Le parti de pseudo-gauche brésilien PCO défend son appui à Erdoğan dans une attaque contre le WSWS

Un article du World Socialist Web Site faisant la lumière sur le soutien servile du Parti de la cause ouvrière (PCO) au gouvernement capitaliste réactionnaire de Recep Tayyip Erdoğan en Turquie a provoqué une réaction de colère de la part de cette organisation brésilienne de pseudo-gauche.

L’agence de presse d’État Anadolu Ajansı a publié un article élogieux sur le soutien du PCO à la réélection d’Erdoğan.

Incapable de contester l’article de principes publié par le WSWS, le PCO a rédigé une déclaration méprisable visant à calomnier le Groupe de l’égalité socialiste (GSI) au Brésil et le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), qu’il a accusé d’être un « groupe gringo pro-impérialiste ».

Cette attaque nationaliste petite-bourgeoise réactionnaire s’est prolongée par une diffamation personnelle de l’auteur de l’article du WSWS, Eduardo Parati, un dirigeant du GSI et du Mouvement international des jeunes et des étudiants pour l’égalité sociale (IYSSE) au Brésil. Le PCO a déclaré que Parati, « bien qu’il soit brésilien, démontre qu’il a la mentalité d’un Nord-Américain et, de ce fait, un manque total de compréhension de ce qu’est la politique dans un pays comme le Brésil et dans les pays arriérés en général ».

Les attaques du PCO sont dirigées contre la construction du mouvement trotskiste au Brésil. Elles visent à polluer l’environnement politique avec une hystérie chauvine qui identifie les socialistes internationalistes comme des « agents extérieurs » et légitime la persécution du GSI et de ses membres. Cette menace est d’autant plus sérieuse que le PCO est ouvertement orienté vers une unité d’action avec des organisations fascistes sur la base de leur programme nationaliste commun.

La réponse virulente du PCO souligne la justesse de la caractérisation par le WSWS de cette organisation comme une tendance nationaliste petite-bourgeoise catégoriquement hostile à la classe ouvrière et au socialisme.

Le CIQI défend l’indépendance politique de la classe ouvrière en Turquie et au Brésil

Le PCO accuse le WSWS de falsifier l’attitude du groupe à l’égard du gouvernement Erdoğan. Comme l’a expliqué Parati : « [C’est] dans le choix de leurs alliés internationaux que des organisations comme le PCO démontrent leur caractère réactionnaire. La récente victoire [électorale] de Recep Tayyip Erdoğan a été célébrée avec enthousiasme par le PCO, qui a tenté de le présenter comme un leader anti-impérialiste. » Citant cet extrait de l’article du WSWS, le PCO écrit :

Il s’agit d’une falsification. Tout comme l’affirmation, plus loin, que le PCO essayait de « détourner une véritable lutte contre l’impérialisme pour la canaliser dans les canaux réactionnaires du nationalisme ».

Le fait est que nous n’avons jamais considéré que le nationalisme serait une alternative à l’impérialisme. [...] La position du PCO est la position du marxisme : le nationalisme bourgeois est incapable de vaincre l’impérialisme. La seule classe sociale capable de le faire est la classe ouvrière mondiale.

Et plus loin :

Cette affirmation suppose de notre part une naïveté criminelle. Il est évident que personne ne croit que le président nouvellement élu de la Turquie, représentant de sa bourgeoisie, agit au nom d’un prétendu intérêt pour la défense des peuples victimes des guerres de l’impérialisme.

Comment le WSWS a-t-il falsifié les positions du PCO sur les élections en Turquie ? Il s’est contenté de citer les propres déclarations du PCO.

Le 28 mai, peu après l’annonce de la réélection d’Erdoğan, le PCO a déclaré sur son compte Twitter officiel :

Le PCO soutient les travailleurs turcs dans leur lutte contre l’impérialisme. Les Brésiliens se battent aussi. La victoire d’Erdogan est une défaite pour l’impérialisme. C’est donc une victoire pour tous les peuples du monde.

