Le Bulletin du WSWS des travailleurs en grève de Verizon exhorte les travailleurs de Verizon et d'ailleurs à télécharger et à imprimer la présente déclaration, et à la partager sur les médias sociaux, à l'envoyer à leurs collègues et à signer la pétition que font circuler les travailleurs de la base.
Les travailleurs s'opposent de plus en plus à la tentative des CWA (Communications Workers of North America) de forcer les grévistes de Verizon à retourner au travail sans même avoir vu la version finale d'un contrat de travail ou même le droit de voter dessus.
Dans le but d'apaiser la colère des travailleurs, les CWA ont publié un résumé de 10 pages d'une supposée entente de principe, ainsi que plus de 100 pages de protocoles d'entente. Le syndicat des CWA a également annoncé la tenue de quelques réunions locales et téléconférences mardi et mercredi, avec la tenue immédiate de votes et d'autres, du moins à New York, qui s'étendront jusqu'au 7 juin.
Toutefois, le syndicat déforme les faits: les travailleurs n'ont toujours pas de contrat de travail entre leurs mains, pour ne pas dire peut-être même pas de contrat du tout! Ce «vote» est une fraude, car il n'a pas d'impact sur la fin de la grève. C'est une violation flagrante des procédures démocratiques les plus élémentaires et de la procédure régulière que les travailleurs ne peuvent accepter!
Il est facile de voir pourquoi Shelton, Mooney et leurs acolytes ne veulent pas que les travailleurs aient la chance de lire et de voter sur quelque entente que ce soit. Alors qu'ils essaient de peindre l'affaire sous le jour le plus favorable qui soit, le fait qu'il y ait si peu d'information dans leur résumé démontre qu'il s'agit en fait d'une capitulation totale devant les exigences du géant des télécommunications.
Après avoir accepté des concessions sans précédent dans la couverture des soins de santé en 2011-2012, les CWA et la Fraternité internationale des ouvriers en électricité – FIOE (International Brotherhood of Electrical Workers – IBEW) acceptent maintenant de nouveaux reculs totalisant des centaines de millions de dollars en faisant davantage porter les coûts médicaux sur les épaules des travailleurs et leurs familles. Le tableau reproduit dans leur résumé montre en effet une augmentation générale des cotisations dans toutes les catégories, depuis les primes mensuelles aux franchises annuelles à payer pour les visites chez le médecin et à la salle d'urgence.
Le résumé montre également une augmentation des frais à débourser pour les médicaments d'ordonnance et des frais écrasants pour les travailleurs qui ne s'inscrivent pas sur des «listes préférentielles» pour obtenir des médicaments à rabais. Des dizaines de milliers de retraités verraient également des sommes plus élevées sortir de leur poche et subiraient de plus grandes restrictions, ce qui aurait pour effet de raccourcir leur espérance de vie uniquement pour faire épargner à l'entreprise des millions de dollars supplémentaires.
Comme l'a écrit le New York Times, Verizon «enregistre au moins une victoire nette avec ce nouveau contrat de travail: des centaines de millions de dollars d'économies en coûts de soins de santé».
Le résumé du syndicat des CWA mentionne des augmentations de salaire dérisoires de 2,5 pour cent par an en moyenne, soit à peine au-dessus du taux d'inflation notamment pour les travailleurs vivant dans les grandes régions métropolitaines. Le paiement pour les heures supplémentaires est également plafonné. Les pensions seront essentiellement gelées avec une insultante augmentation annuelle de seulement un pour cent.
L'affirmation selon laquelle les syndicats ont obtenu la «sécurité d'emploi» est tout aussi mensongère puisqu'il y aura l'introduction de nouvelles règles en ce qui concerne le transfert des demandes des clients entre les centres d'appels, qui permettront à l'entreprise de supprimer des emplois. L'entente faciliterait également la restructuration de l'entreprise et l'élimination de milliers d'emplois. Un analyste a confié à Fortune que «l'entente est le prélude requis pour permettre à la société de se débarrasser de son unité de lignes terrestres, lui donnant essentiellement quatre ans pour la fermer».
Alors que les CWA affirment qu'ils ont éliminé l'examen d'assurance qualité tant détesté, l'entente prévoit la mise en place d'un organisme paritaire patronal-syndical dans lequel les CWA et la FIOE aideront à imposer l'accélération des cadences et à persécuter leurs propres membres.
