Déclaration des Partis de l’Egalité socialiste (Royaume-Uni et Allemagne)
1 juin 2012
Le président directeur général européen de General Motors, Karl-Friedrich Strack, présentera le 28 juin au directoire de GM un projet de restructuration prévoyant des économies annuelles d’un milliard de dollars (800 million d’euros)
GM entreprend une nouvelle série d’attaques drastiques contre les salaires, les conditions de travail et d’emplois dans ses filiales européennes Opel et Vauxhall. L’usine d’Opel à Bochum (Allemagne) qui existe depuis 50 ans va probablement être fermée.
Les travailleurs qui s’opposent à cette attaque vont devoir lutter sur deux fronts. Leur ennemi n’est pas seulement la direction de l’entreprise mais aussi les syndicats et les comités d’entreprise.
Des années durant, les syndicats et les comités d’entreprise ont collaboré pour imposer des réductions massives. Alors que les syndicats entretiennent des liens internationaux étroits, côtoient les comités d’entreprise européens et siègent au directoire d’Opel/Vauxhall, ils dressent les sites de production les uns contre les autres dans le but d’obtenir davantage de concessions des travailleurs.
Les réductions de salaire, une flexibilité accrue, les pertes d’emplois, etc., sont régulièrement présentées comme étant le seul moyen de garantir l’avenir de l’usine – et ce, jusqu’à ce que commence la prochaine série de réductions.
Il y a trois ans, Opel a fermé son usine d'Amsterdam entraînant une perte de 2.600 emplois. Juste avant la fermeture, le comité d’entreprise européen qui avait aidé à organiser la fermeture de l’usine, avait organisé une manifestation de solidarité pour sauver la face.
A présent, ce même schéma va être employé une fois de plus. Le syndicat britannique Unite a accepté des concessions drastiques à l’usine Vauxhall d'Ellesmere Port – trois au lieu de deux équipes travaillant 51 semaines par an ; un accord salarial de quatre ans qui prévoit un gel des salaires de deux ans, rendant ainsi les salaires moins chers pour GM ; le recours à des travailleurs employés en sous-traitance comptant pour près de 30 pour cent des effectifs.
En échange, Opel a promis de transférer la production de son modèle Astra, qui se vend le mieux, de sa principale usine de Rüsselsheim (Allemagne) pour la concentrer à Ellesmere Port et à Gliwice (Pologne). La principale victime de ce processus sera l’usine Opel de Bochum qui perdra probablement la construction du modèle Zafira au profit de Rüsselsheim. La fermeture de Bochum entraînerait le licenciement de 3.100 travailleurs Opel, plus 2.000 autres dans des filiales soeurs et 15.000 chez les fournisseurs.
Les travailleurs d'Ellesmere Port seraient, eux aussi, en train de commettre une grave erreur s'ils considèrent que leur emploi est sûr. Dans le cadre de l’alliance décidée entre Opel/Vauxhall et le groupe automobile français Peugeot Citroën, les deux entreprises planifient d’économiser à partir de 2017 un milliard de dollars supplémentaire par an. Ceci signifie que davantage de fermetures d’usines en Europe, y compris chez Peugeot Citroën, sont inévitables.
Il en sera de même pour les emplois des travailleurs de l’usine principale d’Opel à Rüsselsheim qui ne seront pas non plus garantis. Le syndicat leur donne constamment l’assurance que leur usine a une importance cruciale parce que le centre mondial de recherche et développement de GM s’y trouve. Mais l’entreprise projette de partager le service de développement au sein de son nouveau partenariat avec Peugeot Citroën.
La politique de GM consistant à diviser pour mieux régner, ne se limite pas à l’Europe. L’entreprise a divulgué des rumeurs concernant le transfert de la production de la gamme Chevrolet de la Corée du Sud vers l’Allemagne et de son modèle Corsa d’Eisenach (en Thuringe en Allemagne) à Zaragoza (Espagne). L’avenir de l’usine d’Eisenach serait totalement tributaire du succès d’un modèle de voiture plus petit devant être construit à partir de 2013.
L’hémorragie constante de l’emploi est soutenue par des slogans chauvins par lesquels les responsables syndicaux et les politiciens cherchent à monter les personnels des usines les uns contre les autres.
