Les syndicats valident le plan social prévoyant la fermeture du site PSA-Aulnay

Lundi 29 avril, le comité central d’entreprise (CCE) a validé le plan social de PSA Peugeot Citroën qui prévoit la suppression de 11.200 emplois et des fermetures de sites, dont celui d’Aulnay qui devrait fermer en 2014.

Dix-huit des vingt élus du CCE ont approuvé le plan annoncé il y a neuf mois par PSA. Selon le journal Le Monde, « Seule la CGT s’est opposé, tandis que FO, CFTC, CFE-CGC, CFDT et SIA ont validé le plan social. Sitôt le plan de sauvegarde de l’emploi enclenché, le groupe passera à la vitesse supérieure en s’attaquant à la compétitivité de ses usines. Des négociations doivent s’ouvrir en mai, pour un accord espéré en octobre ».

L’article du Monde rapporte les paroles hautaines du délégué FO Christian Lafaye, qui applaudit la fermeture de l’usine et la destruction de milliers d’emplois : « La raison l’emporte sur la passion. Une grande majorité des salariés va sans doute être soulagée et une certaine sérénité va arriver ».

Contrairement à ce que prétend cyniquement ce délégué FO, il est difficile d’imaginer que les travailleurs d’Aulnay puissent être soulagés de penser qu’ils risquent de se retrouver au chômage dans un contexte de crise économique.

Si la CGT n’a pas signé le plan social c'est uniquement parce qu’elle n’avait pas besoin de le faire : les signatures des autres syndicats suffisaient à avaliser le plan social voulu par PSA et approuvé par les bureaucraties syndicales.

La CGT n’a jamais eu l’intention de mener une lutte sérieuse contre les projets de PSA et du gouvernement de fermer le site d’Aulnay. Aucun syndicat n’a tenté de mobiliser la classe ouvrière dans son ensemble en lutte contre les projets de PSA et du président François Hollande. Les grèves lancées par les travailleurs d’Aulnay ont été isolées par la CGT, confirmant une fois de plus le rôle traître joué par ce syndicat prétendument « contestataire ».(Lire aussi : France: la grève des travailleurs de l'automobile chez PSA se trouve dans une impasse)

Cela est confirmé par Jean Pierre Mercier, leader CGT à Aulnay, membre de Lutte Ouvrière (LO), et ancien porte-parole de la candidate LO Nathalie Artaud pendant les élections présidentielles de 2012. Il a commenté, « Si la direction veut fermer l’usine au plus vite, il va falloir qu’elle paye, il va falloir qu’elle casque ».

Les fanfaronnades cyniques de Mercier soulignent simplement que la CGT accepte la décision de la direction de fermer l’usine, et tente de présenter la fermeture de l’usine comme une victoire si la direction paie une somme à minima pour organiser les licenciements.

En fait, dès le début du conflit les syndicats, dont la CGT, ont tout fait pour étouffer le mécontentement des travailleurs. Les syndicats ne voulaient pas que la lutte des travailleurs de PSA ne déclenche un conflit plus large opposant la classe ouvrière à Hollande et au Parti socialiste (PS) fraîchement élus.

Les syndicats, y compris la CGT, sont des organisations étroitement liées à l’Etat et aux patrons. L’Etat et le patronat financent les syndicats à hauteur de plus de 90 pour cent de leur revenus, selon les données établies par le rapport Perruchot, et par conséquent les syndicats ne s’opposent pas à la bourgeoisie. Les syndicats cherchent à servir les intérêts de la bourgeoisie dans les entreprises, et pour cela elles étouffent toute opposition de la classe ouvrière.

Les critiques adressées par Jean Pierre Mercier au gouvernement sont malhonnêtes. « C’est quand même un gouvernement de gauche qui autorise, avec sa loi sur la flexibilité de l’emploi, les patrons à augmenter le temps de travail et à baisser les salaires. Même Sarkozy n’a pas osé », a-t-il dit.

Ceci ne souligne en fait que plus directement la complicité d’Arthaud et de LO dans la politique anti-ouvrière de Hollande et du PS. LO et la CGT ont laissé entendre qu’il serait plus facile de faire pression sur un gouvernement PS plutôt que de droite, et qu’ils comprenaient un vote PS même s'ils ne donnaient pas explicitement une consigne de vote PS.

Sous le mandat présidentiel de Sarkozy, la CGT avait eu une place importante dans la politique d’austérité menée par ce gouvernement de droite. Ayant négocié avec Sarkozy pendant les réformes des retraites, la CGT avait obtenu de Sarkozy une intégration un peu plus importante de l’organisation syndicale à l’intérieur de l’Etat.

Cependant, la bureaucratie syndicale a soutenu la candidature de Hollande, sachant très bien qu’il comptait mener une offensive contre la classe ouvrière au nom de la compétitivité française. Pendant la campagne électorale, la presse rapportait que des licenciements de masse allaient avoir lieu en France et que les emplois chez PSA étaient menacés comme l’affirmaient des documents de PSA en 2011. La CGT et LO n’en ont pas fait un enjeu politique pendant la campagne présidentielle.

Après l’annonce officielle en juin 2012 de la suppression de 8.000 emplois et de la fermeture d’Aulnay, Mercier n’a pas cherché à mobiliser les travailleurs. Il n’a appelé à des mobilisations qu’à partir de septembre, date où les négociations entre le gouvernement, PSA et les syndicats ont commencé. Alors que les travailleurs de l’automobile à travers toute l’Europe sont touchés au même titre que les travailleurs de PSA, la CGT était hostile à l’unification des luttes des travailleurs de l’automobile européens.

La perspective de Mercier était d’isoler les travailleurs de PSA, jusqu’à ce qu’ils acceptent la fermeture de leur usine.

Ce plan social est le point de départ d’attaques plus féroces de la part de la bourgeoisie contre les travailleurs de l’automobile et qui s’étendent à toutes les sections de la classe ouvrière en Europe. Le groupe PSA prévoit des discussions en mai pour négocier la compétitivité des usines. Comme la CGT l’a fait pour d’autres entreprises, comme dernièrement chez Bosch où la CGT et le syndicat SUD ont signé le gel des salaires et la modulation du temps de travail, la CGT imposera aux travailleurs des reculs sociaux.

La trahison des travailleurs de PSA par les syndicats et la pseudo-gauche souligne la nécessité de rompre avec la bureaucratie syndicale et la politique cynique et anti-ouvrière des organisations telles que LO. Les travailleurs de PSA doivent créer des comités d’action ayant pour tâche d’unifier des luttes de la classe ouvrière en France et à travers l’Europe.

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