Comme pour le reste du monde des affaires aux États-Unis, l'objectif de Verizon est de forcer les travailleurs âgés et mieux payés à prendre «volontairement» des offres de retraite en les soumettant à des conditions de travail impossibles, des affectations de travail sur de longues distances et autres formes de harcèlement. Ces travailleurs, ou du moins une partie d'entre eux, seront remplacés par des travailleurs moins payés qui devront de toute façon payer des cotisations aux CWA et à la FIOE.
Il est évident que Verizon a obtenu les changements les plus importants qu'elle cherchait. Les syndicats claironnent que la société a supposément reculé sur d'autres mesures, mais tout cela fait partie d'une opération bien orchestrée pour les aider à vendre l'affaire.
Une chose est sûre: les travailleurs doivent avoir la version finale du contrat de travail entre leur main et disposer d'amplement de temps pour l'étudier avant tout retour au travail!
Verizon, les CWA et la FIOE savent que si les travailleurs retournent au travail, une reprise de la grève sera beaucoup plus difficile. C'est la raison pour laquelle l'entente a été annoncée pendant la longue fin de semaine du Memorial Day, alors que les travailleurs n'étaient plus sur les piquets de grève et qu'ils avaient du coup moins l'occasion d'en parler et de préparer leur opposition.
L'annonce du retour au travail coïnciderait avec le jour même où les allocations de chômage pour des dizaines de milliers de travailleurs commenceraient dans l'État de New York et autres. Les prestations de grève de la Caisse de défense des CWA sont également sur le point d'augmenter à 400 $ par semaine. Shelton et les autres dirigeants syndicaux savent que toute diminution des pressions économiques sur les travailleurs de la base les rendra d'autant plus déterminés à repousser les demandes de reculs de l'entreprise.
Manifestement, le syndicat a bien planifié son sabotage!
Le Bulletin du WSWS des travailleurs en grève de Verizon exhorte les travailleurs à se réunir, à parler à leurs collègues et à partager des informations sur les médias sociaux pour s'organiser autour des exigences suivantes :
1. Aucun retour au travail tant que les travailleurs n'ont pas la chance d'étudier et de discuter de la version finale du contrat de travail! Les travailleurs doivent avoir les vrais faits, et non pas seulement un résumé tendancieux de faits saillants présentés sous forme de points de discussion.
2. Les piquets de grève doivent reprendre et la grève continuer dans l'attente d'un vote démocratique sur la version finale d'un contrat de travail.
3. Absolument aucun recul ne sera accepté. La question ici n'est pas de savoir ce que les travailleurs vont abandonner, mais bien ce qu'il faut faire pour garantir le droit de tous les travailleurs à un emploi, un programme de soins de santé et une pension de qualité.
Pour organiser une lutte sérieuse, le WSWS appelle les travailleurs de la base à former des comités de grève, indépendants des syndicats.
Par leurs actions, les syndicats ont démontré une fois de plus que dans la lutte de leurs membres contre les sociétés, les organisations qui prétendent les représenter sont de l'autre côté des barricades. Les CWA et la FIOE en effet n'unissent pas les travailleurs, mais les divisent! Ils ne travaillent pas à améliorer le niveau de vie des travailleurs, mais aident dans les faits les directeurs à imposer leurs mesures de réduction des coûts. Ils ne se battent pas pour s'opposer aux briseurs de grève et aux injonctions des cours, mais soutiennent les politiciens capitalistes, tels le président Obama et le maire de New York Bill de Blasio, qui font tout pour aider à briser la grève chez Verizon.
Les travailleurs d'AT&T West de la Californie, du Nevada et d’Hawaii, sont eux aussi sans contrat de travail depuis le début d'avril et impatients de participer à une lutte aux côtés des travailleurs de Verizon. Mais les CWA travaillent systématiquement et de façon persistante à empêcher toute lutte commune des deux côtés des États-Unis, allant même jusqu'à saboter la grève des travailleurs de San Diego la semaine dernière qui, selon les dires mêmes des CWA, était à «quelques heures» de se propager à tout l'État.
Des dizaines de millions de travailleurs veulent se battre. Les enseignants, les employés des compagnies aériennes, les postiers, les travailleurs du commerce de détail de chez Macy’s et des chaînes de supermarchés géants travaillent tous sans contrat de travail et beaucoup ont tenu avec succès des votes de grève. Les alliés des travailleurs de Verizon ne sont pas les politiciens du Parti démocrate, mais bien les travailleurs des États-Unis et de l'étranger qui sont confrontés au même combat.
Peu importe ce qui se passera au cours des deux prochains jours, l'infrastructure des travailleurs de la base doit être construite pour résister et faire progresser la lutte!
(Article paru d'abord en anglais le 31 mai 2016)