Black Lives Matter : bagarre sordide entre diverses factions au sujet de l'argent

Le 1erseptembre, 26 sections de Black Lives Matter Grassroots ont intenté une action en justice devant la Cour supérieure du comté de Los Angeles, accusant le haut dirigeant de la Black Lives Matter Global Network Foundation (BLMGNF) d'avoir illégalement «siphonné» 10 millions de dollars en dons.

En plus des dénonciations d’une grande partie de la direction du BLMGNF, les poursuites accusent Shalomyah Bowers, le chef du BLMGNF, et son Cabinet de conseil Bowers d'avoir détourné des millions de dollars des caisses de BLM, en utilisant l'organisation comme sa propre « tirelire personnelle ».

Le lendemain du dépôt de l’action en justice, Melina Abdullah, co-fondatrice de la section BLM de Los Angeles et co-directrice de BLM Grassroots, a tenu une conférence de presse annonçant le procès, au cours de laquelle elle a affirmé que Bowers se payait plus de 2 millions de dollars par an.

À la suite de la conférence de presse d'Abdullah, le conseil d'administration de la BLMGNF a publié une déclaration officielle niant les allégations contre Bowers et d'autres dirigeants et qualifiant le procès de « nouveau cycle de lutte pour le ‘contrôle’ » de BLM. Il a qualifié les allégations de « diffamatoires et infondées ».

Le conseil d'administration a présenté des contre-accusations contre Abdullah et d'autres dirigeants de BLM Grassroots, alléguant qu'ils prenaient 10 000 dollars par mois en rémunération personnelle, se retiraient dans des lieux secrets en Jamaïque et retenaient les salaires des représentants de BLM forcés de prendre un congé parce qu'eux ou un membre de la famille avait contracté la COVID-19.

La déclaration de la BLMGNF comprend des extraits d'une lettre de janvier 2022 des dirigeants de BLM Grassroots détaillant « d'innombrables allégations de malversations financières de la part de Melina Abdullah, des prises de décision peu scrupuleuses, et une façon de diriger animée par la rétribution et l'intimidation ».

La controverse autour du procès n'est que la dernière d'une longue série de scandales impliquant les finances de BLM. Sur fond des protestations populaires contre le meurtre brutal de George Floyd par la police de Minneapolis en 2020, les médias bourgeois et le Parti démocrate ont promu Black Lives Matter et ses dirigeants comme la voix officielle des millions de personnes de toutes races et ethnies qui manifestaient contre la brutalité policière. Cette promotion s'est accompagnée d'approbations officielles et d'importants dons d’argent des grandes entreprises américaines à BLM.

Les familles des victimes de brutalités policières et de nombreux militants locaux ont cependant rapidement remis en cause l’opacité financière de BLM :

  • Trois mois après que 10 sections locales de BLM eurent publié une déclaration, en novembre 2020, exigeant une plus grande transparence financière de la part des administrateurs de la BLMGNF, l'organisation a rendu public pour la première fois des informations sur ses finances. Elle a rapporté que BLMGNF avait recueilli plus de 90 millions de dollars en 2020, engagé 8,4 millions de dollars en dépenses de fonctionnement, distribué 21,7 millions de dollars en subventions à plus de 30 organisations et conservé quelque 60 millions de dollars.
  • En mars 2021, Lisa Simpson, la mère de Richard Risher, 18 ans, tué par la police de Los Angeles en 2016, et Samaria Rice, la mère de Tamir Rice, 12 ans, tué par la police de Cleveland en 2014, ont publié une déclaration exigeant que la BLMGNF cesse d'exploiter la mort de leurs enfants pour gagner de l'argent.
    Elles ont écrit: «Nous ne voulons pas ou n'avons pas besoin que vous défiliez dans les rues en accumulant des dons, des plate-formes, des offres de films, etc. suite à la mort de nos proches, tandis que les familles et les communautés sont laissées sans savoir où donner de la tête, et brisées. Ne prononcez pas les noms de nos proches, point final ! C'est notre vérité ! »
  • En avril 2021, le New York Post a révélé que la co-fondatrice et directrice nominale de Black Lives Matter, Patrisse Cullors, et sa femme avaient acheté quatre propriétés d'une valeur d'environ 3 millions de dollars entre 2016 et 2021. Moins de deux mois après que la nouvelle soit rendue publique, Cullors a démissionné en tant que directrice exécutive de la BLMGNF, affirmant qu'elle voulait se concentrer sur d'autres projets, notamment des livres et un contrat de production avec Warner Bros.
  • En avril 2022, un reportage duNew York Magazine a révélé que BLMGNF avait acheté une maison de luxe de 6 millions de dollars dans le sud de la Californie grâce à des dons. Selon ce reportage, BLMGNF a acheté la propriété de 6 500 pieds carrés [604 m²] avec sept chambres et salles de bains, une scène sonore et un studio de musique, une piscine et un parking pour près de 20 voitures, en octobre 2020 pour servir de « refuge » et de siège à la direction de BLM et pour créer du contenu sur les réseaux sociaux. En juin 2021, Patrisse Cullors, Alicia Garza et Melina Abdullah ont enregistré une vidéo à l'extérieur de ce manoir pour marquer le premier anniversaire du meurtre de George Floyd.
  • En mai 2022, l' Associated Press apublié des documents fiscaux montrant que BLMGNF avait versé des millions à des entités contrôlées par des parents et des associés proches de la directrice exécutive de l'époque, Cullors. BLM a versé 25.997.945 dollars en subventions, dont 2.167.890 à la Bowers Consulting Firm, propriété de Shalomyah Bowers.
  • Melina Abdullah, professeure d'études panafricaines à la California State University de Los Angeles et co-fondatrice de Black Lives Matter LA, a été présentée dans une campagne de marketing Levi's Jeans « Beauty of Becoming », malgré l’information que le sous-traitant de Levi s’était démené pour bloquer le passage d’un projet de loi sur un salaire minimum en Haïti.

