Le nouveau gouvernement ukrainien dirigé par l'oligarque milliardaire Petro Poroshenko a rapidement révélé sa vraie nature une fois passée l’élection présidentielle du week-end dernier : il organise depuis une répression violente de l'opposition au régime, en particulier à l'Est, qui s’accompagne de mesures d'austérité brutales dirigées contre toute la classe ouvrière.
Lundi, des avions de combat ont lancé des frappes aériennes contre les forces séparatistes pro-russes qui avaient pris le contrôle de l'aéroport international de Donetsk lundi matin. Un responsable du gouvernement de Kiev a également confirmé que des parachutistes avaient atterri près de l'aéroport, disant qu'ils étaient en train de « nettoyer la zone. »
L'aéroport avait été fermé lundi après que les séparatistes aient envahi le terminal et exigé que la Garde nationale ukrainienne s'en aille. Des pilotes venant de Kiev à bord d'un hélicoptère d'assaut Mi-24 et de deux chasseurs MiG-29 et Sukhoi Su-25 ont ensuite tiré des rafales contre des batteries anti-aériennes qui ont brûlé, produisant d'épais panaches de fumée.
À la tombée de la nuit, il n’était toujours pas clair qui contrôlait l'aéroport de Donetsk. Des centaines de militants séparatistes auraient pris position dans les zones boisées à proximité.
Des informations provenant de sources à Donetsk faisaient état d’échanges de tirs dans la gare de la ville ayant tué une personne et fait deux blessés lundi. L'Associated Press a indiqué que les tirs de mortiers du gouvernement ont fait deux morts à Slovyansk.
Lundi, Poroshenko a promis une exécution rapide des actions menées par l'armée à l'Est, disant, « il y aura une forte augmentation de l'efficacité des opérations anti-terroristes. » Il a ajouté, « Les sections et les unités doivent être mieux équipées. Elles doivent avoir un armement moderne, les meilleures munitions. »
Ces opérations militaires à l'Est font suite à des élections frauduleuses qui visaient à donner une légitimité à un putsch soutenu par les États-Unis et les Etats européens contre le précédent gouvernement de Victor Yanukovitch. La chute de Yanukovitch, qui était proche de la Russie, a été déclenchée par des forces de droite nationalistes et fascistes ukrainiennes qui sont profondément impopulaires dans tout le pays, et en particulier dans l'Est majoritairement russophone.
L’élection du 25 mai a été boycottée par de larges portions de la population et les bureaux de vote ont été fermés à l'Est. Même ainsi, Poroshenko, dont les principaux concurrents étaient d'autres oligarques pro-occidentaux, a tout juste obtenu la majorité. Certains reportages indiquent que le score final de Poroshenko serait juste au-dessus des 50 pour cent requis pour éviter un second tour.
La tâche principale de Poroshenko au pouvoir sera de faire appliquer la seconde partie d'un accord d'association avec l'Union européenne, qui comprend des « réformes structurelles » conditionnant un prêt de 17 milliards d'euros du Fonds monétaire international (FMI). La décision de Yanukovitch en novembre 2013 de ne pas signer cet accord d'association avec l'UE fut le principal facteur derrière la campagne de déstabilisation des États-Unis et de l'UE.
Le prêt du FMI est conditionné à l'application de coupes profondes dans les subventions vitales au prix du gaz, dont dépendent des millions d'Ukrainiens. Ces coupes vont augmenter les prix de l'énergie de 425 pour cent au cours des quelques prochaines années.
Les autres mesures anti-ouvrières incluses dans ce prêt comprennent une dévaluation monétaire et un renflouement des principales banques du pays. Ces mesures profondément impopulaires ont été délibérément retardées jusqu'après les élections.
Les fonds prêtés iront directement dans la poche des principaux créanciers du secteur privé ukrainien, principalement des banques européennes, et aux sections du capital ukrainien ayant de bonnes relations avec le pouvoir, pendant que les travailleurs ukrainiens payeront le prix sous la forme de coupes dans les salaires, de privatisation des services, de licenciements massifs et de coupes dans les dépenses budgétaires.
Poroshenko a clairement dit que les opérations militaires en cours à l'Est, qui incluent l'usage d'armes lourdes dans des zones densément peuplées, visent à écraser l'opposition à ces mesures économiques.
« Je vous assure que dès que nous auront stabilisé l'Est et que ces problèmes seront résolus en Ukraine, le boom des investissements va démarrer immédiatement, » avait déclaré Poroshenko lors d'une conférence de presse le 18 mai alors qu’il n’était encore que candidat.
Poroshenko a indiqué qu'il compléterait les opérations contre les séparatistes par des efforts diplomatiques en vue d’un rapprochement avec le président russe Vladimir Poutine. Des négociations intenses avec Poutine sont prévues pour le début du mois de juillet, a-t-il révélé lors d'une conférence de presse lundi 26 mai.
« Parce que M. Poutine et moi nous connaissons tous les deux assez bien, je pense que cela va entraîner des résultats très importants. » a déclaré Poroshenko, qui a fait des affaires en Russie.
Pour sa part, Poutine, en dépit des conflits géopolitiques qui perdurent avec les États-Unis et l'Europe, a signalé qu’il souhaitait parvenir à un accord avec le nouveau gouvernement ukrainien. Cet accord se fera sur la base d’un assaut intensifié contre la classe ouvrière de toute l'Ukraine. La Russie a déjà déclaré qu'elle reconnaissait tant l’élection que le nouveau gouvernement.
(Article original paru le 27 mai 2014)