1. Le Socialist Equality Party et le Comité international de la Quatrième internationale appellent tous les travailleurs et les jeunes des États-Unis, d'Europe et du monde entier à mobiliser leur force collective contre les plans du gouvernement Obama et de ses alliés pour une attaque militaire de la Syrie.
La déclaration du président Obama dimanche selon laquelle il demanderait l'autorisation du Congrès pour le bombardement de la Syrie veut seulement dire que l'attaque a été retardée, non qu'elle a été annulée.
Le recours à un vote du Congrès est une manœuvre politique cynique visant à légitimer une guerre qui s'appuie sur des mensonges. Après l’étonnante défaite au Parlement britannique jeudi dernier d'une résolution en faveur de la guerre, le gouvernement Obama s'active pour créer une couverture politique pour sa guerre illégale et à laquelle s'oppose la grande majorité du peuple américain. Obama s'attend, avec raison, à ce que le Congrès valide l'attaque contre la Syrie. De plus, une parodie de débat au Congrès permettra à Obama d'affirmer que cette décision aura été prise démocratiquement et qu'elle exprimera la « volonté du peuple. » Cet argument sera invoqué pour justifier une répression accrue contre ceux qui s'opposeront à cette guerre.
2. Parmi les principaux mensonges employés par le gouvernement Obama, il y a l'idée que cette action militaire sera « limitée, » qu'elle ne vise qu'à punir le président syrien Bashar el-Assad pour l'usage d'armes chimiques.
Il n'y a rien de limité quant au bombardement massif qui sera lancé contre la Syrie. Dans son discours du Rose Garden, Obama a affirmé que cette attaque chercherait à « dégrader [les] capacités » de l'armée Syrienne. Cela exigera la destruction à grande échelle d'équipements et aussi de tuer des milliers de soldats et de civils. Mis à part son nom, le plan de l'armée américaine sera une copie de la tactique de « choc et stupeur » employée en Irak en 2003.
L'action militaire américaine continuera jusqu'à ce qu'elle atteigne ses objectifs stratégiques : inverser le cours de la guerre civile en Syrie, en faveur de l'opposition soutenue par les États-Unis, tuer le président Assad si possible, mettre le régime à genoux et ouvrir la voie à l'installation d'un gouvernement fantoche des États-Unis.
Au-delà de la Syrie, l'objectif est de saper l'influence de l'Iran, de la Russie et d'autres rivaux des États-Unis dans la région. La guerre contre la Syrie va rapidement entraîner une confrontation militaire avec l'Iran. Le New York Times a fait savoir dimanche qu'Obama a déclaré à son équipe que la raison la plus « déterminante » pour demander l'autorisation du Congrès est qu’« agir seul le mettrait en porte-à-faux si durant les trois prochaines années il avait besoin d'une autorisation du Congrès pour sa prochaine confrontation militaire au Moyen-Orient, peut-être contre l'Iran. »
3. Il ne fait aucun doute que le gouvernement traverse une crise sérieuse. La progression vers la guerre n'a pas été aussi facile que s'y attendait Obama. Il croyait que des allégations d’attaque au gaz de combat suffiraient à mobiliser le public en faveur de la guerre. Les missiles allaient être lancés et les bombes larguées avant que toute question puisse être soulevée, sans même parler d’y donner une réponse. Ces plans ont subi un recul après le vote du Parlement britannique, quand il est devenu clair que le Premier ministre David Cameron ne pouvait pas apporter de preuves pour confirmer les allégations d'usage d'armes chimiques par la Syrie.
Alors qu'Obama se préparait à partir en guerre sans le soutien du public Américain – les sondages mettaient le soutien en faveur des frappes militaires contre la Syrie aussi bas que 9 pour cent – la défaite au Parlement britannique a créé une situation politiquement intenable. Le gouvernement a conclu qu'il serait politiquement dangereux de commencer une guerre sans soutien intérieur ni partenaire international crédible. Le vote au Congrès vise à créer l'illusion d'un large soutien public pour la guerre.
4. À seulement une semaine du début d’un débat au Congrès, les jours qui viennent verront une propagande médiatique massive en faveur de la guerre, centrée sur les affirmations selon lesquelles le gouvernement Syrien utilise des armes chimiques.
