Après le soi-disant voyage de « paix » du président américain Barack Obama en Israël la semaine passée en ce dixième anniversaire de l’invasion américaine en Irak, Washington intensifie son intervention sanglante au Moyen-Orient.
Après avoir, dans un discours tenu à Jérusalem, menacé le président syrien Bachar al Assad et son principal allié, l’Iran riche en pétrole, Obama intensifie la guerre américaine par procuration menée contre la Syrie. Immédiatement après la visite d’Obama, le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est rendu en Irak pour sommer celui-ci de bloquer les livraisons d’armes à la Syrie passant par son territoire.
Lundi, le New York Times a publié un article intitulé « Le transport aérien d’armes aux rebelles syriens s’amplifie avec l’aide de la CIA, » fournissant des détails précis sur la manière dont la CIA, de son côté, arme les milices soutenues par l’Occident et qui combattent les forces d’Assad à l’intérieur de la Syrie.
« Selon des données sur le trafic aérien, des interviews de responsables de plusieurs pays et des compte rendus de commandants rebelles, les gouvernements arabes et la Turquie ont, avec l’assistance de la CIA, au cours de ces derniers mois considérablement renforcé l’aide militaire apportée aux combattants de l’opposition syrienne en élargissant le transport aérien secret d’armes et d’équipement destinés au soulèvement contre le président Bachar al Assad,» a écrit le New York Times.
Il ajoute que « le pont aérien qui avait démarré modestement début 2012, » a pris de l’ampleur pour « compter plus de 160 vols de fret militaire assurés par des avions militaires de type cargo atterrissant à l’aéroport d’Esenboga près d’Ankara et, à un degré moindre, à d’autres aéroports turcs et jordaniens. »
Aux dires de l’un des responsables, cette « cascade d’armement » est organisée et supervisée par la CIA. Le Times écrit, « C’est à partir de bureaux situés dans des lieux secrets que les agents du renseignement américain ont aidé les gouvernements arabes à acheter des armes, dont un gros approvisionnement en provenance de la Croatie, et ils ont soigneusement évalué les commandants rebelles et les groupes afin de déterminer qui d’entre eux recevra les armes à leur arrivée. »
Le Times cite un expert disant: « L’intensité et la fréquence de ces vols laissent penser à une opération de logistique militaire clandestine bien planifiée et coordonnée. »
Ces rapports montrent clairement que l’affirmation du gouvernement Obama comme quoi il ne fait que fournir une aide « non-létale » à l’opposition est un mensonge. Ceci corrobore l’analyse du World Socialist Web Site que la guerre en Syrie est une opération de la CIA visant à déloger Assad, un allié de l’Iran et qui est considéré être un obstacle aux intérêts américains dans la région.
Au cours des deux années de guerre en Syrie, près de 70.000 personnes ont déjà été tuées et des millions déplacées. Des parties considérables de la Syrie, l’un des berceaux de la civilisation humaine aux côtés de l’Iraq, ont été détruites. La CIA a mobilisé et a contribué à armer les forces islamistes les plus droitières – tels Jabthal al-Nusra, la branche syrienne d’al Qaïda – qui massacrent les minorités religieuses et commettent des attentats suicides contre des civils.
Le cynisme et la criminalité de l’impérialisme américain est stupéfiant. Tout en armant jusqu’aux dents des organisations d’al Qaïda, Obama met en garde contre le danger que la « Syrie ne devienne une enclave de l’extrémisme » tout en arborant la prétention cynique que Washington mène une « guerre contre le terrorisme. »
La guerre syrienne révèle au grand jour les prétentions du gouvernement Obama et de ses alliés européens d’être en train d’appliquer une politique fondamentalement différente de celle de Bush et de sa guerre haïe en Irak. Durant l’invasion et l’occupation américaine de dix ans qui a suivi cette guerre, des centaines de milliers d’Irakiens ont été tués et des millions ont été transformés en réfugiés alors que leur pays a été détruit sur la base de fausses affirmations, à savoir que l’Irak possédait des « armes de destruction massive. »
La réaction des puissances impérialistes face aux premiers soulèvements révolutionnaires qui ont fait chuter en 2001 en Egypte et en Tunisie des dictateurs soutenus par les Etats-Unis a été d’étendre le programme de conquête néocoloniale au Moyen-Orient débuté par Bush : une guerre de l’OTAN pour la conquête de la Libye, une guerre par procuration en Syrie et des menaces de guerre continues contre l’Iran.
Au cours de ces opérations, une multitude de groupes pseudo-gauches ont servi de d’aides indispensables – l’International Socialiste Organization (ISO) aux Etats-Unis, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France, le Socialist Workers Party en Grande-Bretagne, le parti Die Linke en Allemagne (l’homologue allemand du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon) et leurs équivalents au Moyen-Orient.
Ces forces ont cherché à subordonner la classe ouvrière à diverses factions de la bourgeoisie arabe dans le but de stopper et de détourner, en Egypte et en Tunisie, la poussée révolutionnaire de la classe ouvrière pour la prise du pouvoir.
En promouvant la guerre de l’OTAN contre la Libye et l’intervention sanglante de la CIA en Syrie comme des interventions « humanitaires,» ou même comme des « révolutions sociales », ces forces ont opéré comme des instruments de propagande de la CIA et comme des agents de l’impérialisme. Leurs critiques à l’égard des Etats-Unis et des puissances européennes reviennent à lancer un appel à expédier davantage d’armes aux forces d’opposition syriennes qu’elles qualifient de « révolutionnaires. »
Après avoir lourdement armé des groupes liés à al Qaïda, les puissances occidentales commencent à craindre ce qui se passera si ces groupes venaient à prendre le pouvoir. Dans la mesure où l’impérialisme chercherait à mettre sur la touche des forces qu’il a utilisées tout au long du conflit, il recourra aux forces sociales mêmes qui sont les plus fortement promues par la pseudo-gauche.
Pour mettre fin à l’offensive impérialiste, la classe ouvrière doit reprendre la montée révolutionnaire commencée il y a deux ans. Cette fois-ci cependant elle doit être orientée contre l’impérialisme, la bourgeoisie arabe et ses annexes de la pseudo-gauche.
Pour aller de l’avant et mettre un terme à la guerre impérialiste et à l’oppression capitaliste la classe ouvrière doit fonder ses luttes sur un programme socialiste international et qui articule ses intérêts politiques indépendants.
(Article original paru le 26 mars 2013)