Le député travailliste d’Ellesmere Port, Andrew Miller, a fait l’éloge de deux responsables syndicaux qui ont négocié l’accord avec GM. « Tous deux ont trouvé un terrain d’entente pour les intérêts de GM et les intérêts de la collectivité locale, » a-t-il dit, puis a, aussitôt après, réclamé des mesures protectionnistes : « En tant que nation, nous devons réagir positivement à cette annonce, notamment en nous assurant que plus aucun organisme public ne suive l'exemple des autorités policières du Nord-Ouest, et n'achète de voitures ne contenant pas de produit du Royaume Uni. »
Pour ce qui est du secrétaire du comité d’entreprise de l’usine de Bochum, Rainer Einenkel, il a insulté les travailleurs britanniques lors d’une réunion des délégués syndicaux de l’usine en disant que la décision de MG signifiait que « Ceux qui fournissent une qualité minable ont le droit de construire les voitures. »
Le président du comité central d’entreprise de Rüsselsheim, le Dr Wolfgang Schäfer-Klug, a aussi affirmé qu’à « Rüsselsheim, l’usine la plus moderne d’Opel/Vauxhall, » la production d’un véhicule coûtait 219 euros de moins qu’à Ellesmere Port et ce pour une qualité supérieure.
Schäfer-Klug joue un double jeu. Il est à la fois le président du comité d’entreprise européen d’Opel et le vice-président de son conseil de surveillance. Dans ses fonctions, il est non seulement informé à un stade précoce des projets de GM mais il contribue aussi à leur élaboration.
A partir du 1er juin, Bob King, président du syndicat américain de l’Automobile (American United Auto Workers, UAW), l’assistera dans cette tâche. King occupera un siège au conseil de surveillance d’Opel. Parrainé par le syndicat allemand IG Metall, GM a fait pression en faveur de la nomination de King en raison du rôle clé que celui-ci avait joué en collaborant avec le gouvernement Obama pour imposer la suppression de 30.000 emplois aux Etats-Unis, réduire de moitié le salaire des travailleurs nouvellement recrutés et dégrader les conditions de travail.
Schäfer-Klug entretient aussi des relations étroites avec le président du conseil de surveillance d’Opel, Stephen J. Girsky. Dans un communiqué de presse commun publié en janvier, Girsky et Schäfer-Klug étaient d’accord « qu’Opel devait être profitable – même en période où les conditions économiques se détériorent. »
Girsky est une figure clé de la collusion entre la direction et les syndicats. Il a été analyste à la banque JPMorgan Stanley et a travaillé pour GM avant que l’UAW ne le recrute en tant que consultant. C'est en passant par le fonds de pension de milliards de dollars géré par l'UAW qu'il est revenu à la direction de GM.
Il est impossible de mettre fin à l’offensive contre les salaires, les emplois et les conditions de travail sans s’opposer aux comités d’entreprise et aux syndicats. La spirale infernale vers le bas va s'accélérer. Le niveau de référence pour les salaires est la Pologne. Les travailleurs d'Opel à Gliwice perçoivent un salaire brut d’à peine 770 euros par mois. Le prochain niveau de référence seront les salaires plus bas encore payés en Roumanie, en Bulgarie et en Chine.
Les comités d’entreprise et les délégués syndicaux sont déterminés à empêcher toute résistance contre les attaques de GM. « Une grève serait suicidaire. Nous ne voulons pas donner à Detroit une occasion rêvée, » a déclaré le secrétaire du comité d’entreprise, Rainer Einenkel. Schäfer-Klug a dit qu’il était contre un mouvement de grève chez Opel.
Pour défendre les emplois, les salaires et les droits sociaux, les travailleurs de chez Opel/Vauxhall ont besoin d'une stratégie internationale. Ils ne doivent permettre aucune division dans leurs rangs. Ils doivent rompre avec les syndicats et les comités d’entreprise en travaillant étroitement avec leurs collègues en Europe, aux Etats-Unis et internationalement.
Des comités d’usine et des comités d’action doivent être mis en place pour organiser des actions internationales conjointes impliquant des grèves et des occupations d’usines menacées de fermeture. Une telle action ne doit pas être limitée à GM et à Peugeot Citroën.
Les emplois et les conditions de vie ne peuvent être défendus que sur la base d’une perspective politique qui se concentre sur les besoins des salariés et de leurs familles plutôt que sur les intérêts de profit des entreprises. Ce qui est nécessaire c’est un programme socialiste.
Nous appelons tous les travailleurs de GM et de l’automobile, partout dans le monde, à prendre contact avec la rédaction du World Socialist Web Site. Nous vous aiderons à organiser une offensive mondiale contre les attaques dirigées contre vous.
(Article original paru le 31 mai 2012)