Des chercheurs d’emploi campent sur le trottoir pour postuler à New York

Un village de tentes est apparu dans le quartier Queens à New York la semaine dernière lorsque des centaines de personnes ont campé afin d’être certaines de pouvoir postuler pour devenir apprenti-technicien d’ascenseur. Les chercheurs d’emploi ont attendu aussi longtemps que six jours avant que la section locale 3 du syndicat de la FIOE (IBEW) ne distribue 750 formulaires de demandes d’emploi pour seulement 75 ouvertures garanties. Des centaines de personnes arrivées trop tard sont reparties les mains vides.

L’apprentissage de l’entretien et de la réparation d’ascenseurs offre une opportunité de plus en plus rare pour les jeunes travailleurs d’obtenir un emploi à salaire décent. Ces salaires commencent à 17 $ l’heure, mais après avoir terminé le programme d’apprenti de quatre ans, un travailleur peut gagner comme compagnon entre 35 $ et 40 $ de l’heure, plus les avantages sociaux.

Il n’y a pas de qualifications spéciales pour postuler, les seuls préalables étant un diplôme d’études secondaires et la capacité de soulever 50 kilos. Les candidats retenus doivent ensuite subir un test écrit et un examen médical.

La scène la semaine dernière était presque identique à celle d’avril 2010, la dernière fois où des formulaires d’emploi avaient été remis. Tant alors que ce coup-ci, des centaines de travailleurs ont érigé des abris de fortune sur le trottoir dans l’espoir de décrocher un emploi. Le syndicat a apporté une demi-douzaine de toilettes portatives et a embauché un gardien de sécurité pour surveiller le site 24 heures sur 24.

Une rangée de tentes où les chercheurs d’emploi attendent

Un responsable de la FIOE a expliqué au New York Times le raisonnement derrière cette méthode de distribution en mains propres des demandes d’apprenti au «premier arrivé, premier servi». «Si nous avions procédé en ligne ou par courriel, a-t-il dit, nous aurions eu 10 000 demandes à traiter.»

Ce n’est là nullement une exagération. Le chômage reste à des niveaux de crise à travers le pays, et notamment à New York. Selon les dernières données, le taux de chômage officiel est à 8,4 pour cent, soit près d’un point au-dessus de la moyenne nationale. Mais ces chiffres ne comprennent pas les millions de personnes qui ont renoncé à chercher du travail ou contraintes de travailler à temps partiel ou à des emplois à bas salaire, désespérées et prêtes à accepter tout travail continu payant tout juste pour soutenir leur famille.

Bien que les statistiques officielles sur le chômage se soient récemment améliorées, les conditions réelles sont toutes autres. Au cours de la dernière année, environ la moitié de la baisse du nombre de chômeurs à New York a été causée par la réduction du bassin de main-d’œuvre parce que des travailleurs abandonnent la recherche d’emploi. Le chômage de longue durée est devenu si endémique que près de 60 pour cent des chômeurs new-yorkais ne reçoivent plus de prestations de chômage.

Des chercheurs d’emploi à l’abri de la pluie

Dans la mesure où de nouveaux emplois sont créés, dans la grande majorité des cas, ceux-ci n’offrent que des salaires gravitant autour du seuil de pauvreté. Le dernier rapport du Center for an Urban Future (Centre pour un avenir urbain) révèle une augmentation considérable de ce type d’emplois depuis le début de la crise économique. Pour l’ensemble de la ville de New York, le nombre de travailleurs occupant des emplois à bas salaire a grimpé à 35 pour cent de la force de travail l’an dernier, un chiffre qui était déjà choquant à 31 pour cent.

À Brooklyn, où les loyers sont maintenant presque aussi exorbitants qu’à Manhattan, environ 40 pour cent des travailleurs occupent des emplois à bas salaires, ce qui représente une augmentation de 8 pour cent depuis 2008. Dans le Bronx, maintenant le quartier le plus pauvre de la ville, le pourcentage de ces emplois est encore plus élevé à près de 50 pour cent.

Cette situation est identique, ville après ville, partout aux États-Unis, où les bas salaires sont devenus la norme pour une énorme partie de la population active.

Charles Keen a voyagé des heures depuis le Maryland pour venir attendre en ligne dans l’espoir d’avoir un formulaire de demande d’apprenti technicien d’ascenseur. «C’est la première fois que je viens à New York, explique l’homme de 25 ans. J’essaie de progresser dans la vie. Il n’y a pas d’emplois, pas de travail et pas d’argent à faire. Je travaille comme chef à 9,50 $ l’heure, sans avantages sociaux. Mon travail est saisonnier et je dois retirer des allocations de chômage de l’Halloween au 1er avril environ. L’économie dans l’ensemble est de plus en plus merdique, avec plein d’emplois qui ont été perdus et tant de chômage!

«Je me fous des politiciens, poursuit-il. Je n’aime pas ce qu’ils font. Ils ne cessent d’augmenter les impôts pour les gens ordinaires et les prix des biens de première nécessité ne cessent d’augmenter. On dirait que les politiciens ne veulent aider que les riches et non les gens de la classe moyenne et les pauvres.»

(Article original paru le 29 mai 2013)

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