Les influents journalistes allemands qui réclament depuis des semaines une guerre contre la Russie ont intensifié leur propagande après l’annonce faite mardi que l’OTAN allait renforcer son intervention en Europe de l’Est. Même après les expériences de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale, il est clair que certains sont impatients de voir se reproduire la ruée vers le Front de l’Est.
Sous le titre « Hissez le drapeau », dans l’éditorial principal du journal Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) de mercredi, Berhold Kohler a exprimé sa joie que l’OTAN se soit finalement réveillée de son hibernation et ait hissé « le drapeau à sa frontière orientale. » A son avis, la présence militaire massive de l’OTAN en Europe de l’Est, que le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a annoncée mardi à Bruxelles et que l’Allemagne appuie avec au moins un navire de guerre et six avions de combat, n’est vraiment pas suffisante.
Kohler a déclaré: « le déploiement de quelques avions, navires et soldats… [est] la moindre des choses… que l’Alliance puisse faire pour rester crédible à l’intérieur et à l’extérieur du pays. En faire moins serait considéré par le Kremlin comme un signe de faiblesse et d’indécision, raison pour laquelle il méprise d’ores et déjà l’Occident.
Kohler donne alors libre cours à ses fantasmes de guerre contre la Russie. Totalement réglé sur le mode guerre, il se plaint de ce que l’OTAN se limite actuellement à « ne pas fournir à Moscou de prétexte pour annuler des pourparlers fastidieusement convenus. »
Il est clair que les pourparlers quadripartites prévus entre les Etats-Unis, l’UE, le gouvernement pro-occidental de Kiev et la Russie auxquels Kohler fait allusion ne sont que la musique de fond de l’intensification de l’agression occidentale contre la Russie. Ils sont néanmoins une épine dans le pied de Kohler. Ce n’est pas le dialogue qu’il veut mais la guerre ! En crachant son venin il déplore, « Ce n’est pas seulement l’UE mais aussi l’OTAN qui préfèrent parler mille fois, plutôt que de tirer un seul coup de feu. »
De tels appels manifestes à une guerre de l’UE et de l’OTAN contre la Russie sont aujourd’hui presque de bon ton dans les bureaux éditoriaux bourgeois qui sont hors de contrôle. Jeudi aussi, le rédacteur en chef de Die Zeit, Joseph Joffe, qui depuis des semaines s’élève contre la Russie, va dans le même sens dans son commentaire « La guerre des petits hommes verts. »
Pour commencer, Joffe tente de dépeindre les protestations en Ukraine orientales comme étant une conspiration criminelle financée par la Russie. Il écrit, « Les Ukrainiens les appellent les ‘petits hommes verts’. Ils sont les dirigeants et l’avant-garde en Ukraine orientale, tout comme c’était le cas en mars en Crimée. Ils ne viennent pas de Mars, mais de la Russie… Ce week-end, le Wall Street Journal a fait savoir qu’à Kiev ils avaient commencé par organiser les partisans locaux (le journal parle de ‘bandes criminelles’). Pour une prime allant de 40 à 500 dollars, dit-il, ils ont attaqué des commissariats de police et des bâtiments gouvernementaux. »
Joffe n’apporte aucune preuve à ses allégations. Tout ce qu’il écrit n’est que propagande. En réalité, la résistance rencontrée en Ukraine orientale n’est pas un complot russe mais une réaction de la part de la majorité de la population russophone contre le régime des putschistes de Kiev qui est soutenu par l’Occident et imposé par des fascistes. Comme pour souligner les intérêts politiques et sociaux qu’il exprime lorsqu’il gribouille sur son clavier de portable ses mensonges et ses appels à la violence et à la guerre, Joffe cite sa source comme étant le Wall Street Journal, l’organe du capital financier international.
