Le Parti de Gauche allemand a déclaré son soutien inconditionnel au Premier ministre grec sortant Alexis Tsipras avant les élections législatives prévues pour le mois prochain.
« Le Parti de Gauche en Allemagne soutient Alexis Tsipras de toutes nos forces dans sa lutte pour gagner une majorité encore une fois pour un gouvernement de gauche en Grèce », ont déclaré deux dirigeants du parti, Katja Kipping et Bernd Riexinger, et le leader du groupe parlementaire Gregor Gysi dans un communiqué publié vendredi. « Le Parti de Gauche est solidaire d'Alexis Tsipras en Allemagne et en Europe ».
Ils ajoutent, « Syriza et sa lutte courageuse mettent toujours les bâtons dans les roues de la destruction néolibérale de l'idée européenne, qui est principalement poussée par le gouvernement allemand. » Selon eux, seul un gouvernement de gauche fort fournira la « résistance qui pourrait tirer une certaine flexibilité sociale du plan de sauvetage européen, faire que les riches paient leur juste part, s'attaquer à la corruption et à l'évasion fiscale, et assurer le développement économique et social du pays à l'intérieur de la zone euro – ce que désire la grande majorité des Grecs ».
Ceci déforme totalement la réalité. La campagne électorale de Tsipras ne s'oppose pas aux mesures d'austérité brutales imposées à la Grèce par Berlin et les « institutions ». Tsipras a démissionné et forcé la convocation de nouvelles élections pour obtenir une majorité parlementaire plus stable afin d'imposer le plan d'austérité. Ce n'est pas un adversaire de la «destruction néolibérale », mais de l'instrument par lequel les banquiers la mettront en œuvre.
Ce fait politique fondamental est reconnu ouvertement par la presse conservatrice allemande. Dans l'article intitulé "Alexis Tsipras jette sa peau", le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung écrit : « Tsipras l'a confirmé; il ne s'opposera pas au paquet de réformes cette fois ... un vote pour Tsipras sera un vote pour des changements profonds dans l'Etat et la société. Voilà le but de sa campagne, voilà pourquoi il se lance dans la campagne électorale ».
Tsipras aurait obtenu quelques concessions pour sa clientèle, selon le FAS. « Mais le reste du manifeste électoral et du programme de gouvernement pour lesquels Syriza fait campagne dans la population a été écrit par le 'institutions' - la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international ».
Le Süddeutsche Zeitung a commenté que Tsipras « est peut-être de gauche, mais c'est la gauche de Merkel et de Schäuble ».
Le déni de l'évidence par le Parti de gauche, et son soutien à Tsipras, en disent long sur le caractère du parti. Beaucoup de ceux qui ont été trompés par les promesses électorales de Tsipras en janvier sont dégoûtés par sa volte-face. Mais pas le Parti de gauche. Il redouble son soutien pour Tsipras.
L'attitude du Parti de gauche envers Tsipras démontre que malgré ses critiques occasionnelles de Merkel et de Schäuble, il est d'accord avec eux. Ce n'est pas seulement Tsipras qui est « la gauche de Merkel et de Schäuble », mais le Parti de gauche aussi. Si jamais il formait un gouvernement en Allemagne, il se comporterait comme Tsipras ; ses promesses électorales d'hier ne seraient que pure rhétorique, et il se plierait au diktat des marchés financiers.
Le Parti de gauche et son prédécesseur, le Parti du socialisme démocratique (PDS), l'ont démontré dans plusieurs gouvernements régionaux dans l'ancienne Allemagne de l'est. Sa politique n'est pas fondamentalement différente de celle des autres partis bourgeois. Il soutient le plafonnement de la dette,empêchant ainsi les länder d'obtenir de nouveaux crédits, et il impose l'austérité. A Berlin, pendant 10 ans, la coalition entre les sociaux-démocrates et le PDS / Parti de Gauche a pris la tête des attaques de la bourgeoisie contre les emplois et les salaires du secteur public.
Le Parti de la gauche ne représente pas les intérêts de la classe ouvrière et la jeunesse. Il défend des sections privilégiées de la classe moyenne, les fonctionnaires de l'Etat et les bureaucrates syndicaux dont les positions dépendent du maintien du système capitaliste. Plus il devient évident que le système capitaliste est incompatible avec les besoins essentiels de la grande majorité de la population, plus le parti vire à droite.
Son unique élément de « gauche » est son langage. Les derniers événements en Grèce soulignent sa capacité à dissimuler derrière cette rhétorique creuse les politiques les plus réactionnaires. Ceci ne sert qu'à semer la confusion, à désorienter la classe ouvrière et à la conduire dans une impasse.
Le WSWS souligné dès le départ que Syriza était un parti bourgeois qui défendrait le capitalisme par tous les moyens, ce qui a été pleinement confirmé. Il est nécessaire d'en tirer les conclusions politiques. La classe ouvrière ne peut défendre ses droits sociaux et politiques que si elle construit son propre parti indépendant et lutte pour un programme internationaliste et socialiste
(Article paru en anglais le 25 août 2015)