Plus tôt cette année, le magazine britannique Economist rapportait que, selon ses analyses, au moins un quart des jeunes à travers le monde sont sans emploi ou éducation. Ce seul fait montre la réalité d'un système capitaliste qui n’a aucun avenir à offrir aux jeunes à part la pauvreté et la misère sociale.
Il y a 26 millions de jeunes gens dans les pays développés qui ne sont ni employés, ni étudiants, ni stagiaires, selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques citées par l'Economist, en plus de 260 millions de jeunes dans les pays en développement.
Le magazine conclut que «près de 290 millions sont soit sans emploi ou sans éducation: près du quart de la jeunesse mondiale», ou l’équivalent de la population américaine.
L’expansion la plus remarquable de ce groupe a pris place dans les pays développés où, selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), le pourcentage de jeunes ni employés ni étudiants a augmenté de 2,1 points de pourcentage depuis 2008, pour atteindre 15,8 pour cent. Comme l'explique l’OIT, «cela signifie qu’un jeune sur six (dans les pays développés) est sans emploi et ni aux études ou en stage».
L’OIT ajoute que les plus importantes augmentations dans cette catégorie se trouvent dans les pays les plus touchés par le krach de 2008 et la crise de la dette européenne qui s'en est suivie. «En Estonie, en Islande, en Irlande et en Espagne, ce taux a augmenté de plus de 5 points de pourcentage entre 2008 et 2010», écrit l’organisation.
Un grand nombre de jeunes classés comme «employés» occupent en fait des emplois temporaires ou précaires. L’an dernier, l’OIT rapportait que la hausse de l’emploi temporaire chez les jeunes «a presque doublé depuis le début de la crise économique». L’OIT note que l’emploi à temps partiel chez les jeunes dans les pays développés est passé de 20 pour cent en 2000 à près d’un tiers en 2011.
La hausse du travail à temps partiel ne fait que s’accélérer. Selon une étude, les États-Unis ont remplacé plus de 150.000 emplois à temps plein par des emplois à temps partiel au cours des trois derniers mois. Entre avril et juillet, le nombre de personnes à l’emploi a augmenté de 526.000, alors que le nombre d’emplois à temps partiel a augmenté de 684.000, selon l’enquête menée auprès des ménages par le Département du Travail américain.
Le travail à temps partiel représentait 77 pour cent de la création d’emplois jusqu’ici cette année et le nombre de travailleurs à temps partiel aux États-Unis a atteint le nombre record de 8,2 millions. La nouvelle norme qui est apparue sous la supposée reprise économique d’Obama consiste en emplois à faible revenu dans le commerce de détail, la restauration, les agences de placement et les soins de santé à domicile – soit près de la moitié des nouveaux emplois en 2013.
Selon l’OIT, dans les pays en développement, où vivent plus de 90 pour cent de la jeunesse mondiale, plus de la moitié de la population jeune est employée dans l’économie informelle. Le rapport note que cette catégorie de jeunes travailleurs «vulnérables», qui sont travailleurs autonomes ou travaillent pour leurs familles, représentait 56,2 pour cent de la main-d'oeuvre dans les régions en développement en 2011.
En Grèce, le chômage chez les jeunes a atteint le mois dernier le taux stupéfiant de 64,9 pour cent, contre 54,1 pour cent en mars 2012. Pour l’ensemble de l’Union européenne, le chômage chez les jeunes est passé à 23,2 pour cent. Selon l’OIT, le chômage chez les jeunes a augmenté de 25 pour cent dans les pays développés entre 2008 et 2012.
Le sombre avenir qui attend les jeunes est le témoignage le plus éloquent de la faillite du système capitaliste qui, face à une crise systématique et interminable, ne peut survivre qu’en jetant un nombre toujours plus grand de travailleurs dans la pauvreté et la misère.
En fait, le vaste appauvrissement des jeunes travailleurs est une stratégie délibérée de la classe dirigeante, laquelle cherche à exploiter le chômage de masse et le désespoir de la jeune génération afin de faire pression sur les travailleurs plus âgés pour les forcer à accepter une hausse des cadences, des concessions et des coupures salariales.
Le but visé est une vaste rétrogression historique dans les conditions de vie des travailleurs, avant tout par un retour aux conditions du 19me siècle. La paupérisation de la classe ouvrière, comme l'a souligné Marx avec justesse, est la tendance générale du capitalisme. Seules les luttes politiques et révolutionnaires de masse du 20me siècle – principalement la Révolution russe d’Octobre 1917 – ont forcé les classes dirigeantes d’Europe et des États-Unis à accorder des concessions limitées à la classe ouvrière, comme la journée de travail de huit heures, des salaires décents et des régimes de retraite.
Le recul historique dans les conditions de la majorité de la population est le résultat des décennies de suppression de la lutte des classes par les syndicats et les organisations politiques sociale-démocrates, staliniennes et de la pseudo-gauche, lesquelles acceptent entièrement le cadre du système capitaliste et l’appauvrissement de la classe ouvrière qui en découle.
La misère sociale à laquelle font face les jeunes – aux côtés des dangers de guerre et de dictature – démontre la faillite de tous les programmes politiques basés sur le nationalisme et la conception qu'on peut réformer le système capitaliste pour répondre aux besoins de la grande majorité de la société. Sans une politique socialiste et un parti révolutionnaire luttant pour celle-ci, la classe ouvrière n’est qu'un «matériau pour l'exploitation», comme l’a souligné Léon Trotsky.
L’incapacité de ce système à assurer un avenir aux jeunes a déjà contribué à alimenter des soulèvements sociaux de masse, de la Tunisie et l’Égypte à la Grèce et l’Espagne. Mais la question essentielle qui se pose pour la jeunesse et la classe ouvrière en son ensemble est de résoudre la crise de sa direction politique. Pour assurer leur avenir, les jeunes doivent entreprendre la lutte pour bâtir un parti révolutionnaire de masse de la classe ouvrière internationale dans le but de réorganiser la société sur la base des besoins humains et non du profit individuel.