Alors que l’establishment politique américain entre dans la phase finale des primaires pour choisir les candidats présidentiels des partis démocrate et républicain, le grave danger à laquelle est confrontée la classe ouvrière américaine et internationale émerge plus clairement. Les principaux candidats des deux partis, la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump, se sont engagés à une vaste escalade militaire après l’élection en novembre.
Dans un discours sur la politique étrangère prononcé mercredi Trump a combiné un nationalisme virulent avec un engagement de procéder à un renforcement massif de l’armée américaine afin de vaincre toute opposition à la poussée de l’impérialisme américain vers la domination du monde.
Déclarant que « America First » (L’Amérique d’abord) était le principe directeur de sa politique étrangère, Trump a proclamé : « Nous allons développer, construire et acheter les meilleurs équipements connus de l’humanité. Notre domination militaire doit être incontestée, et je veux dire incontestée, par qui que ce soit, absolument tout le monde ».
Le magnat milliardaire de l’immobilier a lié la suprématie militaire avec le rétablissement de la situation économique du capitalisme américain qui fut dominante par le passé, en promettant d’éliminer « rapidement » le déficit commercial américain avec la Chine, maintenant de plus de 500 milliards de dollars par année, ainsi que les mille milliards de dollars de déficit commercial du secteur manufacturier américain.
Ces chiffres soulignent le caractère illusoire des ambitions grandioses de Trump. Les déficits commerciaux ne sont pas le résultat de mauvais accords commerciaux, mais le résultat de la baisse prolongée du capitalisme américain sur près d’un demi-siècle. C’est cette crise historique qui pousse l’impérialisme américain à l’utilisation toujours plus téméraire de la force militaire.
Dans la mesure où il a critiqué la politique étrangère américaine des trois derniers gouvernements, ceux de Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama, c’était pour mettre un accent démesuré sur le Moyen-Orient, avec le résultat que la région est aujourd’hui, dans les mots de Trump, « plus instable et chaotique que jamais auparavant ».
Le slogan « America First », l’axe du discours de Trump, est associé historiquement à des sections de l’élite dirigeante des États-Unis orientées plutôt vers la domination du Pacifique que de l’Atlantique. Cela pourrait expliquer le langage relativement conciliant de Trump envers la Russie, qui contraste avec ses demandes stridentes que la Chine se conforme aux États-Unis sur les questions du commerce, de la Corée du Nord et de la Mer de Chine méridionale, des exigences qui sont au cœur du « pivot vers l’Asie », du gouvernement Obama.
Trump ouvertement a lancé un appel de soutien à l’armée. « On devrait donner libre cours à nos généraux et chefs militaires une fois qu’un conflit armé commence », a-t-il dit. « Si l’Amérique se bat », a-t-il dit, « il faut se battre pour gagner ». Se référant aux soldats et anciens combattants américains, il a ajouté : « Un grand pays prend soin de ses guerriers. Notre engagement envers eux est absolu, et je veux dire absolu ».
Trump a conclu ce discours avec une dénonciation du « chant des sirènes du globalisme », déclarant : « L’État-nation reste le véritable fondement du bonheur et de l’harmonie ». Ce ne fut pas la seule partie de son discours à rappeler les discours d’Hitler et de Mussolini.
Les remarques de Trump étaient notables de par leur franchise qui a exprimé l’ambition de la classe dirigeante américaine à dominer le monde. Cependant, la politique de sa probable adversaire démocrate, l’ancienne ministre Hillary Clinton, une représentante plus expérimentée de l’impérialisme américain, est, au contraire, encore plus impitoyable.
L’affrontement probable entre Trump et Clinton sera un choc entre bellicistes. Comme le portrait admirateur dans le New York Times l’a expliqué la semaine dernière, Clinton est la plus belliciste des candidats démocrates et républicains restant en lice et a les liens les plus proches avec l’appareil militaire et du renseignement, en particulier avec les dirigeants du Pentagone. « Malgré toutes leurs fanfaronnades à propos d’écraser l’État islamique sous une pluie de bombes,» le Times a écrit que ni Trump, ni le sénateur Ted Cruz « n’ont nullement démontré le même appétit pour un engagement militaire à l’étranger que Clinton. »
Il est à noter que son équipe de campagne a délégué sa réponse au discours de Trump à l’ancienne ministre Madeleine Albright, l’un des principaux architectes de la guerre contre la Serbie en 1999 et des principaux défenseurs d’une politique de confrontation contre la Russie en Europe orientale.
Bernie Sanders, le rival démocrate de Clinton, joue un rôle crucial dans l’obstruction à ce que le sentiment anti-guerre trouve une expression dans les élections de 2016. Il combine les dénonciations rhétoriques des « millionnaires et milliardaires » et les affirmations frauduleuses de représenter une perspective « socialiste démocratique » avec le soutien inconditionnel de la politique étrangère prédatrice du gouvernement Obama. Lundi, dans une interview sur MSNBC, il a déclaré son soutien au dernier renforcement des troupes d’Obama en Syrie et à « la liste de personnes à assassiner » par les missiles tirés depuis des drones de la Maison-Blanche.
Il y a une énorme opposition à la guerre dans la classe ouvrière américaine et internationale. Les élections ont été dominées par la colère et l’hostilité populaire face à l’establishment politique, en grande partie d’un caractère de gauche. Pourtant, le résultat sera une campagne entre les candidats les plus à droite et partisans des guerres depuis des générations.
La véritable alternative au programme du militarisme impérialiste est la campagne du Parti de l’égalité socialiste. Nos candidats à la présidence et la vice-présidence, Jerry White et Niles Niemuth, sont les seuls à dire la vérité à la classe ouvrière sur les crimes commis par l’impérialisme américain et ceux plus grands encore qui sont en cours de préparation pour après l’élection. Des dizaines de millions de jeunes et de travailleurs doivent être mobilisés contre les va-t-en-guerre de Washington et de Wall Street.
Pour faire avancer la construction d’un mouvement anti-guerre international s’appuyant sur la classe ouvrière et la lutte pour le socialisme, le Comité international de la Quatrième Internationale organise une Journée internationale du 1er mai. Rassemblement en ligne dimanche prochain, le 1er mai à 19h en France. Nous exhortons tous les lecteurs et sympathisants du World Socialist Web Site à s’inscrire aujourd’hui et à participer l’événement.
Pour plus d’informations et s’inscrire visitez internationalmayday.org.
(article paru en anglais le 28 avril 2016)