris la parole lors du rassemblement, mentionnons Scott Ludlum, ancien sénateur vert, Greg Barns, l’avocat australien en chef d’Assange, et Paul Gregoire, rédacteur pour le site Web «Sydney Criminal Lawyers» (Les avocats criminels de Sydney).

Une partie du rallye

Ludlum a été sénateur des Verts sous le gouvernement minoritaire des travaillistes et verts de la Première ministre, Julia Gillard, entre 2010 et 2013. Gillard a faussement prétendu que les activités de WikiLeaks étaient «illégales» et a approuvé la persécution d’Assange par Washington. Ludlum et les Verts ont refusé de rompre avec la coalition «de facto» après l’attaque scandaleuse de Gillard.

Ludlum, qui écrit occasionnellement pour The Guardian, a peu parlé d’Assange au cours des deux dernières années. L’ancien sénateur des Verts a fait des commentaires pour la forme sur l’emprisonnement d’Assange et son extradition éventuelle vers les États-Unis et a déclaré aux manifestants que ce serait une «lutte longue». Il n’a fait aucune demande au gouvernement australien ou au Parti travailliste et n’a même pas mentionné les Verts.

Greg Barns a évoqué les manifestations de masse qui ont forcé Canberra à obtenir la libération du citoyen australien David Hicks, qui a fait l’objet de déportations extrajudiciaires par les États-Unis qui l’ont mis en prison illégalement à Guantánamo entre 2002 et 2007.

«Si Assange est extradé du Royaume-Uni, il sera emmené aux États-Unis de la même manière que Hicks, et soumis à la torture et à des peines cruelles et inhabituelles [le terme décrivant les peines interdites dans la constitution]. Le gouvernement australien avait l’obligation de ramener David Hicks en Australie. Elle a l’obligation de ramener Julian Assange en Australie», a déclaré Barns.

«Quiconque qui se fait élire au gouvernement le 18 mai, que ce soit Morrison ou Shorten, cette affaire ne va pas disparaître. Il doit être traité comme une priorité urgente… Nous ne serons pas réduits au silence.»

Autorisé par James Cogan pour le Parti de l'égalité socialiste, Suite 906, 185 Elizabeth Street, Sydney, NSW, 2000.

(Article paru d’abord en anglais le 6 mai 2019)

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