La diffusion de ce tweet a été célébrée dans un article publié le 31 mai sur le site Internet de Causa Operária, intitulé « Le PCO devient viral sur les médias sociaux en défendant une position anti-impérialiste ». L’article se réjouit que le tweet ait été vu par « plus de 290.000 personnes » et qu’il ait reçu des commentaires élogieux de la part des partisans d’Erdoğan en Turquie. Le tweet a également été couvert de manière élogieuse par Anadolu Ajansı, l’agence de presse gouvernementale turque.

Les lecteurs du PCO auraient beaucoup de mal à conclure de ces lignes que « le nationalisme bourgeois est incapable de vaincre l’impérialisme » et que « la seule classe sociale capable de le faire est la classe ouvrière mondiale », puisqu’elles prônent exactement le contraire.

Malgré sa régurgitation de phrases marxistes formelles, les objectifs réels de l’intervention du PCO sont sans équivoque : subordonner les classes ouvrières turques et brésiliennes aux classes dirigeantes de leurs pays respectifs, dissoudre les intérêts de classe spécifiques des travailleurs dans les « intérêts généraux de la nation » et amalgamer l’opposition de masse à l’impérialisme avec la défense de l’État national bourgeois.

Cette intervention a acquis un caractère particulièrement sinistre parce qu’elle a été frauduleusement présentée au public turc comme la position des « trotskistes brésiliens ». Ce fait a alarmé le Sosyalist Eşitlik Grubu (Groupe de l’égalité socialiste, SEG), la section turque du CIQI, qui a vu le trotskisme faussement identifié à un soutien à Erdoğan.

En tant que représentant légitime du mouvement trotskiste international, le SEG a été la seule organisation, lors des élections présidentielles en Turquie, à mener une campagne pour l’indépendance politique de la classe ouvrière.

Dans son manifeste sur les élections, le SEG rejette fermement « l’affirmation selon laquelle les masses de travailleurs et de jeunes doivent choisir entre les deux alliances bourgeoises de droite », expliquant : « La lutte contre la guerre impérialiste, la pandémie de COVID-19, le coût de la vie, les inégalités sociales et les formes autoritaires de gouvernement exige la mobilisation révolutionnaire internationale de la classe ouvrière contre le capitalisme sur la base d’un programme socialiste et la prise du pouvoir. »

L’article du WSWS dénonçant le PCO est un exemple de la pratique internationaliste et de l’orientation politique du mouvement trotskiste. La décision d’écrire cet article est le fruit d’une discussion entre les groupes de l’égalité socialiste au Brésil et en Turquie, lancée par un avertissement du SEG à ses camarades brésiliens.

Le 29 mai, un camarade du SEG nous a écrit : « Ce tweet a eu une certaine influence ici. Beaucoup de réponses sont arrivées de Turquie, disant en substance : “Les trotskistes brésiliens soutiennent Erdoğan”. Donc si de véritables trotskistes brésiliens dénoncent ces réactionnaires, je pense que ce serait important pour la Turquie, le Brésil et au niveau international. »

Cette forme de travail politique est absolument étrangère à une organisation nationaliste petite-bourgeoise comme le PCO. Leurs relations internationales se situent au niveau de la diplomatie d’État bourgeoise : une fois les élections bourgeoises terminées, le PCO salue les « travailleurs turcs » pour leurs résultats et, en retour, reçoit des « messages d’appréciation des partisans d’Erdoğan. »

Le PCO falsifie Trotsky et la révolution permanente

Piqué au vif par la mise à nue par le WSWS de son programme en faillite basé sur la subordination à la bourgeoisie nationale, le PCO cherche à se justifier par une falsification grotesque de Trotsky sur la lutte anti-impérialiste dans les pays opprimés.

