Déclaration du Partei für Soziale Gleichheit (PSG – Parti l’égalité sociale) en Allemagne
25 juin 2015
Le Parti de l’Egalité sociale (PSG – Partei für Soziale Gleichheit) en Allemagne condamne sans ambiguïté l’arrestation samedi à l’aéroport de Berlin-Tegel du journaliste internationalement connu Ahmed Mansour.
Indépendamment du fait que Mansour a depuis été libéré et qu’il n’est plus menacé d’extradition vers l’Egypte, son arrestation est un événement extrêmement inquiétant.
Mansour, un journaliste d’Al Jazeera qui a la double nationalité égyptienne et britannique, n’a enfreint aucune loi allemande, européenne ou internationale. Son interpellation s’est faite sur la seule base d’un mandat d’arrêt émis par le régime égyptien. La police allemande a donc arrêté Mansour en vertu d’accusations non fondées émanant de l’une des dictatures les plus brutales du monde.
Le gouvernement du général Abdel Fattah al-Sissi est le fossoyeur de la révolution égyptienne qui avait chassé du pouvoir l’ancien dictateur de longue date du pays, Hosni Moubarak, au début de 2011. Al-Sissi était arrivé au pouvoir il y a deux ans suite à un coup d’Etat militaire violent dirigé contre le président égyptien Mohamed Morsi. Depuis, la police et l’armée égyptiennes ont massacré des milliers d’opposants au régime, en ont emprisonné des dizaines de milliers et ont condamné à mort plus d’un millier de prisonniers politiques, dont Morsi.
Mansour a été détenu parce qu’il critique cette politique. A Berlin, il avait été interviewé par Guido Steinberg de la fondation Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP, Institut allemand pour les affaires internationales). Dimanche, Steinberg avait accusé les autorités allemandes d’aider le régime égyptien « à réduire au silence ses dissidents. »
Il est à présent évident que la décision d’arrêter Mansour a été prise au plus haut niveau de la politique. Selon les informations des médias, l’Office fédéral de la police criminelle (BKA), et la police fédérale allemande, ont consulté le ministère des Affaires étrangères et l’Office fédéral de la Justice avant l’arrestation. Selon Zeit Online, « la décision d’une poursuite… a été prise suite à des discussions gouvernementales. »
L’arrestation a eu lieu à peine trois semaines après qu’al-Sissi a été reçu à Berlin avec les honneurs militaires par le président allemand Joachim Gauck, la chancelière chrétienne-démocrate, Angela Merkel, et le ministre social-démocrate des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Le but de sa visite était de nouer des liens économiques et politiques plus étroits entre la dictature égyptienne et l’Allemagne.
L’arrestation de samedi rend clair le contenu politique de cette visite. L’étroite collaboration du gouvernement allemand avec un tyran en vue de persécuter les adversaires politiques de celui-ci ne démasque pas seulement ses discours creux sur la « démocratie », la « paix » et les « droits humains, » elle signifie aussi que l’Etat allemand se prépare à adopter des méthodes semblables en Allemagne.
L’arrestation d’Ahmed Mansour vise à intimider tous les journalistes critiques et les dissidents politiques du monde entier. Désormais, tout adversaire d’un régime répressif doit craindre d’être détenu en Europe sur la demande de son gouvernement.
Le Parti de l’égalité sociale met en garde que cette arrestation fait partie de préparatifs en cours pour l’instauration de mesures d’Etat policier en Allemagne. Le projet de l’élite allemande de mettre à niveau son armée et de poursuivre une politique étrangère agressive partout en Europe et dans le monde exige finalement que les méthodes violentes employées contre la population égyptienne le soient aussi contre la population allemande.
Tous les principaux partis soutiennent le retour de l’Allemagne à une politique de grande puissance et de militarisation. Aucun de ces partis n’était prêt à s’opposer à ce que le tapis rouge soit déroulé pour le bourreau du Caire. Le parti Die Linke a lui aussi essayé d’obtenir un rendez-vous avec le dictateur.
Le Parti de l’égalité sociale appelle les travailleurs et les intellectuels à dénoncer avec force l’arrestation d’Ahmed Mansour et à repousser résolument l’introduction de mesures qui sont celles d’un Etat policier.
(Article original paru le 23 juin 2015)