À chaque révélation, le caractère frauduleux de Black Lives Matter est devenu de plus en plus évident. L'organisation a perdu sa crédibilité auprès de millions d'Américains qui avaient auparavant soutenu BLM, convaincus que ceux qui le dirigeaient étaient sincères quant à la lutte contre la violence policière. Les couches parasites de la direction sont entrées en crise, incitant Cullors à démissionner de son poste de directrice exécutive en juin 2021. Depuis lors, pratiquement tous les reportages sur Black Lives Matter ont concerné un scandale.

Selon le procès intenté par Black Lives Matter Grassroots, Bowers a été initialement embauché par Cullors pour aider à diriger BLMGNF en 2020. Melina Abdullah affirme que lorsque Cullors a décidé de démissionner en tant que cheffe exécutive de BLMGNF, elle a laissé Bowers avec un plan de transition pour passer la relève du contrôle de BLMGNF à la direction du BLM Grassroots.

Selon le dossier, Cullors a nommé deux membres de BLM, Monifa Bandele et Makani Themba, en tant que co-directrices pour superviser la transition, tandis que Bowers est resté dans son rôle administratif. Mais Bowers n'aurait pas suivi le plan de transition de Cullors et BLM Grassroots s'est vu refuser l'accès aux comptes de réseaux sociaux de BLMGNF.

« C'est l’affaire d'un administrateur voyou, un intermédiaire, devenu usurpateur, qui a été embauché pour collecter des dons et rendre compte des dépenses du mouvement Black Lives Matter », indique l’action en justice.

Tout en affirmant que Bowers considère BLMGNF comme sa «tirelire» personnelle, les poursuites allèguent en outre que ses activités ont été le catalyseur de la série d'enquêtes de fraude lancées par les autorités étatiques et fédérales sur les finances de BLMGNF. Selon BLM Grassroots, elles ont préparé «une suite de préjudices irréparables à BLM en moins de dix-huit mois ».

Dans le cadre des contre-accusations visant Abdullah et BLM Grassroots, BLMGNF a cité des lettres que BLM Grassroots aurait envoyées en janvier au sujet de préoccupations concernant la gestion d'Abdullah.

Une plainte alléguant la mauvaise gestion par Abdullah d'un budget de 7 millions de dollars se lit comme suit :

« Je vous écris aujourd'hui car j’ai de sérieuses inquiétudes concernant la gestion et les opérations de Black Lives Matter Grassroots [...] Je suis d'avis que l'équipe de Black Lives Matter Grassroots, dont je fais partie, est actuellement mal équipée pour diriger et gérer une organisation de nombreux millions de dollars.

Dans un article traitant des multiples scandales financiers de BLM, le World Socialist Web Site a expliqué le véritable caractère de l'organisation :

Les faits qui émergent démontrent que Black Lives Matter est en grande partie une création des grands médias et du Parti démocrate, et non l’expression authentique d’une opposition populaire à la brutalité et aux inégalités sociales omniprésentes dans la société américaine. Les révélations sont une illustration des couches sociales vénales et privilégiées dont les intérêts s’expriment par l’élévation de la race, au lieu de la classe, comme ligne de division essentielle de la société.

En plus de révéler le caractère vénal et égoïste de la direction de BLM, ces dernières allégations mettent à nu le caractère réactionnaire de la politique raciale et les intérêts sociaux droitiers qu'elle dessert. Malgré tous leurs discours sur la «lutte pour la libération des Noirs», les couches derrière BLM n'ont rien en commun avec les masses de travailleurs et de jeunes de toutes ethnicités qui entrent en lutte contre le capitalisme – et leurs sont hostiles.

(Article paru en anglais le 15 septembre 2022)

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