Après avoir affirmé qu’il n’a jamais prétendu qu’Erdoğan « agit sur la base d’un intérêt supposé pour la défense des populations victimes des guerres de l’impérialisme », le PCO poursuit :

Cependant, il est clair que les intérêts économiques de la Turquie et d’autres pays en retard de développement l’amènent à s’opposer aux politiques des Américains et des Européens. En effet, la politique néolibérale de dévastation nationale promue par les banquiers et le marché financier dans leurs pays nuit aux intérêts de la bourgeoisie moyenne, qui a tendance à soutenir des candidats nationalistes comme Erdoğan et Poutine. Le fait que le groupe nord-américain ne comprenne pas cela démontre son manque total de compréhension de la situation politique dans les pays arriérés.

En d’autres termes, indépendamment de sa volonté, la bourgeoisie turque et celle d’autres pays semi-coloniaux sont contraintes d’affronter l’impérialisme et de garantir leurs intérêts nationaux. Selon le PCO, en contredisant ce principe de base, « l’auteur du WSWS, bien qu’il se prétende trotskiste, adopte une position totalement anti-trotskiste ». Pour justifier cette accusation, le PCO écrit :

Trotsky a toujours soutenu qu’en cas de conflit entre un gouvernement nationaliste, quelles que soient les caractéristiques de sa politique intérieure, et l’impérialisme, il fallait toujours se ranger du côté du gouvernement nationaliste.

Une citation célèbre à cet égard est la position défendue par Trotsky en cas de conflit entre le gouvernement brésilien (à l’époque, sous la dictature fasciste de [Getulio] Vargas) et le gouvernement britannique « démocratique » : « Au Brésil règne aujourd’hui un régime semi-fasciste que tout révolutionnaire ne peut que considérer avec haine. Supposons cependant que l’Angleterre entre demain en conflit militaire avec le Brésil. Je vous demande de quel côté se trouvera la classe ouvrière dans ce conflit. Je répondrai en mon nom personnel – dans ce cas, je serai du côté du Brésil « fasciste » contre la Grande-Bretagne « démocratique ». Pourquoi ? Parce que dans le conflit qui les opposera, il ne s’agira pas d’une question de démocratie ou de fascisme. Si l’Angleterre est victorieuse, elle placera un autre fasciste à Rio de Janeiro et imposera des chaînes doubles au Brésil. Si, au contraire, le Brésil est victorieux, cela donnera une puissante impulsion à la conscience nationale et démocratique du pays et conduira au renversement de la dictature de Vargas.

Cette section est emblématique du charlatanisme politique du PCO. De manière totalement artificielle, elle associe la citation de Trotsky, affirmant la nécessité de défendre un pays opprimé contre un pays impérialiste en temps de guerre, quelle que soit la nature de leurs régimes respectifs, à sa propre maxime nationaliste petite-bourgeoise : « il faut toujours se ranger du côté du gouvernement nationaliste », y compris lors d’élections bourgeoises.

Cherchant à effacer la défense intransigeante de Trotsky de l’indépendance politique complète du prolétariat, le PCO isole l’extrait de son interview de tout contexte historique et politique. Le scénario hypothétique d’un conflit entre le Brésil et l’Angleterre a été évoqué par le dirigeant de la IVe Internationale alors qu’il s’efforçait précisément de démêler la confusion créée par la politique stalinienne du Front populaire, qui subordonnait la classe ouvrière internationale aux alliés impérialistes « démocratiques » de Moscou.

Cependant, les arguments de Trotsky pour soutenir le Brésil semi-colonial dans une guerre contre la Grande-Bretagne impérialiste n’impliquaient aucun soutien politique au gouvernement semi-fasciste brésilien, comme le PCO cherche frauduleusement à le présenter. Au contraire, une telle politique ne pouvait être développée qu’en accord avec le Programme de transition, qui définit l’attitude de la Quatrième Internationale face à une guerre entre un pays impérialiste et un pays colonial ou l’URSS de la manière suivante :

Tout en soutenant un pays colonial ou l’URSS dans la guerre, le prolétariat ne se solidarise pas dans la moindre mesure avec le gouvernement bourgeois du pays colonial ni avec la bureaucratie thermidorienne de l’URSS. Au contraire, il maintient sa complète indépendance politique aussi bien envers l’un qu’envers l’autre. En aidant une guerre juste et progressiste, le prolétariat révolutionnaire conquiert les sympathies des travailleurs des colonies et de l’URSS, y affermit ainsi l’autorité et l’influence de la IVe Internationale, et peut aider d’autant mieux au renversement du gouvernement bourgeois dans le pays colonial, de la bureaucratie réactionnaire en URSS. [c’est nous qui soulignons]