Ces allégations n'ont aucune crédibilité. De nombreux reportages impliquent déjà l'opposition, dominée par des organisations terroristes liées à Al Qaïda, dans les attaques au gaz de combat. Ces reportages comprennent des déclarations de témoins qui affirment que les forces de l'opposition ont utilisé des armes chimiques fournies par les agences de renseignement de l'Arabie saoudite, qui s'oppose à Assad. De plus, c'est un fait établi que l'opposition soutenue par les États-Unis a utilisé des armes chimiques par le passé et a été surprise en possession de gaz neurotoxique sarin.
Les « évaluations des renseignements » produites par les agences d'espionnage américaines et publiées par le ministre des Affaires étrangères John Kerry vendredi sont une compilation de mensonges et d'affirmations gratuites. Le gouvernement a refusé les appels de la Russie à ce que ces preuves soient mises à la disposition des Nations unies pour un examen indépendant.
5. Même s'il venait à être établi que l'armée syrienne a utilisé des gaz de combat, cela ne changerait rien au caractère prédateur et impérialiste de l'intervention américaine. Pendant deux ans, les États-Unis ont œuvré avec leurs alliés dans la région, ainsi qu'avec la France et la Grande-Bretagne, pour attiser la guerre civile dans le but d’obtenir un changement de régime. Le régime d'Assad a longtemps été perçu comme un obstacle potentiel aux machinations des États-Unis au Moyen-Orient, en grande partie à cause de ses relations étroites avec l'Iran et la Russie.
Les affirmations hypocrites du gouvernement Obama selon lesquelles il serait motivé par des considérations « humanitaires » sont démenties par ses longs et sanglants antécédents au Moyen-Orient. Tout récemment, les États-Unis n'ont eu aucune peine à accepter les massacres commis, le mois dernier, par l'armée égyptienne, qui est financée avec des milliards de dollars d'aide américaine.
Une lutte déterminée contre le désastre qu’on est en train de préparer est nécessaire. Face à la guerre, cependant, aucune confiance ne peut être accordée au Congrès – une institution qui, tout autant que la Maison blanche, est contrôlée par l'élite patronale et financière.
Les hauts responsables des deux partis, démocrate et républicain, ont déjà déclaré leur soutien pour la guerre, et l'ensemble de la politique officielle a mené, se servant du prétexte de la « guerre contre le terrorisme », des guerres sans fin sur plus d'une décennie. Même si la résolution en faveur de la guerre n'est finalement pas votée, cela ne fera que retarder la course à la guerre et ne l'arrêtera pas. C'est également vrai pour la Grande-Bretagne, où des manœuvres sont déjà en marche pour organiser un second vote qui autoriserait la guerre, après l'action du Congrès américain.
6. Si l'on veut empêcher la guerre, une action doit être menée par les travailleurs, les étudiants et les jeunes indépendamment du Congrès et des deux partis du grand patronat. La lutte contre la guerre doit devenir la pointe de la lutte contre les attaques incessantes subies par la classe ouvrière contre son niveau de vie et ses droits démocratiques fondamentaux. Cette lutte est, dans son essence, une lutte contre le capitalisme.
L'heure n'est pas à une attente vigilante, mais à une action politique consciente. Elle doit commencer immédiatement. Il est nécessaire pour tous ceux qui s'opposent à la guerre de faire entendre leur voix. La question de la guerre doit être retirée des mains de l'élite dirigeante et de ses représentants politiques.
Le Socialist Equality Party aux États-Unis et ses partis frères internationalement demandent l'organisation de manifestations, de rassemblements, de réunions publiques et d'autres manifestations populaires du sentiment anti-guerre. Elles doivent être organisées sur les lieux de travail et dans les lieux d'enseignement.
Le World Socialist Web Site continuera d’analyser la situation politique et de révéler cette conspiration guerrière. Le SEP et l’organisation des Jeunes et étudiants internationaux pour l’égalité sociale, qui en solidarité politique avec le CIQI, feront tout ce qu’ils peuvent pour encourager et organiser l'opposition populaire à la guerre. Nous appelons les lecteurs du WSWS à nous rejoindre dans cette lutte. (Pour vous y impliquer, cliquez ici – lien États-Unis).
(Article original paru le 2 septembre 2013)