Le bombardement jeudi soir par Israël de l’aéroport international de Damas et de cibles de l’armée syrienne dans Damas hier matin, 5 mai, sont des actes de guerre illégaux et non provoqués, encouragés par Washington et ses alliés européens dans le cadre de l'intensification de leur campagne contre la Syrie.
Selon des reportages des médias russes, 300 soldats syriens ont été tués et des centaines d’autres blessés dans la seule attaque de dimanche.
Les forces israéliennes ont, de fait, agi tout autour de Damas comme un soutien aérien pour les milices islamistes de l’opposition appuyées par les Etats-Unis. Peu après les bombardements de dimanche, le Conseil militaire de l’opposition de Damas a publié un communiqué appelant ses combattants à ignorer leurs divergences et à monter des attaques ciblées contre les troupes syriennes.
Ces attaques ont lieu au milieu d’un débat se déroulant à Washington, concernant la manière dont le gouvernement Obama devrait intensifier sa guerre en Syrie, compte tenu de l’échec de ses forces intermédiaires à renverser le régime syrien. Le New York Times a décrit ceci samedi comme étant « la question de politique étrangère la plus urgente du second mandat [d’Obama]. »
Les méthodes envisagées témoignent du caractère politiquement criminel de l’entreprise. Elles prévoient soit de fournir davantage d’armes à l’opposition soutenue par les Etats-Unis et dominée par le Front Al-Nusra qui est lié à al Qaïda, soit que les Etats-Unis engagent carrément les hostilités. La dernière option inclut le lancement de frappes aériennes américaines contre l’aviation et les défenses aériennes syriennes dans le but d’établir une « zone d’exclusion aérienne » dans le pays, ou encore l’invasion de la Syrie par des troupes américaines basées en Jordanie ou en Turquie.
Tout porte à croire que les frappes israéliennes étaient une phase test pour de possibles frappes aériennes américaines contre la Syrie. Bien que les responsables américains et européens aient apparemment discuté du lancement d’attaques pour mettre sur pied une zone d’exclusion aérienne, Washington s’est jusque-là retenu de les organiser par crainte des systèmes de défense anti-aériens syriens.
Dans l’émission « Meet the press » sur NBC, le sénateur américain Patrick Leahy (Démocrate du Vermont) a dit que les frappes israéliennes avaient été effectuées avec des F-16 fournis par les Etats-Unis et qu’elles avaient prouvé que les « systèmes de défense anti-aériens fournis par la Russie n’étaient pas aussi bons qu’annoncés. » Dans la même émission la correspondante de NBC, Andrea Mitchell a dit qu’après les frappes israéliennes, une zone d’exclusion aérienne en Syrie semblait plus probable.
Le gouvernement Obama a rapidement donné son approbation aux frappes israéliennes. Des responsables américains ont affirmé, sans preuve à l’appui, que les frappes de jeudi soir avaient visé un chargement de missiles iraniens destiné à l’organisation chiite libanaise Hezbollah, alliée du régime chiite du président syrien Bachar al-Assad. Des sources de l’opposition syrienne soutenue par les Etats-Unis ont dit que les énormes explosions qui ont secoué dimanche matin Damas étaient des frappes visant des bases militaires syriennes et le centre de recherches militaires de Jamraya qui apparemment développerait des armes chimiques.
Depuis le Costa Rica où il effectue une tournée de trois jours en Amérique latine, Obama a dit : « Les Israéliens doivent, de manière justifiée, se protéger contre le transfert d’armes sophistiquées à des organisations terroristes comme le Hezbollah… Nous nous coordonnons étroitement avec Israël, en reconnaissant qu’ils sont très près de la Syrie et très près du Liban. »
Tout comme les mensonges utilisés pour justifier l’invasion américaine en Irak, les justifications pour une guerre contre la Syrie présentées à l’opinion publique sont un mélange d’allégations non justifiées et de purs mensonges. Les affirmations qu’il existe des preuves qu’Assad a fait usage d’armes chimiques – reposant sur des allégations que des combattants de l’opposition ont trouvé ou ont été empoisonnés au gaz sarin – sont fausses. Comme l’a reconnu hier un responsable britannique, « On ne sait toujours pas avec certitude qui a utilisé ce produit, dans quelles quantités et à quel effet. »
La réaction américaine aux frappes israéliennes clarifie cependant une chose : après les guerres en Irak et en Afghanistan, Washington s'apprête à lancer une nouvelle guerre impérialiste de grande envergure, et cette fois contre la Syrie. Les conséquences du lancement d’une telle guerre d’agression seront certainement encore plus importantes que celles de la guerre en Irak.
D’ores et déjà, l'actuelle guerre par procuration des Etats-Unis en Syrie a embrasé le Moyen-Orient. L'objectif étant d’isoler et d’intimider le principal allié régional de la Syrie, l’Iran riche en pétrole, elle est en train d’entraîner le Hezbollah dans le combat et de mener au déclenchement d'une guerre civile en Irak où des forces sectaires chiites liées à al-Nusra sont en train de combattre le gouvernement mené par les Chiites.
En intensifiant la guerre en Syrie, Washington risque de déclencher une guerre régionale générale qui, si les alliés d’Assad, la Chine ou la Russie, étaient impliqués, pourrait provoquer une conflagration mondiale.
Les préparatifs d'une guerre américaine contre la Syrie, dix ans après l’invasion de l’Irak, témoignent de la faillite de la démocratie américaine. Une fois de plus, Washington se prépare à lancer une guerre pour la poursuite de ses intérêts impérialistes, faisant preuve d’un mépris total face à l’opposition populaire écrasante à une telle guerre, tant aux Etats-Unis qu’au Moyen-Orient. Des sondages révèlent que 62 pour cent des Américains sont opposés à l’envoi de nouvelles armes à l’opposition islamiste ; dans les pays du Moyen-Orient des majorités similaires sinon plus grandes sont contre la guerre américaine par procuration.
Les frappes israéliennes ont aussi mis fin aux mensonges avancés par les partisans de l’opposition syrienne, tel Gilbert Achcar du Secrétariat unifié pseudo-gauche, qui a récemment rejeté comme étant « des théories du complot » des critiques faisant état d'une implication impérialiste dans la guerre syrienne . Depuis qu’elle a soutenu la guerre de l’OTAN en Libye en 2011 pour le renversement du colonel Mouammar Kadhafi, la fratrie pseudo-gauche intensifie ses activités de propagandistes pour les guerres impérialistes en faveur d’un changement de régime, menées en alliance avec des éléments sectaires droitiers et des puissances régionales réactionnaires.
La Syrie se trouve dans la ligne de mire de Washington depuis plus d’une décennie en raison de ses liens avec l’Iran et des forces telles que le Hezbollah. Avec cette guerre, les Etats-Unis cherchent à mettre en place un protectorat en Syrie qui sera complètement subordonné à la politique américaine.
Il n’existe quasiment aucun soutien populaire aux Etats-Unis à une nouvelle guerre au Moyen-Orient. En effet, cette même élite dirigeante, qui mène une guerre à l’étranger, est engagée dans une attaque impitoyable contre la classe ouvrière à l’intérieur du pays. Les préparatifs pour une guerre en Syrie créent les conditions d’un conflit explosif entre un sentiment anti-guerre au sein de la classe ouvrière et les projets toujours plus téméraires de l’élite dirigeante d'un pillage mené par l’armée.
(Article original paru le 6 mai 2013)