En outre, la conception selon laquelle la lutte contre l’impérialisme conduit la classe ouvrière et son parti à se ranger « du côté du gouvernement nationaliste » est, en réalité, totalement opposée à la théorie de la révolution permanente et à ses implications programmatiques.

Alors qu’il luttait contre l’imposition catastrophique par Staline de la théorie de la révolution en deux étapes en Chine, qui subordonnait le Parti communiste chinois au parti Kuomintang de la bourgeoisie nationale, Trotsky écrivait en 1927 :

C’est une erreur grossière de penser que l’impérialisme unit mécaniquement toutes les classes en Chine depuis l’extérieur [...] La lutte révolutionnaire contre l’impérialisme n’affaiblit pas, mais renforce la différenciation politique des classes. L’impérialisme est une force extrêmement puissante dans les relations internes de la Chine. La source principale de cette force n’est pas les navires de guerre dans les eaux du Yangtze Kiang – ils ne sont qu’auxiliaires – mais le lien économique et politique entre le capital étranger et la bourgeoisie indigène [...] La bourgeoisie chinoise aura toujours un appui solide dans l’impérialisme, qui la soutiendra toujours avec de l’argent, des marchandises et des munitions contre les ouvriers et les paysans.

Le PCO reproduit toute l’essence réactionnaire du programme stalinien qui a conduit à la brutale répression de la classe ouvrière révolutionnaire chinoise. Cependant, il le fait dans des conditions historiques objectives qui le rendent encore plus destructeur et politiquement criminel.

Alors que la promotion du Kuomintang par Staline était largement basée sur l’argument (déjà réfuté par la révolution russe) selon lequel, étant donné la population essentiellement rurale et paysanne de la Chine, la classe ouvrière n’était pas encore suffisamment mûre pour lutter pour le pouvoir politique, le PCO cherche à imposer ce même programme réactionnaire au Brésil et à la Turquie d’aujourd’hui. En d’autres termes, dans des pays qui comptent les plus grandes concentrations urbaines d’Amérique du Sud, d’Europe et d’Asie occidentale, dont les classes ouvrières massives exploitent des secteurs clés de l’industrie mondiale et où les bourgeoisies nationales ont une longue histoire de collaboration contre-révolutionnaire avec l’impérialisme.

L’article du WSWS attaqué par le PCO mettait particulièrement l’accent sur la collaboration du régime d’Erdoğan avec les guerres impérialistes de l’OTAN au cours des dernières décennies. Parati explique qu’Erdoğan reste « pleinement capable de promouvoir les intérêts impérialistes » dans le cadre de l’escalade de la guerre entre les États-Unis et l’OTAN contre la Russie.

Répondant aux arguments de Parati, le PCO a écrit :

Dans le cas d’Erdoğan, ce qu’il accuse de démontrer qu’il s’agit d’un gouvernement impérialiste serait la déclaration en faveur de l’adhésion de la Suède et de l’Ukraine à l’OTAN. Mais l’auteur ignore le fait qu’Erdoğan essaie simplement de négocier avec l’impérialisme, en utilisant cela comme monnaie d’échange pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Pour en revenir à Vargas, quel était le sens de l’envoi de troupes pendant la Seconde Guerre mondiale si ce n’est une politique de négociation avec l’impérialisme ? Vargas n’a pas cessé d’être un gouvernement nationaliste pour autant.

