Le 1er mai, jour de la solidarité ouvrière internationale, le Comité international de la Quatrième Internationale et le «World Socialist Web Site» adressent leurs salutations aux travailleurs en lutte à travers le monde.
En tant que représentants du mouvement trotskyste mondial, nous envoyons aussi nos salutations fraternelles à toutes les victimes de l’injustice de la classe dirigeante, et en particulier aux travailleurs cruellement victimisés de Maruti Suzuki en Inde, aux réfugiés démunis du Moyen-Orient qui souffrent de la persécution brutale des gouvernements impérialistes et capitalistes hostiles qui nient leurs droits fondamentaux, aux victimes à Gaza de la violence du régime israélien, et aux immigrés à l’intérieur des États-Unis, traqués et déportés lors de raids qui rappellent ceux de la Gestapo. Le Comité international salue également Julian Assange, qui poursuit sa vaillante lutte pour dénoncer la criminalité impérialiste, et s’engage à redoubler d’efforts pour assurer sa liberté.
Le Comité international et le «World Socialist Web Site» déclarent également le 1er mai 2018 que nous ne ménagerons aucun effort pour rallier la classe ouvrière internationale et les jeunes du monde entier à la lutte contre les attaques croissantes contre les droits démocratiques, la menace de l’autoritarisme et le danger grandissant de guerres catastrophiques.
Le 1er mai de cette année est investi d’une signification historique exceptionnelle. Il est célébré à l’approche du 200e anniversaire de la naissance du plus grand philosophe matérialiste et penseur révolutionnaire du monde moderne, Karl Marx, le 5 mai 1818. Le tocsin qu’ont sonné Marx et son camarade et ami de longue date, Friedrich Engels, dans le Manifeste communiste — «Travailleurs du monde, unissons-nous!» — résonne puissamment aujourd’hui, alors que la lutte des classes éclate à nouveau au grand jour.
Aux États-Unis, le centre du capitalisme mondial, la classe ouvrière—après des décennies de trahisons par des syndicats corporatistes—s’active. Des dizaines de milliers d’enseignants à travers le pays luttent contre la baisse des salaires, les coûts des soins médicaux et les conséquences de décennies d’austérité imposée par les démocrates et les républicains. En Europe, les travailleurs français s’opposent aux ordonnances dictatoriales du président Emmanuel Macron, tandis que des conférenciers au Royaume-Uni et des centaines de milliers de travailleurs industriels en Allemagne ont lancé des grèves importantes plus tôt cette année. En janvier, les travailleurs grecs ont débrayé dans la navigation et les transports publics pour s’opposer à l’austérité imposée par le gouvernement capitaliste de Syriza, dirigé par l’imposteur politique réactionnaire, Alexis Tsipras.
Les quatre premiers mois de 2018 ont vu des luttes dans le monde entier: manifestations de masse contre l’austérité en Iran en janvier; grèves d’enseignants et de conférenciers au Nigeria, au Kenya et au Zimbabwe; une grève nationale des enseignants en Tunisie; grèves d’enseignants au Mexique, au Brésil et à Porto Rico; une grève de trois semaines des travailleurs de la technologie en Chine; une grève des travailleurs de l’automobile à Windsor, Canada et beaucoup d’autres.
Ces développements ne sont qu’une première étape de l’émergence internationale et explosive de la lutte des classes. Ils démentent toutes les intrigues réactionnaires de la pseudo-gauche petite-bourgeoise qui a abandonné la classe ouvrière en tant que force sociale révolutionnaire en affirmant que les luttes dans la société moderne seraient centrées sur la race, le genre et l’orientation sexuelle.
Ceux qui ont rejeté le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière l’ont fait pour justifier leur alliance et leur allégeance aux bureaucraties syndicales réactionnaires. Aucune position du Comité international de la Quatrième Internationale n’a été aussi amèrement attaquée par la pseudo-gauche que son exposition du rôle droitier anti-ouvrier des syndicats. Et pourtant, le conflit entre les travailleurs et les syndicats est une caractéristique déterminante de la montée de les luttes ouvrières en 2018.
«Le rôle de ces appareils bureaucratiques dans tous les pays», écrivait en 1993 la Ligue ouvrière, prédécesseur du Parti de l’égalité socialiste (SEP) américain, «ayant été de faire pression sur le patronat et l’État pour qu’ils accordent des acquis aux travailleurs, se transforme en ceci: faire pression sur les travailleurs pour qu’ils renoncent à ces acquis afin d’attirer le capital.» Le montée de la lutte des classes, expliquait le PES, provoquerait des conflits de plus en plus durs entre ces organisations et les travailleurs.
Cette analyse a été confirmée dans les expériences de millions de personnes. Depuis plus d’un quart de siècle, les syndicats s’efforcent de supprimer toute opposition à une redistribution de la richesse vers les riches sans précédent historique. A présent, le pourcentage le plus riche de la population mondiale contrôle plus de la moitié de la richesse mondiale. Il devrait en contrôler les deux tiers d’ici 2030.
Face à la montée de l’opposition à l’inégalité et à l’austérité, les syndicats redoublent d’efforts pour isoler et étouffer toute résistance ouverte aux diktats de l’aristocratie financières. Aux États-Unis, 25.000 travailleurs ont participé à arrêts de travail majeurs l’année dernière, un record pour l’absence de grèves depuis 1947, alors que chaque sondage montre une immense colère sociale et une opposition au capitalisme. Au Royaume-Uni, le nombre de journées de travail perdues en raison des grèves s’est établi à 322.000 en 2016 et à 170.000 en 2015, contre 27 millions en 1984, l’année de la grève des mineurs.