Il constate avec satisfaction que le gouvernement ukrainien, « contrairement à la Crimée, » est prêt à « lutter » cette fois. Mardi, « les premiers coups de feu [ont été] tirés » lorsque « des soldats ont chassé d’une base ukrainienne une foule armée. » Même le gouvernement Obama montre des « dents quelque peu plus acérés » et parle d’« un ‘menu’ de représailles » Au « menu » il y avait « des sanctions économiques plus sévères, » le « déploiement d’un ‘petit’ contingent de soldats américains dans les pays membres de l’OTAN » et « la mobilisation d’unités plus vastes au cas où Moscou interviendrait ouvertement. »
Mais, pour Joffe tout ceci n’est pas suffisant! « En premier lieu, la précaution prévaut, » se plaint-il. « Les mouvements militaires doivent être approuvés par l’Alliance de l’OTAN, » et compte tenu des « hésitations des capitales de l’UE » ceci n’est « nullement garanti. » L’objectif du « déploiement des troupes » n’est pas « de dissuader les Russes, mais de renforcer la confiance des membres orientaux de l’OTAN. » De plus, l’Amérique n’a pas voulu « approvisionner l’Ukraine en équipement ‘mortel’ ; l’armée ukrainienne ne reçoit « que des rations de campagne. »
La conclusion de Joffe: les Etats-Unis feraient en effet « preuve de détermination, mais sans prendre de risques. » Tout est une « mise à l’épreuve de la volonté », mais « pas une épreuve de force. » Les Américains ne veulent pas décrire « un marteau plus gros » et « encore moins le lancer eux-mêmes. »
Des scribouillards comme Joffe et Kohler devraient faire l’objet de poursuites par le procureur général d’Etat. Si on appliquait les normes constitutionnelles allemandes, le code pénal ou même les procès pour crimes de guerre de Nuremberg, à leurs opinions fascistes d’enfin « tirer un coup de feu » ou de « lancer le marteau », ils seraient condamnés au tribunal.
L’article 26 de la Constitution allemande stipule que « Les actes susceptibles de troubler la coexistence pacifique des peuples et accomplis dans cette intention, notamment en vue de préparer une guerre d’agression, sont inconstitutionnels. Ils doivent être réprimés pénalement. » Le paragraphe 80a du code pénal déclare que « Quiconque incite publiquement à une guerre d’agression lors d’une réunion ou par la diffusion de matériel écrit sur le territoire de la République fédérale d’Allemagne est passible d’une peine d’emprisonnement allant de trois mois à cinq ans. » Lors des procès pour crimes de guerre de Nuremberg l’un des principaux chefs d’accusation était « les crimes contre la paix. »
Le fait que d’influents quotidiens et hebdomadaires allemands portent atteinte à ces principes fondamentaux que l’Allemagne a imposés suite aux crimes odieux commis durant la Deuxième Guerre mondiale et que l’on n’entende aucune voix s’élever pour protester au sein des milieux politiques ou médiatiques, est un avertissement à l’adresse de la classe ouvrière. Exactement cent ans après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, la même élite dirigeante qui a déclenché deux guerres mondiales et commis des crimes haineux, a une nouvelle fois découvert les côtés positifs de la guerre.
On en voit un exemple typique dans un article rédigé par le rédacteur de Die Welt, Ulrich Schmidt, qui écrit au sujet de la Première Guerre mondiale : « Cette guerre, qui divisa les peuples en les montant les uns contre les autres au sens propre du terme, fut également une expérience qui unit le peuple d’Europe. Aussi cynique que cela puisse paraître, cette guerre créa avec une violence martiale un horizon européen commun. Dans les tranchées, les soldats de part et d’autre des barbelés vécurent les mêmes expériences. »
Le Partei für Soziale Gleichheit (Parti de l’Egalité sociale, PSG) ne laissera pas une classe dirigeante criminelle transformer de nouveau l’Europe en un abattoir impérialiste, juste parce qu’il ne rechigne pas à voir des millions de travailleurs faire l’expérience commune d’être déchiquetés par des bombes ! Nous participons aux élections européennes dans le but d’en faire « un plébiscite contre les va-t-en-guerre et leurs complices dans les médias, » et de construire un mouvement antiguerre international liant la résistance à la guerre à la lutte pour la révolution socialiste. Etudiez et diffusez notre manifeste électoral et joignez-vous à cette lutte. Il est grand temps de stopper les fauteurs de guerre !
(Article original paru le 19 avril 2014)