Le site Usine nouvelle rapporte que PSA Peugeot-Citroën veut supprimer 10 000 emplois en France avant la fin de 2015, alors qu’en même temps, les deux constructeurs automobiles Renault et PSA demandent l'accélération des réformes du code du travail et la réduction drastique des coûts du travail pour améliorer leur compétitivité.
Usine nouvelle cite une lettre confidentielle de PSA datée du 1er octobre: « Après avoir effleuré le sujet lors d'une réunion de son Observatoire des métiers le 26 septembre, la direction de PSA Peugeot Citroën a confirmé ses intentions aux organisations syndicales (...) Sur les 86 000 salariés de PSA en France, elle voudrait supprimer 10 000 postes d'ici fin 2015. Ceux-ci s'ajouteraient aux plus de 10 000 emplois supprimés depuis 2011, notamment avec la fermeture des sites d'Aulnay-sous-Bois et de Melun.”
La direction de PSA et des dirigeants des syndicats – qui ont signé des accords de réduction des coûts avec les constructeurs automobiles incluant la suppression d'emplois et la fermeture d'usines – on nié l’information.
Le PDG de PSA, Carlos Tavares, à dit à Usine nouvelle : « Je ne sais pas d'où vient cette rumeur mais je la démens de manière catégorique. Chaque site [industriel, ndlr] s'est vu attribuer un véhicule et à donc une visibilité sur au minimum les six prochaines années. »
La bureaucratie syndicale de PSA a elle aussi dit être surprise par l’information. Une source syndicale a dit à Usine nouvelle : « Je ne sais pas d'où sort le chiffre des 10 000 emplois supprimés, il n'y a pas eu de réunion de l'Observatoire des Métiers la semaine dernière. »
Si la direction de PSA et les syndicats minimisent les informations parues sur le site d’Usine nouvelle, il y a néanmoins de bonnes raisons de croire qu’ils agissent derrière le dos des travailleurs de l'automobile pour éliminer les emplois et fermer les usines. Par le passé, de tels documents confidentiels ont été fuités, puis niés, pour être par la suite confirmés pendant que la direction et les syndicats parvenaient à un accord pour détruire les emplois et fermer les usines, comme celle d’ Aulnay.
En 2011, la CGT avait publié un document interne qui révélait les projets de fermeture d'usine à Aulnay (3600 emplois), SevelNord dans le nord (2800 emplois) et Madrid (3100 emplois). À l'époque, les syndicats décidèrent de ne pas soulever ce problème en pleine campagne présidentielle de 2012, où syndicats et partis petit-bourgeois soi-disant de gauche tel le Nouveau Parti Anticapitaliste ont soutenu le candidat du Parti socialiste, François Hollande.
Après l'élection de Hollande, le PS a soutenu le projet de PSA de fermer Aulnay et de supprimer quelque 11 200 emplois en France avant la fin de 2015. La politique de Hollande est complètement alignée sur les besoins des grandes entreprises. Son but est de stimuler la compétitivité des entreprises françaises en taillant dans le coût du travail et le niveau de vie de la classe ouvrière, tout en oeuvrant avec la bureaucratie syndicale afin d'éviter une explosion de mécontentement social.
En même temps, le PS a fait d'énormes cadeaux au patronat aux dépens de la classe ouvrière, y compris 40 milliards d'euros d'allégements fiscaux pour les entreprises dans le cadre des mesures d'austérité de son soi-disant « Pacte de responsabilité ».
Les syndicats de PSA et de Renault ont signé des accords pour de fortes réductions des coûts comprenant gels de salaires et flexibilité des heures de travail. En mars 2013, Renault a signé un accord avec les syndicats qui réduisait sa main-d'œuvre en France de 17 % tout en gelant les salaires
Ayant isolé les grèves des travailleurs contre la fermeture de PSA Aulnay, les syndicats ont voté pour la fermeture de cette usine vieille de 40 ans. Elle a fermé en octobre 2013. Après avoir fermé Aulnay, PSA a conclu un marché de réduction de coûts avec les syndicats qui acceptait un gel des salaires et une réduction du paiement des heures supplémentaires.
Afin de rattraper ses concurrents étrangers, PSA intensifie son projet de restructuration appelé « De retour dans la course ». Ce projet propose de limiter le nombre de modèles de voitures PSA à 26, tout en modernisant les usines, en augmentant les parts de marché en Asie du Sud-est, en Russie et en Amérique latine et en augmentant les liquidités de PSA pour permettre davantage de spéculations financières. Tout ceci est accompagné d’une réduction des emplois et du coût du travail. Tavares s'est donné pour but de réduire les coûts de production de chaque véhicule de 1100 € en 2018.
Bien que les ventes de voitures restent inférieures d’environ 20 % à la période d’avant la crise économique de 2008 – une manifestation des mesures profondes d'austérité imposées par les gouvernements de toute l'Europe – PSA et Renault ont pu déclarer des augmentations de ventes et de profits, la conséquence des économies drastiques imposées par les syndicats et le gouvernement PS.
Selon le Financial Times, « En septembre, où les ventes de véhicules neufs en France sont montées de 6 % comparées avec celles du même mois de l'année dernière, les ventes domestiques de PSA étaient en hausse de 17,3 %, et celles de Renault étaient en hausse de 5,3 %. Leur part de marché combinée a atteint 57 % en septembre en comparaison de 56 % au début de l'année. »
Après que le gouvernement PS a pris cette année une participation de 14 % dans PSA, aux côtés du constructeur chinois Dongfeng, dans le cadre d'un projet de renflouement de 3 milliards d'euros, PSA a annoncé un profit de 477 millions d'euros dans la première moitié de cette année, son premier profit depuis trois ans.
PSA et Renault exigent que le gouvernement intensifie les réformes du marché du travail afin d'introduire des conditions de travail comme celles des pays à bas coût tels la Chine ou celles des usines automobiles américaines qui ont imposé de sévères baisses de salaires sous l'administration Obama. Maxime Picat, PDG de la marque Peugeot, a dit au Financial Times : « Vous n'avez qu’à voyager dans le monde et regarder ce qui se passe, non seulement dans les pays anglo-saxons mais aussi en Asie, vous verrez que nous avons besoin d'accélérer nos réformes ».
Picat a affirmé que le PS n'avait pas assez fait pour tailler dans le code de travail français et les coûts de travail : « Des réformes ont été faites, [mais] nous en voulons davantage car nous voulons que la compétitivité du pays s'améliore... Le niveau d'impôts et les charges pèsent énormément sur les coûts du travail. Voici vraiment la clé et là où nous avons le plus grand écart avec les pays très proches de la France. »
« Avec un million de voitures [fabriquées en France] et une telle position d'exportation, ceci est clairement la clé pour nous, » a-t-il ajouté.
Ayant fait de gros cadeaux financiers aux autoconstructeurs tout en réduisant drastiquement les salaires des travailleurs, les emplois et en fermant les usines, Hollande s'est félicité au Salon de l'automobile de Paris du fait que l’automobile française produisait à nouveau de façon rentable.
Hollande a déclaré : « Il y a deux ans, l'industrie automobile française était en crise, le gouvernement était confronté à des plans sociaux, à des fermetures, et le marché était en très grande difficulté. »
Il a ajouté : « Des efforts ont été faits par des industriels, par l'Etat, pour apporter un certain nombre de fonds, de stimulations, d'incitations et les résultats sont là : l'industrie française s'est redressée et elle repart. C'est bon pour l'activité, pour l'emploi, et pour nos exportations. »