L'élite politique française a applaudi la chute samedi du président ukrainien Viktor Yanukovitch par le coup d'état d'une opposition soutenue par l'occident et menée par des groupes fascistes glorifiant les crimes nazis.
Avant-hier, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a salué la libération de la milliardaire et chef de l'opposition, condamnée pour détournement de fonds, Yulya Tymoshenko, du Parti de la Patrie.
Après avoir vu les émeutes sanglantes des fascistes soutenus par l'occident à Kiev la semaine dernière et avoir collaboré étroitement avec l'opposition lorsqu'elle faisait tomber Yanukovitch de manière extra-légale, Fabius a hypocritement déclaré : « Nous souhaitons le respect de la constitution, la formation d'un nouveau gouvernement et la préparation dans les meilleurs délais des élections. »
Le soutien aux forces fascistes en Ukraine expose la criminalité politique du Parti socialiste (PS) au pouvoir en France et de l'ensemble de l'élite politique française. Avec Berlin et Washington, Paris a soutenu des forces de l'opposition d'extrême-droite comme les néo-nazis de Secteur droit, et le parti fasciste Svoboda d'Oleh Tyahnbok. Svoboda, qui a des liens avec le Front national (FN) néo-fasciste, célèbre les unités SS qui ont massacré des Juifs en Galicie (Ukraine occidentale), pendant la seconde Guerre mondiale..
Paris a collaboré avec Berlin pour faire pression sur Yanukovitch pour qu'il accepte les revendications de l'opposition. Mercredi 19 février, pendant que les ministres allemands et français se rencontraient au palais présidentiel de l'Élysée à Paris pour le 16e Conseil franco-allemand, ils ont discuté de l'imposition de sanctions contre l'Ukraine.
« Il se produit en Ukraine des actes inqualifiables, inadmissibles, intolérables. Une violence, une brutalité, une répression, et la chancelière et moi-même, avec nos deux gouvernements, nous avons condamné tous ces actes et la répression venant du pouvoir » a dit le président François Hollande.
Vendredi, Hollande a imputé toute la faute pour ces violences à Yanukovitch, exonérant les intermédiaires fascistes du PS à Kiev. Il a dit, « Il convient de mettre un terme aux violences dont le pouvoir est d'ailleurs responsable et de donner la parole au peuple ukrainien. »
La collaboration du PS avec les groupes fascistes ukrainiens liés au FN français souligne l'hypocrisie de ses prétentions à mener une lutte contre la montée du FN en France. En fait, le PS n'a pas de problème à travailler avec des groupes fascistes parce que les principaux points de son agenda politique réactionnaire, consistant en de vastes mesures d'austérité et une escalade des conflits et des interventions impérialistes, sont entièrement compatibles avec une politique d'extrême-droite.
Si le FN monte, en fait, c'est en très grande partie dû à la politique de droite du PS et des partis de la pseudo-gauche qui ont étouffé l'opposition aux mesures d'austérité sociale et ont permis au FN de se présenter comme le seul parti opposé à l'élite politique française.
Il est remarquable que même si la chute de Yanukovitch représente une victoire dans l'immédiat pour Svoboda, qui est lié au FN au sein de l'Alliance européenne des mouvements nationaux (AEMN), le FN s'est retenu d'applaudir ses alliés ukrainiens.
Jeudi, le vice-président du FN et fonctionnaire au ministère de l'Intérieur, Florian Phillipot, a appelé l'UE à ne pas intervenir en Ukraine. Il a dit, « Il faut éviter l’ingérence de l’Union européenne qui jusqu’ici a mis de l’huile sur le feu en faisant des promesses totalement inconsidérées à l’Ukraine. On n’avait pas à proposer à l’Ukraine de s’associer ou même ensuite d’être membre ou partie prenante de l’Union européenne. »
Philippot a critiqué ainsi l'intervention de l'UE en Ukraine : « l’Union Européenne a mis de l’huile sur le feu et continue à le faire. Ce n’est pas à l’UE de le faire, elle est partie prenante, elle a soutenu les manifestants, elle a fait des promesses inconsidérées, elle menace de sanctions, ce qui est idiot. »
« La solution la plus intelligente c’est d’aller rapidement vers de nouvelles élections. » a-t-il dit en ajoutant que « C'est aux Ukrainiens de décider. »
Un facteur essentiel de la décision du FN d'adopter une position relativement discrète et prudente sur l'intervention Ukrainienne de la France est que son affiliation avec Svoboda contredit les prétentions de la dirigeante actuelle du FN, Marine Le Pen, à avoir « dédiabolisé » le parti.
Depuis qu'elle a récupéré la direction du FN de son père Jean-Marie, Marine Le Pen a tenté de faire prendre ses distances au FN par rapport à des positions traditionnellement antisémites, économiquement pro-marché et pro-nazies. Elle considère qu'il est essentiel pour le FN de conquérir une base électorale plus large en France.
Jean-Marie Le Pen est tristement célèbre pour avoir écarté l'Holocauste comme un « détail de l'histoire » et dit qu'« En France du moins, l’Occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés. »
Par contraste, en octobre dernier, Marine Le Pen a affirmé que le FN ne serait « ni de gauche ni de droite, » mais qu'il aurait des idées radicalement différentes des partis établis comme le parti de droite Union pour un mouvement populaire (UMP) et le PS actuellement au pouvoir.
La campagne de Marine Le Pen pour « dédiaboliser » le FN a obtenu quelque succès alors que toute l'élite politique française se précipite vers la droite à une telle vitesse qu'aucun de ses partis n'a cherché à exposer les mensonges historiques sur lesquels ce parti s'appuie pour se « dédiaboliser. »
Les liens du FN et de la « gauche » bourgeoise française avec l'extrême-droite ukrainienne ouvertement pro-nazie soulignent non seulement les rapports profonds entre la politique actuelle du FN et son passé ouvertement fasciste, mais aussi la dérive de plus en plus rapide de l'ensemble de l'élite dirigeante française vers une politique fasciste.
(Article original paru le 24 février 2014)