Le WSWS n’a jamais qualifié la Turquie de « gouvernement impérialiste ». Cependant, l’objectif réel de l’attaque du PCO est la conception marxiste, basée sur la théorie de la révolution permanente, selon laquelle les bourgeoisies turque et brésilienne sont essentiellement des instruments de l’impérialisme. Trotsky n’a laissé aucun doute sur le fait que c’était là le caractère du « gouvernement nationaliste » de Getúlio Vargas. Lors d’une discussion avec des membres de la Quatrième Internationale, toujours en 1938, il expliqua : « Si la bourgeoisie nationale est obligée d’abandonner la lutte contre les capitalistes étrangers et de travailler sous la tutelle directe des capitalistes étrangers, alors nous avons un régime semi-fasciste, comme au Brésil par exemple. »

Après avoir commencé par justifier sa défense du gouvernement Erdoğan sur la base de son prétendu conflit avec l’impérialisme, le PCO finit par déclarer son soutien au nationalisme bourgeois quelles que soient les conditions. La collaboration du régime turc aux guerres impérialistes de l’OTAN et son « marchandage » pour soumettre le pays au joug impérialiste de l’Union européenne sont soutenus sans vergogne par le PCO, car Erdoğan « ne cesse pas d’être un gouvernement nationaliste pour autant » !

Dans l’impasse du nationalisme, la pseudo-gauche adopte le fascisme

Le WSWS a précisément identifié les implications politiques mondiales de la promotion par le PCO du régime d’Erdoğan et d’autres régimes nationalistes bourgeois. Parati a écrit :

Selon ce point de vue, le processus en cours derrière la guerre actuelle, qui a commencé en Ukraine contre la Russie et se dirige vers la Chine, n’est pas une redivision du monde entre les puissances impérialistes. Des groupes comme le PCO supposent que ce conflit ouvre la voie aux soi-disant « économies montantes » pour qu’elles brisent enfin les liens de l’impérialisme et surmontent leur statut de nations opprimées.

Après avoir célébré l’invasion russe de l’Ukraine par un article intitulé « À Vladimir Poutine ! », dans lequel il déclarait que « voir quelqu’un s’opposer à nos ennemis est toujours encourageant. Mais Poutine est allé beaucoup plus loin », le PCO a été exaspéré par l’exposé acerbe de Parati.

Il a répondu par une tentative désespérée de disqualifier les arguments du WSWS en les retournant dans tous les sens. Ils ont prétendu qu’en qualifiant la guerre en cours d’« impérialiste » et son objectif de « redivision du monde », Parati « démontre que son analyse est que la Chine et la Russie sont des “puissances impérialistes” ». Ce n’est rien d’autre que jouer avec les mots, la méthode politique des petits-bourgeois malhonnêtes et démoralisés.

La section déformée par le PCO fait clairement référence aux puissances impérialistes de l’OTAN et à la guerre qu’elles mènent contre la Russie et qu’elles préparent contre la Chine. Bien qu’elles mènent aujourd’hui une offensive commune sous la direction de Washington, les puissances impérialistes rivales réunies au sein de l’OTAN s’obstinent à chercher à s’assurer une plus grande part du butin de guerre et à reconstruire leur puissance militaire et leur influence mondiale. La résurgence de conflits inter-impérialistes ouverts, comme lors des deux précédentes guerres mondiales, est un résultat inévitable et se développe déjà.

L’attribution par le PCO de la théorie de « l’impérialisme russe et chinois » au WSWS est un mensonge qui est en contradiction avec le solide bilan politique du Comité international de la Quatrième Internationale. Une partie importante des plus de 1000 articles publiés par le WSWS sur la guerre en Ukraine a été consacrée à démystifier les justifications de la pseudo-gauche pour les objectifs impérialistes des États-Unis et de l’OTAN, en particulier la théorie anti-marxiste de « l’impérialisme russe ».

En présentant la théorie de « l’impérialisme russe et chinois » comme un homme de paille politique, le PCO se soustrait commodément à la tâche de répondre à la caractérisation par l’article de Parati de son propre point de vue sur la guerre des États-Unis et de l’OTAN. Ils évitent les critiques par des déclarations rhétoriques sur le fait qu’ils ont déjà clarifié leurs désaccords avec « les analystes qui prétendent que nous sommes confrontés à l’émergence d’un monde “multipolaire” ». Cependant, cette supposée vision alternative à la théorie du « monde multipolaire » n’est jamais présentée sous une forme cohérente.

