Escalade des menaces de guerre contre la Russie au sommet du G7

Au cours de leur deuxième journée de discussions dans la station alpine allemande de Garmisch- Partenkirchen lundi, les dirigeants des principales puissances impérialistes ont réaffirmé leur attachement à une politique de l’escalade de la pression stratégique et militaire sur la Russie.

« Il faut continuer de faire pression sur la Russie, » a dit Obama. « Les forces russes continuent d’opérer dans l’est de l’Ukraine, en violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »

« Le G7 dit clairement que, si nécessaire, nous sommes prêts à imposer des sanctions supplémentaires importantes contre la Russie » dit-il encore.

Un communiqué officiel des puissances du G7 – États-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie et Canada – a repris les commentaires anti-russes d’Obama et averti que les pays assemblés définiraient « d’autres mesures restrictives pour augmenter le coût pour la Russie. » L’hypocrisie et l’irresponsabilité d’Obama et de ses homologues du G7 sont à couper le souffle.

Ils dénoncent une « agression » russe en Ukraine alors qu’eux-mêmes ont plongé ce pays dans la guerre civile et soutenu un putsch fasciste qui a renversé le gouvernement prorusse d’alors. A présent, les forces américaines et de l’OTAN mènent des opérations dans l’air, en mer et sur terre, sur toute la frontière de la Russie. En Europe orientale, au Caucase, en Scandinavie, dans la Mer Baltique et la Mer Noire, ils répètent les phases initiales d’une guerre tous azimuts avec la Russie.

La semaine dernière, des responsables militaires américains témoignant devant la Chambre des représentants ont indiqué que le Pentagone envisageait de lancer des frappes préventives contre des cibles russes, y compris avec des armes nucléaires (voir : les responsables américains envisagent des frappes nucléaires contre la Russie). Ces déclarations sont sans aucun doute étudiées attentivement par l’armée russe.

La Force de réaction rapide de l’OTAN, récemment formée pour servir de fer de lance dans une guerre terrestre de l’OTAN contre les forces russes, devait commencer hier des manœuvres en Pologne. Des milliers de soldats de l’OTAN et des États-Unis doivent participer aux soi-disant manœuvres "BALTOPS" simultanément en Suède, en Allemagne et dans la Mer Baltique.

Un quart de siècle après la dissolution de l’Union soviétique par les staliniens et la fin de la « guerre froide », Washington prépare de nouveaux déploiements de son arsenal nucléaire en Europe. Dans une interview à la BBC dimanche, le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, a indiqué clairement que les plans de nouveaux déploiements nucléaires américains en Europe étaient très avancés.

Hammond a dit que la Grande-Bretagne pourrait se retirer bientôt du traité INF, lui permettant ainsi de servir de zone de transit à un nouvel arsenal nucléaire américain contre la Russie, tout comme avant 1991, lorsque les armes nucléaires américaines étaient stationnées sur la base de la Royal Air Force à Greenham Common.

« Il y a eu des signes inquiétants d’une intensification des niveaux d’activité des forces russes et des forces séparatistes contrôlées par les Russes », a déclaré Hammond. « Nous devons envoyer un signal clair à la Russie que nous ne lui permettrons pas de franchir nos lignes rouges. »

La stratégie des élites dirigeantes américaines et européennes d’intimider sans cesse la Russie en la menaçant d’une guerre et de frappes nucléaires pose d’immenses dangers pour la population du monde. Même en supposant que les puissances de l’OTAN ne cherchent pas immédiatement à provoquer une guerre véritable avec la Russie, le barrage constant de menaces et de manœuvres augmente énormément le danger d’un déclenchement accidentel de la guerre.

Des milliers de chasseurs à réaction, de navires de guerre et d’unités blindées sont en alerte renforcée dans toute la région et il suffit de quelques faux calculs pour que le monde voie un affrontement entre l’OTAN et les forces russes qui pourraient rapidement dégénérer en guerre.

On cache aux masses des travailleurs dans le monde les immenses dangers posés par la campagne guerrière des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie. Personne ne se demande dans les médias officiels combien de gens mourraient si les manœuvres militaires des forces russes et celles de l’OTAN se transformaient en guerre réelle. Une grande partie de la couverture médiatique du sommet du G7 est au contraire axée sur la question de savoir si Obama a bu de la bière sans alcool avant-hier.

L’escalade militaire sans relâche au sommet du G7 témoigne de l’effondrement et de la faillite historique du capitalisme. Sans unification et mobilisation de la classe ouvrière internationale dans une lutte révolutionnaire contre l’impérialisme et la guerre, il est non seulement probable, mais encore inévitable que les menaces de guerre de l’OTAN déclenchent à un moment donné une guerre totale.

Les dirigeants russes ont déjà averti que la Russie était en alerte pour tout signe de première frappe imminente de l’OTAN et qu’elle tenait ses forces nucléaires prêtes à riposter dans un tel cas (voir: le président russe Poutine dit que la crise ukrainienne comporte le danger d’une guerre nucléaire).

La deuxième priorité principale des dirigeants du G7 était de coordonner l’imposition de mesures d’austérité qui ont déjà mis en branle l’effondrement de larges secteurs de l’économie européenne.

Au moment même où Obama accuse Poutine de « ruiner l’économie de son pays, » les coupes sociales, les licenciements de masse et autres mesures de « restructuration économique » dictées par les banques et institutions financières occidentales, poussent des millions de gens dans la pauvreté et ravagent les principales infrastructures sociales de toute l’Europe orientale et méridionale.

Dans leur communiqué officiel, les puissances du G7 ont exigé que le gouvernement ukrainien continue d’appliquer une politique d’austérité qui, comme en Grèce, pousse de larges couches de la population dans la pauvreté. Le régime de Kiev doit « continuer de façon résolue la transformation fondamentale nécessaire, conformément aux engagements du FMI et de l’UE, » exigeait le communiqué du G7 lundi.

Dans ses remarques après la session de lundi, la chancelière allemande Angela Merkel a menacé la Grèce et insist pour dire qu’il « n’y a pas beaucoup de temps » pour parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international, l’Union européenne et la Banque centrale européenne (la « troïka »). Un tel accord transférerait un nouveau prêt de quelque 7 milliards d’euros à Athènes en échange de nouvelles coupes sociales dans une économie grecque déjà éviscérée par des années d’austérité brutale.

Le contenu précis des coupes sociales qui doivent être dirigées en grande partie contre les salaires et les retraites des fonctionnaires, étaient un sujet de discussion majeur aux négociations du G7, a déclaré Mme Merkel. Elle rencontrera le premier ministre grec Alexis Tsipras pour des discussions informelles lors des réunions de l’UE avec les chefs d’État d’Amérique latine, prévues plus tard dans la semaine.

Malgré qu’il a critiqué les propositions de la Commission européenne pour l’économie grecque comme étant « à la limite de l’insulte », le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a affirmé sa détermination à « parvenir à un accord » avec la troïka et les grandes banques. « Il est temps d'arrêter de se montrer mutuellement du doigt et il est temps que nous faisons notre travail, » a-t-il dit.

(Article original publié le 9 jun 2015)

Loading