Des centaines de travailleurs de Goss International France perdent leur emploi

Une semaine avant Pâques, la filiale française de Goss International dont le siège ainsi qu’un site se trouve à Montataire, dans l’Oise à une cinquantaine de kilomètres de Paris, et l’autre site à Nantes, a été placée en redressement judiciaire. Mercredi, 3 avril, le tribunal de commerce de Compiègne a nommé un administrateur pour participer à la gestion de l’entreprise pendant six mois au plus.

Goss International est l’un des plus grands fabricants au monde de rotatives d’imprimerie offset pour publication sur internet.

323 travailleurs de Goss à Montataire et 110 à Nantes vont perdre leur emploi. La direction de Goss International a affirmé que la contraction de 50 pour cent du marché et une concurrence féroce ont fait que l’entreprise s’est trouvée en manque de liquidités, ayant à peine suffisamment de fonds pour payer les salaires.

Le siège américain de Goss International basé à Durham (New Hampshire) a décidé de transférer la fabrication de modèles de rotatives d’Europe aux Etats-Unis.

Ce redressement judiciaire se produit trois ans à peine après le licenciement de 320 travailleurs soit 50 pour cent des effectifs à Montataire et de 180 travailleurs à Nantes. Au début de l’année, l’usine Goss à Sayama au Japon a été fermée et une centaine d’employés ont perdu leur emploi.

La direction de Goss présente ces mesures comme étant une « transformation » indispensable de l’entreprise visant à « simplifier la structure organisationnelle pour pouvoir se centrer véritablement sur le client. » Elle a promis de créer une nouvelle société de ventes et de services qui pourrait réembaucher 160 des effectifs actuels mais, il est d’ores et déjà clair, que ce serait à moindre salaire.

L’argument principal du propriétaire de l’entreprise, le groupe Shanghai Electric, est que la demande de rotatives presses est en train de baisser sur le marché. Cependant, tout en fermant Montataire, Nantes et Sayama, l’entreprise a déjà démarré un projet de construction de vastes nouvelles installations près de Shanghai pour fabriquer des machines de presse offset pour internet et de presse à feuille. L’usine devrait entrer en activité en 2015 et reprendre finalement une partie de la production assurée actuellement en France.

La gestion technique de la France a déjà transféré le savoir-faire de la procédure d’assemblage à l’usine qui existe à Shanghai.

Tout ceci a été facilité par la politique traîtresse menée par les principaux syndicats français, la CFDT et la CGT.

Tout au long de ces dix dernières années, les syndicats ont rejeté toute défense de principe des emplois en affirmant au contraire pouvoir sauver certains emplois à condition d’accepter des licenciements partiels. C’est ainsi, qu’en l’espace de ces dix dernières années, les effectifs sont passés à Montataire de 1.200 employés à 320 actuellement.

Lorsqu’en 2010 la filiale de Nantes avait été réduite à un bureau d’études et que les services et la production avaient été transférés à Montataire, le WSWS avait mis en garde qu’il n’y avait aucune garantie que Montataire soit à l’abri de licenciements. (Voir : « France : à Nantes les travailleurs ont occupé l'usine Goss International pendant cinq jours. »)

Le syndicat allemand IG Metall a mené la même politique désastreuse que celle poursuivie dans d’autres grandes entreprises allemandes comme König & Bauer, Heidelberg et Manroland. Des licenciements ont eu lieu à la société Heidelberg de machines à imprimer, chez König &t Bauer à Würzbourg, chez Manroland à Augsburg, à Offenbach et à Plauen en Allemagne ainsi qu’à Komori au Japon. Le nombre de travailleurs a été réduit de 30 à 50 pour cent, représentant au total des milliers d’emplois.

Au lieu d’unir les travailleurs internationalement à travers toutes les entreprises, les syndicats les ont isolés en restreignant les luttes à chaque usine séparément. Les responsables de la CFDT et de la CGT se plaignent que le propriétaire chinois a commis « une fraude en ignorant la loi française. » Ils ont engagé deux avocats pour contester le redressement judiciaire devant le tribunal.

C’est une stratégie sans issue. Les travailleurs doivent rejeter cette proposition et se mobiliser indépendamment des syndicats dans une lutte pour les emplois et contre les réductions de salaires.

Les travailleurs touchés par les dernières séries de licenciement n’auront pas droit au plan d’indemnités de licenciement que les travailleurs mis à pied il y a trois ans ont reçu. Le seul objectif de la procédure de redressement est d’éviter le genre de plan social qui avait été accordé aux travailleurs licenciés il y a trois ans.

La responsabilité de ces attaques incombe aux dirigeants syndicaux qui depuis des années trompent les employés quant à la véritable nature de la crise dans l’industrie de l’imprimerie et autres industries.

Depuis des décennies, Goss International, ses unités pour l’imprimerie de journaux et l’imprimerie commerciale ainsi que ses machines de finition ont été la cible du pillage imposé par l’industrie financière à l’industrie manufacturière : les fusions et les acquisitions, les rachats divers, la propriété de fonds spéculatifs et la « restructuration », c’est-à-dire les licenciements. Après cette saignée continue prévoyant le prélèvement des bénéfices par les nombreux propriétaires précédents, le « fonds vautour » de Matlin Patterson a finalement vendu l’entreprise au géant énergétique chinois, Shanghai Electrics.

Cette entreprise détenait un certain nombre d’usines d’impression sur presse à feuille et est un partenaire de co-entreprise avec Goss depuis 1992. Son principal intérêt était l’acquisition d’une marque internationale bien connue et disposant d’un savoir-faire et de brevets de fabricants de premier plan dans le but, dès le début, de transférer la production vers des installations à bas coût en métropole.

« Après avoir siphonné notre savoir-faire et nos brevets, Shanghai Electrics veut se séparer de son entreprise française de la manière la plus odieuse, » ont dit des dirigeants syndicaux à Presse Océan.

Au cours de ces trois dernières années, le WSWS a suivi de très près les luttes chez Goss à Nantes, chez KBA à Frankenthal et chez Manroland à Augsburg et à Offenbach, en soulignant que pour les travailleurs l’unique défense se trouve dans l’unification internationale de la lutte des travailleurs de cette industrie avec les luttes de leurs collègues dans une lutte politique contre le système capitaliste de profit.

(Article original paru le 8 avril 2013)

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