Les villes de l’Est de l’Ukraine, Donetsk et Lugansk, ont été cette semaine le théâtre des combats les plus féroces depuis la signature de l'accord de cessez-le-feu début septembre. L’offensive militaire lancée par le régime de Kiev va de pair avec des menaces grandissantes de l’OTAN contre la Russie.
Des tirs d’artillerie lourde ont secoué ces villes hier et ce weekend, en provenance tant des régions contrôlées par les forces de Kiev que des positions séparatistes. L’aéroport de Donetsk a été soumis à des combats sanglants. Conformément à l’accord de Minsk, l’aéroport était imparti aux séparatistes. Cependant, les soldats fidèles à Kiev refusèrent de se retirer et s'engagent quotidiennement dans de lourds combats aves les rebelles.
Hier, le régime de Kiev a annoncé qu'il allait mobiliser les forces de réserve déployer son armée à nouveau vers l'est pour affronter les séparatistes. Selon les séparatistes, les chars de l’armée ukrainienne convergent vers Donetsk. Deux chars auraient été détruits par les rebelles lors d’un assaut contre le village de Nikichino.
Le commandant des forces de l'OTAN en Europe, le général Phillip Breedlove, a aussi accusé Moscou d'envahir l'Ukraine. « Des chars, de l'artillerie, des systèmes anti-aériens, et des troupes de combat russes » avaient été détectés par l'OTAN en Ukraine, selon Breedlove. Les autorités russes ont fermement démenti ce rapport.
Il est clair que les tensions montent dangeureusement entre la Russie et l'OTAN. Hier le Secrétaire à la défense russe Serguei Choigou a annoncé que la Russie enverrait à nouveau des bombardiers en patrouille de l'océan Arctique au golfe du Mexique, longeant ainsi la côte est des Etats-Unis.
Un article a été publié lundi énumérant 40 récents accrochages militaires (Voir : Des dizaines d'incidents ont failli provoquer la guerre entre l'OTAN et la Russie cette année , ») entre la Russie et l’OTAN et qui auraient pu déboucher sur une guerre. La semaine dernière, le général allemand de l’OTAN, Hans-Lothar Domröse, avait annoncé que l’alliance se montrerait plus agressive envers la Russie.
Les forces séparatistes accusent l’armée ukrainienne de bombarder des quartiers résidentiels et d'utiliser des munitions incendiaires. Un article publié mardi par Human Rights Watch a confirmé l’utilisation de telles bombes lors de précédents combats autour de Donetsk.
De nombreux civils ont été victimes de ces attaques. La semaine passée, deux adolescents sont morts lors du bombardement d’une école. Selon les rebelles, au moins douze civils ont été tués lors d’une attaque contre le village de Frounzé, près de Lugansk.
Le régime de Kiev et ses partisans à Washington accusent la Russie d’envoyer des chars et d’autres équipements militaires en Ukraine pour renforcer les organisations séparatistes. Différents correspondants ont signalé des mouvements de troupes dans la région de Donetsk.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui dispose d’une équipe d’observateurs dans la région, a rapporté que deux convois de 40 camions et de neuf chars s’étaient déplacés verse l’est dans le Donbass. L’origine des véhicules et la cargaison des camions sont inconnus. Le vice-commandant des rebelles, Edouard Basurin, a dit que le convoi comprenait des unités de la milice populaire assemblées pour défendre Donetsk contre les attaques du gouvernement ukrainien.
Le secrétaire d’Etat John Kerry avait menacé samedi la Russie de nouvelles sanctions à l’issue d’entretiens avec son homologue russe, Sergueï Lavrov.
Ce week-end, 28 ministres des Affaires étrangères de l’UE se rencontreront pour décider de nouvelles sanctions contre la Russie. « Le débat portera non seulement sur le renforcement des sanctions mais particulièrement sur comment soutenir l’Ukraine en ces moments difficiles, » a dit la chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Federica Mogherini.
La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé un éventuel élargissement de la liste de personnes qui seront sanctionnées.
Le premier ministre britannique, David Cameron, a accusé la Russie de ne pas respecter le droit international. Si la Russie « continue dans cette voie, nous continuerons d’augmenter la pression et les relations avec la Russie et le reste du monde sera radicalement différent à l’avenir, » a dit Cameron.
Mardi, le président américain Barack Obama et son homologue russe, Vladimir Poutine, se sont brièvement rencontrés en marge du sommet de l’Apec (Forum de coopération économique Asie-Pacifique) à Pékin. Outre l’Ukraine, ils ont discuté du programme nucléaire iranien. Aucun rapport de leur discussion n’a été diffusé. Les deux dirigeants devraient se rencontrent de nouveau le week-end prochain lors du sommet du G20 en Australie.
Le président ukrainien, Petro Porochenko, a signé l’accord de cessez-le-feu de Minsk après que les forces de son gouvernement combattant les séparatistes aient subi d’importantes défaites. Le régime de Kiev espère se servir de cette trêve pour gagner du temps pour stabiliser son régime et réorganiser son armée.
Mais le régime a violé l’accord au moins aussi souvent que les rebelles. Ses forces ont refusé d’évacuer d’autres positions en plus de l’aéroport de Donetsk comme le stipulait le protocole de Minsk. De plus, ils ont maintes fois bombardé Donetsk et Lugansk.
Les droits d’autonomie ont également été soustraits à l’Ukraine orientale. Bien que le parlement ukrainien ait adopté la loi en question, le président du parlement, Alexander Turchinov, a refusé de la signer ou de la transmettre au président. Après que les séparatistes aient organisé leurs propres élections il y a une semaine en Ukraine orientale, Turchinov a déclaré la loi d’autonomie d’être nulle et non avenue.
Une loi épurant le secteur public et la fonction publique adoptée avant les élections parlementaires organisées par le régime en octobre sert à mettre l’appareil d’Etat au pas. De nombreuses fonctions qui étaient précédemment occupées par des gens critiques du gouvernement sont confiées aux forces de l’extrême-droite qui ont joué un rôle clé lors du coup d’Etat qui a renversé en février le président pro-russe Viktor Ianoukovitch.
Juri Michaltschisin, qui créa en 2005 l’Institut Joseph Goebbels, dirigerait le département « de propagande et d’analyse » du service de sécurité ukrainien, le SBU. Le néonazi Vadim Troyan a été nommé par le ministère de l’Intérieur chef de la police de Kiev.
Des bataillons d’extrême droite de la Garde nationale, financés par divers oligarque qui jouent un rôle crucial dans la guerre civile, tentent d’intervenir directement dans la politique en se présentant aux élections parlementaires. Bien que les partis ouvertement fascistes aient obtenu peu de votes, les grands partis ont inscrit sur leurs listes de nombreux extrémistes de droite. Un éminent représentant en est Iouri Beraza, le dirigent du tristement célèbre Bataillon Dnepr qui est responsable d’innombrables violations des droits de l’homme.
Bereza fut élu député au parlement grâce à inscription sur la liste de l’actuel premier ministre, Arseni Iatseniouk. En tant que nouveau membre du plus important groupe parlementaire, il a annoncé peu de temps après les élections que son bataillon serait prêt à lancer des attaques terroristes en Russie. Avec ces forces réactionnaires et avec le soutien de Washington, de Berlin et de l’OTAN, Kiev planifie la relance de son offensive à l’Est.
(Article original paru le 12 novembre 2014)