La variante du « multipolarisme » du PCO est apparue très clairement dans la bouche du dirigeant national de longue date du PCO, Rui Costa Pimenta, lors d’une discussion sur « La guerre en Ukraine et le Brésil » organisée par le pro-PT Brasil 247 en mars 2022. Pimenta a expliqué le conflit international dans le cadre d’un « effondrement de la mondialisation », en soulignant ses conséquences politiques :

Ce qui pourrait arriver, d’un point de vue immédiat, c’est que plusieurs économies finissent par se replier sur elles-mêmes, par se détourner de la politique d’internationalisation. Le Brésil, par exemple, a terriblement souffert de cette politique de mondialisation. Ils pourraient adopter une politique protectionniste comme mesure défensive et cela accélérerait certainement la remontée politique de la classe ouvrière mondiale.

Cette tendance est présente partout. Aux États-Unis, par exemple, Trump est une manifestation de cette tendance. [...] L’extrême droite mondiale – cette extrême droite de type Trump, pas les milices que nous avons vues en Ukraine – l’un de leurs principaux points de discussion est contre le mondialisme. Nous en avons discuté avec des gens de droite, et ils ont tendance à identifier le mondialisme lorsque nous parlons d’impérialisme. Dans un sens, il y a une relation, même si ce n’est pas exactement la même chose.

La perspective exposée par le dirigeant du PCO est à l’opposé absolu du marxisme. La contradiction fondamentale du système capitaliste, entre le caractère intégré atteint par l’économie mondiale et les barrières paralysantes imposées par les États nationaux, ne doit pas être résolue par la classe ouvrière menant à bien la révolution socialiste internationale. Pour Pimenta, seule une régression historique majeure, qui passe par la rétraction des économies mondiales et les politiques réactionnaires des élites capitalistes nationales contre l’« internationalisation », peut provoquer la « remontée politique de la classe ouvrière mondiale ».

L’aspect le plus sinistre de cette orientation ultra-réactionnaire s’exprime dans la banalité avec laquelle le chef du PCO assume la confluence de ses objectifs avec ceux de l’extrême droite.

L’identification faite par Pimenta entre le prétendu « anti-impérialisme » défendu par son parti et l’« anti-mondialisme » fasciste est un point fondamental. Dans notre précédent article, nous accusions le PCO de chercher à détourner l’opposition à l’impérialisme dans les voies réactionnaires du nationalisme. Un ajout est nécessaire : ils cherchent à la détourner, plus précisément, dans les bras du fascisme.

Au cours de la dernière période, le PCO a établi une alliance sordide avec la Nouvelle Résistance (NR), des disciples brésiliens de l’idéologue fasciste russe Alexandre Douguine. Dans un langage fasciste classique, la NR déclare que son « objectif est d’ériger un Nouveau Monde et une Nouvelle Patrie, par le biais d’un Nouvel Ordre, construit par un Nouvel Homme » et de « forger un projet politiquement solide et cohérent avec ce que le Brésil est dans son essence : un Empire ».

Tout en promouvant le « multipolarisme » et l’« antimondialisme », la Nouvelle Résistance dirige ses attaques contre la « gauche mondialiste » et ce qu’elle identifie comme la « populace anarcho-trotskiste ». Comme le PCO, elle vénère Getúlio Vargas, qu’elle appelle le « César brésilien ». Ils louent en particulier le fait que Vargas « a gouverné avec les Intégralistes [les chemises brunes brésiliennes] », « a collaboré avec l’Allemagne nazie, a soutenu le gang nationaliste dans la guerre civile espagnole, a correctement déporté la criminelle Olga Benário [membre du parti communiste germano-brésilien qui a été gazée dans un camp de concentration nazi] ».