Les efforts des travailleurs—et notamment des enseignants américains—pour organiser des grèves en dehors des syndicats sèment la terreur dans le cœur de l’élite dirigeante. Face au recours par les travailleurs aux réseaux sociaux pour coordonner leur opposition, ils intensifient la campagne de censure d’Internet lancée par la Google et sa manipulation des algorithmes de recherche l’année dernière. Le WSWS, qui se bat inlassablement pour l’organisation indépendante et la mobilisation de la classe ouvrière, est une cible centrale.
Les efforts des partis capitalistes, des syndicats et de leurs auxiliaires petit-bourgeois pour étouffer la lutte de classe échoueront; uns échouent déjà. «L’orientation des masses», écrivait Léon Trotsky dans le document fondateur de la Quatrième Internationale, «est déterminée, d’une part, par les conditions objectives du capitalisme pourrissant ; d’autre part, par la politique de trahison des vieilles organisations ouvrières. De ces deux facteurs, le facteur décisif est, bien entendu, le premier: les lois de l’histoire sont plus puissantes que les appareils bureaucratiques».
Les lois de l’histoire et les contradictions du capitalisme ont créé une force sociale—la classe ouvrière internationale—qui, par son entrée en lutte, bouleverse tous les calculs des élites dirigeantes capitalistes.
La mondialisation de la production capitaliste, qui sape la perspective réformiste nationale des appareils syndicaux et des partis sociaux-démocrates a énormément renforcé la classe ouvrière internationale, avec l’addition de centaines de millions de travailleurs en Chine, en Inde et dans d’autres pays opprimés. La transformation des formes de télécommunication liée à Internet permet aux travailleurs du monde entier de partager des informations et de s’organiser instantanément. La croissance extrême de l’inégalité sociale crée un vaste réservoir de colère sociale qui mine la crédibilité et l’autorité des institutions de la classe dirigeante.
Les conséquences sont révolutionnaires. Au départ, les luttes de classe sont centrées sur les salaires, l’attaque contre les soins, et les conditions de travail de diverses couches de travailleurs. Mais la lutte pour garantir le droit à un salaire décent, aux soins, à l’éducation publique, à une retrait sont des questions de classe et non de corporation. Ils posent à la nécessité d’unifier tous les travailleurs, dans tous les pays et toutes les branches, en un mouvement commun. Comme le soulignaient Marx et Engels, chaque lutte de classe est une lutte politique, une lutte pour le pouvoir. On ne peut satisfaire à aucun besoin social urgent sans une attaque frontale contre la richesse et les privilèges des oligarchies capitalistes qui contrôlent l’État et ses organes auxiliaires.
De plus, les travailleurs font face non seulement aux conséquences de l’exploitation et de l’inégalité mais, lié à cela, au danger de guerre mondiale et de l’autoritarisme. Assaillies de toute part par des crises insolubles, des conflits internes féroces et des tensions sociales, les classes dirigeantes se préparent à un niveau de violence militariste et de répression intérieure qui rappellera les pires horreurs du XXe siècle.
Si significatives que soient les expressions initiales de la résistance de la classe ouvrière, elles ne résoudront pas les tâches historiques de la classe ouvrière internationale. Le programme de la classe ouvrière n'est pas de réformer le capitalisme, mais de le renverser. Comme l'écrivait Marx en 1865 :
Les ouvriers ne doivent pas s'exagérer le résultat final de cette lutte quotidienne. Ils ne doivent pas oublier qu'ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu'ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu'ils n'appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. Il faut qu'ils comprennent que le régime actuel, avec toutes les misères dont il les accable, engendre en même temps les conditions matérielles et les formes sociales nécessaires pour la transformation économique de la société. Au lieu du mot d'ordre conservateur : « Un salaire équitable pour une journée de travail équitable », ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d'ordre révolutionnaire : « Abolition du salariat ». [Salaire, prix et profit]
L’abolition du salariat, c’est-à-dire du capitalisme, est la question politique brûlante. Il s’agit de transformer l’opposition massive à la guerre, l’inégalité et la dictature, les luttes croissantes des travailleurs et des jeunes du monde entier en un mouvement politique conscient pour prendre le pouvoir et reconstruire la vie économique sur la base du contrôle rationnel, de la coordination internationale et de l’égalité sociale.
L'instrument essentiel dans l'accomplissement de cette tâche est la direction révolutionnaire, le Comité international de la Quatrième Internationale, le mouvement trotskyste mondial. Pour célébrer le 1er Mai et le 200e anniversaire de la naissance de Karl Marx, nous appelons tous nos lecteurs à prendre la décision de rejoindre et de construire le CIQI, composé de Partis de l’égalité socialiste à travers le monde, et son mouvement de jeunesse, l’« International Youth and Students for Social Equality » (IYSSE).
Rejoignez-nous le samedi 5 mai, à 23 h 30 CET, à l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de Marx, l’ICFI organise son Rallye international en ligne pour célébrer 1er mai, qui sera diffusé en direct dans le monde entier à l’adresse wsws.org/mayday. Nous invitons tous nos lecteurs et tous les travailleurs du monde entier à s’inscrire et à participer le 5 mai 2018.
(Article paru d’abord en anglais le 1er mai 2018)