Dans une vidéo largement diffusée par le PCO, Pimenta a fait la promotion de la collaboration criminelle de son parti avec cette organisation fasciste : « Contrairement à la gauche qui veut déjà les étiqueter [les NR] comme des fascistes ou quelque chose comme ça, nous les considérons comme un groupe qui essaie de définir une position politique. » C’est du pur cynisme. La NR a une idéologie bien définie, et c’est précisément ce qui attire le PCO. « Dans la mesure où ils ont une position nationaliste, poursuit Pimenta, je pense que nous pouvons avoir une activité commune. »

La défense programmatique du PCO d’une alliance politique avec le fascisme l’a conduit à réagir avec rage à la mise à nue par le CIQI de la manifestation réactionnaire Rage Against the War Machine qui s’est tenue à Washington DC en février. Organisée par des groupes de pseudo-gauche et des libertaires démoralisés, en collaboration avec des fascistes ouverts, cette manifestation visait à promouvoir l’idée politiquement criminelle selon laquelle l’aile fasciste de la classe dirigeante américaine liée à Donald Trump est contre la guerre.

Dans un article attaquant l’opposition de principe du Parti de l’égalité socialiste américain à ce mouvement profondément réactionnaire, le PCO a déclaré qu’un mouvement anti-guerre aux États-Unis devait naturellement inclure des partisans de Trump, dès lors que « Trump est un obstacle à la politique de l’impérialisme ». Cette position fallacieuse repose sur un rejet complet du caractère révolutionnaire de la classe ouvrière américaine, dont les intérêts sont objectivement unis à ceux des travailleurs des pays arriérés, et dont le rôle est décisif dans la lutte pour renverser l’impérialisme et le capitalisme mondial.

Derrière les attaques réactionnaires contre le Groupe de l’égalité socialiste brésilien, qualifié de « groupe gringo » à la « mentalité américaine », se cache la profonde hostilité du PCO à l’égard de l’affirmation de l’indépendance politique et de l’unité révolutionnaire de la classe ouvrière aux États-Unis, au Brésil et dans le monde entier, représentée par le Comité international de la Quatrième Internationale. Cette réaction enragée à l’internationalisme socialiste est, à son tour, la manifestation la plus concrète de l’alliance chauvine du PCO avec les fascistes de la Nouvelle Résistance.

L’adhésion du PCO au fascisme est le résultat déplorable d’une longue trajectoire politique marquée par l’opportunisme national. Le PCO trouve ses origines dans les opérations politiques opportunistes du renégat pabliste Pierre Lambert en Amérique latine après sa rupture avec le CIQI et le trotskisme.

Cause ouvrière (CO) est née d’une scission sans principes avec l’Organisation socialiste internationaliste brésilienne (OSI) liée à Lambert en 1979. Au cours des décennies suivantes, elle est restée strictement subordonnée au Parti des travailleurs (PT) et à la bureaucratie syndicale de la Central Única dos Trabalhadores (CUT), tout comme ses anciens partenaires de l’OSI. Même après avoir été expulsée du PT et avoir fondé le PCO en 1995, elle est restée inflexiblement orientée vers le PT, la CUT et l’État brésilien.

Les conditions politiques qui ont donné lieu à l’activité nationale opportuniste du PCO et d’autres organisations pablistes s’effondrent maintenant sous l’impact de la crise capitaliste et de l’avancée de la guerre mondiale. Le coup d’État fasciste fomenté par l’ancien président Jair Bolsonaro et l’armée, ainsi que le brusque virage à droite du Parti des travailleurs, sont des démonstrations de l’incapacité de l’État bourgeois à dissimuler son essence en tant qu’instrument de la contre-révolution sociale.

La pseudo-gauche, avec ses programmes nationalistes, se trouve dans une impasse. Son développement politique ne peut que donner naissance à des monstres tels que l’alliance avec le fascisme prônée par le PCO. Mais le même changement historique qui conduit à la dégénérescence politique du pablisme et de toute la pseudo-gauche produit les conditions pour construire des partis trotskistes affiliés au CIQI en tant que direction politique de la classe ouvrière au Brésil et à l’échelle internationale.

(Article paru en anglais le 4 décembre 2023)

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